Nintendo s’est engagé à réparer gratuitement les manettes défectueuses de la Nintendo Switch à la suite d’une plainte déposée par la Commission européenne concernant les droits des consommateurs.
La Commission a contacté la société de jeux vidéo à la suite d’une plainte déposée en 2021 par le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) au sujet de ce qui a été qualifié de problèmes techniques récurrents avec la manette « Joy-Con » de la Nintendo Switch.
Lundi (3 avril), l’entreprise a annoncé qu’elle offrirait aux clients du Royaume-Uni, de l’Espace économique européen (EEE) et de la Suisse des réparations gratuites, alignant ainsi la région sur les politiques en vigueur dans un certain nombre d’autres pays.
Le BEUC a lancé son action après avoir reçu près de 25 000 plaintes de consommateurs dans neuf pays européens : France, Belgique, Pays-Bas, Portugal, Italie, Norvège, Slovaquie, Slovénie et Grèce.
Au cœur de ces plaintes se trouve un problème avec les manettes « Joy-Con » de la console Nintendo Switch, qui fait que les personnages des jeux se déplacent d’eux-mêmes, sans que les joueurs touchent aux commandes.
En janvier 2021, le BEUC a officiellement déposé une plainte auprès de la Commission européenne et des autorités nationales de protection des consommateurs, invoquant une « obsolescence prématurée et des omissions trompeuses d’informations clés pour le consommateur ».
L’organisation a demandé qu’une enquête soit menée à l’échelle européenne sur cette question et que Nintendo soit tenu de remédier d’urgence à la situation, notamment en fournissant des réparations gratuites et des informations adéquates sur la durée de vie du produit aux consommateurs potentiels.
En juin 2022, le groupe de consommateurs britannique Which? est parvenu à une conclusion similaire, pressant le géant du jeu vidéo d’enquêter de manière indépendante sur les problèmes liés aux manettes Joy-Con.
Une enquête sur la question menée par Which? a révélé que 40 % des propriétaires britanniques du modèle original de la Switch avaient rencontré le même problème et que 19 % de ceux qui avaient contacté Nintendo à ce sujet n’avaient pas obtenu la réparation ou le remplacement de leurs manettes.
Dans le cadre d’une action conjointe avec le ministère grec du Développement et des Investissements et l’Agence allemande pour l’environnement, la Commission a contacté Nintendo pour aborder le problème, et la société a accepté de changer sa politique en ce qui concerne les réparations des ses appareils.
Lundi, Nintendo a mis à jour la page d’assistance de son site web britannique pour couvrir les problèmes liés à la « dérive », qu’elle décrit comme un « syndrome de réactivité ».
Jusqu’à nouvel ordre, la société offrira à ceux qui ont acheté une manette Joy-Con défectueuse au Royaume-Uni, dans l’EEE ou en Suisse des réparations gratuites du produit, une politique déjà en place en Amérique du Nord, en Amérique latine et en France.
Les réparations seront possibles, que le problème soit dû à un défaut interne ou à l’usure, même si la période de garantie de deux ans a expiré.
L’annonce a été qualifiée de « victoire pour les consommateurs » par Ursula Pachl, directrice générale adjointe du BEUC, qui a toutefois précisé qu’« il ne s’agit que d’une solution à court terme qui permettra aux consommateurs de faire réparer gratuitement leurs produits défectueux. Pourtant, Nintendo peut toujours vendre la console avec le problème potentiel ».
« D’autres entreprises devraient prendre note de ce problème. L’obsolescence prématurée des biens de consommation est inacceptable : elle contribue à l’augmentation des montagnes de déchets électroniques et coûte de l’argent aux consommateurs », a-t-elle déclaré.
« Les fabricants de produits doivent donc veiller à ce que leurs produits soient plus durables. Nous espérons maintenant que cette action coordonnée de mise en œuvre et les modifications à venir de la législation européenne permettront de lutter plus efficacement contre l’obsolescence prématurée à l’avenir, en l’empêchant dès le départ ».
Le droit à la réparation a récemment fait l’objet de nombreuses discussions au niveau de l’UE. En mars, la Commission européenne a publié sa proposition de directive relative à des règles communes favorisant la réparation des biens, dans le but de promouvoir la durabilité en encourageant la réparation plutôt que le remplacement des articles.
Cette proposition vise à réduire les obstacles à la réparation, tels que le coût, la logistique et le manque d’interopérabilité, ainsi qu’à lutter contre l’obsolescence des produits et à promouvoir la longévité comme moyen d’encourager une consommation plus durable.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]