Merkel et Macron proposent un plan de relance inédit de 500 milliards d’euros

La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, ont présenté leur proposition de relance lors d'une conférence de presse lundi 18 mai. [EPA-EFE | Andreas Gora/Pool]

La chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, ont présenté une proposition conjointe de plan de relance européen à hauteur de 500 milliards d’euros, pour sortir l’UE de la crise de façon « unie et solidaire ».

L’Allemagne et la France souhaitent établir un vaste plan de relance pour faire face aux conséquences du COVID-19. La majeure partie de ce fonds, alloué sous la forme de subventions et non de prêts, ira « aux secteurs et aux régions les plus durement touchés », comme l’a précisé Angela Merkel lors d’une conférence de presse.

À court terme, l’initiative visera à aider les pays les plus affectés à se relever, mais elle permettra aussi de « renforcer l’adaptabilité, la convergence et la compétitivité des économies européennes », explique la chancelière.

« La nature exceptionnelle de la crise nous a poussés à choisir un chemin exceptionnel », ajoute-t-elle. Par cette démarche, l’Allemagne et la France cherchent à « contribu[er] à la lutte contre la pandémie et à l’avenir de l’Union européenne ».

La proposition émerge en plein débat à Bruxelles sur la manière de concrétiser le plan de relance de l’UE, que la Commission doit présenter dans le courant du mois. Ursula von der Leyen, la présidente de l’exécutif européen, a salué l’initiative franco-allemande, qui « va dans le sens de la proposition sur laquelle la Commission travaille ».

Bruxelles lève le voile sur son plan de relance

Ursula von der Leyen a donné des détails sur son plan de relance de l’économie européenne. Elle n’a en revanche pas révélé le montant du nouveau projet de budget à long terme de l’UE, qui sous-tendra la feuille de route.

Un modèle de reprise fondé sur quatre piliers

Angela Merkel et Emmanuel Macron proposent un modèle qui se basera sur quatre piliers, le premier étant le plan de relance.

Le deuxième pilier vise à accroître l’indépendance de l’UE dans le secteur de la santé, en constituant entre autres une réserve commune de matériel médical et en coordonnant l’achat de vaccins et de traitements.

Le troisième pilier a pour but de « moderniser l’économie européenne et ses modèles d’entreprise », en privilégiant en particulier l’environnement et le numérique. Le président français souligne l’importance de réglementer les domaines du climat, de la biodiversité et de l’environnement.

Cela comprend notamment une réduction plus significative des émissions de CO2 en Europe d’ici à 2030 pour atteindre la neutralité climatique en 2050, et l’ajout de conditions environnementales aux aides d’État. Les deux leaders plaident également pour une accélération du déploiement de la 5G au sein de l’UE.

Le modèle tentera aussi de renforcer de la souveraineté européenne. Cette mesure vise à réduire la dépendance de l’Union au marché international, mais aussi à davantage protéger les entreprises européennes en diversifiant les chaînes d’approvisionnement et en établissant « un programme de libre-échange ambitieux et équilibré avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en son cœur ».

Mais cela ne signifie pas que l’Europe sera coupée du monde. Selon Emmanuel Macron, l’UE « doit être moins naïve […], mieux accompagner les industries-clés […] et poursuivre une stratégie commune pour être autonome économiquement et industriellement ».

Le quatrième et dernier pilier plaide pour une réinstauration rapide et totale de l’espace Schengen et du marché intérieur, ainsi que des plans d’intégration plus ambitieux dans des domaines tels que la numérisation, l’énergie et les marchés de capitaux.

Comment les « quatre radins » font patiner les négociations sur le budget

Ils s’appellent eux-mêmes les « frugal four », ou quatre radins : les Pays-Bas, la Suède, l’Autriche et la Suède ne veulent pas consacrer plus d’1 % de leur PIB au budget européen. Le budget pluriannuel, pour la période 2021-2027, est en sursis.

Les négociations sur le financement

Pour financer le plan, les deux chefs d’État appellent à élargir le champ d’action du budget à long terme de l’UE, en « renforçant le cadre financier pluriannuel (CFP) dès le début, au cours des premières années », et en donnant à la Commission le pouvoir d’emprunter sur le marché au nom de l’UE.

Ces prêts seraient remboursés postérieurement selon une clé de répartition.

Angela Merkel a une nouvelle fois exprimé son soutien au financement de la relance au moyen du CFP. « Nous avons vraiment besoin de [mener] un effort européen, et le budget de l’UE est exactement [ce qu’il nous faut] », affirme-t-elle.

La proposition invite à conclure un « accord rapide » sur le CFP et le fonds de relance, jugeant « nécessaire de relever les grands défis de l’UE ».

Toutefois, il pourrait être difficile de parvenir à un consensus. Le plan devra être approuvé à l’unanimité par les 27 États membres, puis l’extension du budget de l’UE devra aussi être avalisée par les parlements nationaux.

Si les dirigeants de certains pays comme l’Espagne et l’Italie ont manifesté leur soutien, reste à voir si les « quatre radins » — l’Autriche, le Danemark, la Suède et les Pays-Bas — accepteront l’idée de dette commune, à laquelle ils se sont opposés jusqu’à présent. Le chancelier autrichien, Sebastian Kurz, a immédiatement annoncé sur Twitter qu’il s’était entretenu avec ses trois homologues et que « [leur] position rest[ait] inchangée ».

Pourtant, Emmanuel Macron et Angela Merkel sont convaincus qu’ils seront en mesure de parvenir à un accord. La chancelière a déclaré à la presse que « si l’Allemagne et la France donnent l’élan, cela favorisera l’expression d’opinions en Europe ».

L’UE met en garde contre la dissension « emploi versus climat » de l’après-pandémie

Les gouvernements d’Europe et en dehors devront être extrêmement prudents pour éviter qu’emploi et climat ne se retrouvent en opposition au cours de la relance post-coronavirus, selon Fatih Birol, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE).

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