Pacte de l’UE pour une industrie propre : Berlin veut exclure les financements au nucléaire

Le secrétaire d’État allemand à l’Économie, l'écologiste Sven Giegold. [EPA-EFE/OLIVIER HOSLET]

Le secrétaire d’État allemand à l’Économie Sven Giegold (Les Verts) a présenté, lundi 30 septembre, la position de l’Allemagne sur le futur Pacte de l’Union européenne (UE) pour une industrie propre (Clean Industrial Deal), déclarant qu’il souhaitait que la Commission européenne donne la priorité aux énergies renouvelables. Il a également adopté une rhétorique dure vis-à-vis du nucléaire et des objectifs de la France en matière de renouvelables.

La nouvelle Commission d’Ursula von der Leyen devrait présenter, au cours de ses 100 premiers jours d’activité, un « Pacte pour une industrie propre », qui associera croissance durable et renforcement de la compétitivité industrielle de l’Union sur la scène internationale.

Dans le cadre de cette stratégie, l’Allemagne, première puissance industrielle et première économie de l’UE, souhaite mettre l’accent sur les énergies renouvelables.

« Notre économie européenne a besoin d’une énergie renouvelable abordable, rapide et en grande quantité », a déclaré Sven Giegold lors d’un évènement organisé par l’ambassade du Danemark à Berlin.

« Nous aurons besoin d’investissements massifs pour accélérer notre transition énergétique tout en garantissant la compétitivité de notre industrie », a-t-il ajouté, évoquant le mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE), un fonds de projets transfrontaliers de l’UE, ainsi que la Banque européenne d’investissement (BEI) et ses altercations avec Paris au sujet de ses objectifs insuffisants en matière d’énergie renouvelable.

« Il est important d’exclure l’énergie nucléaire et sa production de tout financement de l’UE », a déclaré l’homme politique allemand.

« La Commission doit imposer pleinement le cadre 2030 [pour les énergies renouvelables] », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il s’agissait plutôt de « ne pas mettre de côté les procédures pour infractions aux traités, comme nous l’avons vu par le passé ».

Bruxelles fait pression sur la France pour qu’elle rattrape son retard par rapport à son objectif de 2020 en matière d’énergies renouvelables et qu’elle inclue un objectif de 44 % d’énergies renouvelables d’ici 2030, afin d’être en phase avec l’ambition de l’UE d’atteindre 42,5 % de renouvelables dans l’ensemble des États membres.

Liste de souhaits pour le Pacte pour une industrie propre

Outre un déploiement plus rapide des énergies renouvelables facilité par « de nouvelles exemptions d’évaluations [d’impact environnemental] », Sven Giegold a souligné plusieurs autres priorités de Berlin pour la future stratégie de l’UE.

En se basant sur les objectifs de 2030 en matière d’énergie renouvelable, l’UE devrait également mettre en place un cadre pour 2040, complété par de nouveaux objectifs plus ambitieux en matière d’efficacité énergétique, a-t-il soutenu.

« Il devrait inclure de nouvelles normes en matière de chauffage, un plan d’action pour les pompes à chaleur et une initiative de rénovation », a-t-il expliqué, notant qu’un plan d’action pour les pompes à chaleur a été mis de côté pour la dernière fois en 2023.

En outre, l’hydrogène, fabriqué à partir d’énergies renouvelables, devrait être régi par un « cadre pragmatique », a souligné le secrétaire d’État allemand à l’Économie, réitérant les appels du ministre de l’Économie Robert Habeck (Les Verts), à reporter les règles strictes en mati§re de production jusqu’à la fin des années 2030.

Enfin, ses propositions comprennent une « feuille de route sur la flexibilité » pour inciter les consommateurs d’électricité à s’adapter aux fluctuations de l’approvisionnement en électricité et une « union des réseaux » pour réviser les règles de l’UE en matière de planification du réseau — qui est actuellement effectuée par les opérateurs de réseau sur une base décennale.

L’Allemagne veut renégocier les règles européennes de durabilité des entreprises

Le ministre allemand de la Justice souhaite rouvrir les négociations sur la directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises, au lendemain du carton jaune de la Commission pour l’Allemagne et 16 autres États membres pour avoir manqué les délais de transposition des règles.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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