Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck (Verts), s’est joint lundi 23 septembre aux appels du gouvernement italien en faveur d’une révision plus rapide des normes européennes en matière de CO2 applicables aux voitures.
Après s’être entretenu avec les constructeurs automobiles et les représentants des syndicats, le ministre allemand de l’Économie Robert Habeck, a annoncé qu’il soutiendrait l’avancement de la révision des normes européennes de CO2 pour les voitures et les camionnettes, normalement prévue pour 2026.
« Le but de la réunion était de plaider en faveur d’une révision dès 2025. Je suis heureux de soutenir cette demande », a indiqué le ministre allemand lors d’une conférence de presse.
Une révision au plus tôt permettrait de modifier l’échéance actuelle de 2025 fixée par les constructeurs automobiles pour réduire de 15 % les émissions moyennes de leurs voitures nouvellement vendues. L’industrie craint en effet que cette obligation n’entraîne des amendes de plusieurs milliards d’euros dès l’année prochaine.
« Il est logique de s’attaquer à ce problème maintenant, c’est-à-dire un peu plus tôt, afin que les changements qui sont susceptibles d’être structurels sur le marché puissent être pris en compte dans les objectifs qui ont été fixés en 2019 », a expliqué Robert Habeck, se référant aux obligations de 2025.
Ce dernier a évoqué le ralentissement de l’économie chinoise — qui a un impact sur un marché de vente important pour les constructeurs automobiles allemands —, la faiblesse des ventes de voitures européennes et la nouvelle concurrence, « en particulier dans le domaine de la mobilité électrique », faisant probablement référence aux constructeurs automobiles chinois.
Le ministre allemand a toutefois refusé de faire des propositions sur la modification de l’objectif de 2025.
« Je n’ai pas dit […] que j’étais favorable à ce que nous abaissions automatiquement les objectifs en conséquence », a-t-il souligné, faisant allusion à certaines prévisions qui suggèrent que les objectifs de 2025 peuvent être atteints par les constructeurs automobiles.
Robert Habeck a clairement défendu l’interdiction de facto de l’UE des nouvelles voitures à essence et diesel à partir de 2035, adoptée l’année dernière, affirmant qu’elle était essentielle pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. « Si vous remettez cela en question, vous remettez en question [la neutralité climatique d’ici] 2050. Je ne veux pas de cela. Absolument pas », a déclaré le vice-chancelier écologiste.
L’industrie automobile a salué cet échange avec Robert Habeck, mais a appelé à une action urgente.
« La compétitivité et l’attractivité en tant que site économique doivent maintenant devenir une priorité politique majeure à Berlin et à Bruxelles », a indiqué un porte-parole de l’association industrielle VDA dans un communiqué après la réunion de lundi avec le vice-chancelier.
L’Italie et l’industrie en faveur d’une révision
Au début du mois de septembre, la Première ministre italienne Giorgia Meloni et le ministre des Entreprises Adolfo Urso (tous deux du parti Fratelli d’Italia du groupe d’extrême droite des Conservateurs et Réformistes européens) ont également proposé d’avancer la révision de la loi au premier semestre 2025. Mais, contrairement à Robert Habeck, Giorgia Meloni a sévèrement critiqué l’objectif de 2035.
Adolfo Urso a annoncé que le gouvernement italien a l’intention de présenter sa proposition lors d’une conférence organisée par la présidence hongroise du Conseil de l’UE à Bruxelles, mercredi 25 septembre.
Selon des sources du ministère des Entreprises, le ministre italien a déjà eu des entretiens bilatéraux avec l’Espagne, l’Autriche et la République tchèque, des pays avec une forte industrie automobile, qu’il espère donc rallier à sa cause.
L’association industrielle ACEA a également appelé à une révision plus rapide de la loi, citant un « changement profond » dans la situation géopolitique. La semaine dernière, la Commission européenne a défendu les objectifs pour 2025, notant que les constructeurs automobiles ont eu le temps nécessaire pour s’y préparer depuis 2019.
Les objectifs pour 2025, 2030 et 2035 font tous partie de la même loi. Autrement dit, si la Commission devait proposer des changements limités à l’un des objectifs, le Parlement européen et le Conseil de l’UE, seraient libres de proposer des changements plus importants à l’un ou l’autre des objectifs s’ils le jugent nécessaire.
La CDU fait pression sur Ursula von der Leyen
Plus tôt dans la journée de lundi, Friedrich Merz, leader de l’opposition allemande (du parti conservateur Union chrétienne-démocrate/CDU, du Parti populaire européen), a fait savoir qu’il était favorable à l’abandon de l’interdiction des voitures à moteur à combustion à partir de 2035.
« Nous sommes favorables à la levée de cette interdiction — nous pensons qu’elle n’est pas justifiée — et, si nécessaire, à l’avancement de la révision », a-t-il expliqué aux journalistes à Berlin.
Le leader de la CDU, qui a d’ailleurs annoncé sa candidature au poste de chancelier pour les élections fédérales de l’année prochaine, a précisé qu’il discuterait de la question avec la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, à Bruxelles la semaine prochaine, où il assistera également à l’assemblée politique du Parti populaire européen (PPE).
« Ce que la nouvelle Commission européenne fera au cours des douze prochains mois déterminera également en grande partie ce que nous pourrons potentiellement faire ensemble au cours des quatre années suivantes, pratiquement dès la fin de l’année 2025 », a annoncé Friedrich Merz, en faisant référence à son éventuel poste de chancelier.
Nick Alipour a contribué à la rédaction de cet article.
[Édité par Anna Martino]