La Pologne a envoyé une lettre à la Commission européenne pour demander son soutien à meilleure intégration numérique de l’Ukraine, notamment dans le secteur des télécommunications. D’autres pays devraient se joindre à cet appel.
Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier, plus de six millions d’Ukrainiens auraient fui vers les pays voisins, et près de trois millions se trouveraient en Pologne. Cette situation a entraîné un certain nombre de problèmes, mais l’un d’entre eux, qui a été quelque peu oublié, est celui des communications.
La lettre, signée par Janusz Cieszyński, plénipotentiaire du gouvernement polonais pour la cybersécurité, a été envoyée au commissaire européen au marché Intérieur, Thierry Breton, mardi 10 mai.
« À mesure que la guerre progresse, la crise des réfugiés risque de se poursuivre, des millions de citoyens ukrainiens se rendant dans de nombreux États membres de l’UE, voire dans tous. Il deviendra beaucoup plus difficile pour les réfugiés de rester connectés en raison des coûts d’itinérance élevés auxquels ils devront faire face », peut-on lire dans la lettre.
Alors que les opérateurs télécoms ont distribué des cartes SIM polonaises aux Ukrainiens qui arrivent, la lettre indique que la plupart d’entre eux connectent leurs propres cartes SIM aux réseaux télécoms européens afin de rester en contact avec leurs proches.
Les coûts élevés de l’itinérance pourraient compliquer la possibilité de rester connecté pour les réfugiés arrivant également dans d’autres États membres de l’UE. Par conséquent, les opérateurs européens doivent conclure un accord avec leurs homologues ukrainiens pour réduire les coûts d’itinérance, indique la lettre.
Si M. Cieszyński se dit satisfait de la signature de la déclaration conjointe des opérateurs européens et ukrainiens sur la connectivité en faveur des réfugiés ukrainiens, il appelle à une « coordination et un suivi appropriés ».
Pour cela, l’exécutif européen devrait rester engagé auprès des opérateurs et « plaider activement pour la conclusion d’accords volontaires et non contraignants entre eux et faire rapport en temps utile ».
Ces accords pourraient impliquer non seulement des opérateurs de toute l’UE, mais aussi des pays partageant les mêmes idées, comme les États-Unis ou le Canada, vers lesquels les Ukrainiens migrent également. « L’uniformité de l’assistance aux réfugiés » devrait être l’objectif, indique la lettre.
La Pologne étant l’un des pays qui accueillent le plus de réfugiés ukrainiens, les opérateurs ont déjà mis en place plusieurs mesures. La Pologne pourrait partager ses pratiques de bon fonctionnement afin de trouver des lignes directrices paneuropéennes, suggère M. Cieszyński.
Parallèlement à la soumission par l’Ukraine de ses documents d’adhésion à l’UE, la lettre invite la Commission européenne à rapprocher les marchés européens et ukrainiens en termes de services de télécommunications. Cela permettrait de réduire les disparités entre les États membres et l’Ukraine et d’accélérer la construction d’un marché numérique commun.
La Commission européenne n’a pas encore donné de réponse.
Au moment de la publication de cet article, aucun autre État membre du bloc n’a officiellement déclaré son soutien, mais la lettre pourrait susciter des discussions avec le Conseil de l’UE.
Varsovie espère qu’une discussion sur le sujet aura lieu lors de la prochaine réunion du Conseil « Transports, télécommunications et énergie » qui aura lieu le 3 juin à Luxembourg.
« La Pologne veut attirer l’attention de l’UE sur l’Ukraine et les Ukrainiens en Pologne en mettant l’accent sur le numérique », a déclaré un porte-parole du gouvernement polonais à EURACTIV.
Une autre question majeure sera la reconstruction de l’infrastructure Internet et télécom de l’Ukraine, qui a été détruite durant la guerre. La lettre appelle à un « soutien coordonné » respectif.