Dix ans après la faillite de Lehman Brothers, l’Union européenne tourne définitivement la page de la pire crise économique de son histoire en terminant les programmes de sauvetage de la Grèce et les dernières procédures pour déficit excessif, et en lançant une réforme massive de son secteur financier.
La faillite de la banque Lehman Brothers, en septembre 2008, a marqué le sommet d’une crise financière qui a causé deux récessions en Europe et forcé une longue liste de banques, ainsi que cinq pays de la zone euro, à demander des renflouements.
Dix ans plus tard, l’UE espère finaliser son union bancaire, afin de renforcer la résilience de ses banques face aux crises futures, et faire rentrer la Grèce, dernier des pays renfloués, sur les marchés financiers cet été. Pour sauver la Grèce, les partenaires européens ont déboursé plus de 300 millions d’euros.
La finalisation de l’union bancaire est la grande priorité des mois à venir. Il s’agira notamment de mettre la dernière main au Fonds de résolution unique et au controversé système européen de garantie des dépôts, qui protégera les épargnes dans toute l’union.
Par ailleurs, Emmanuel Macron a réussi à convaincre Angela Merkel de soutenir des changements plus radicaux au printemps. En mars, Paris et Berlin présenteront une proposition commune pour le renforcement de la zone euro.
Malgré la paralysie politique qui touche Berlin depuis les dernières élections, le président français fait pression pour l’établissement d’une union fiscal, dans laquelle la zone euro sera dotée d’un budget propre et d’un ministre des Finances européen.
Certaines des questions les plus difficiles de 2018, comme la renégociation de la dette grecque, dépendront de l’issue des négociations de coalition qui ont actuellement lieu à Berlin.
Une fois la proposition franco-allemande dévoilée, les dirigeants européens devront se mettre d’accord sur une nouvelle feuille de route pour le renforcement de l’union économique et monétaire d’ici le mois de juin.
La Commission européenne participera également au débat, notamment avec un projet d’instrument de stabilisation fiscale en mai. L’exécutif a déjà prévenu que sa proposition ne suivrait pas les espoirs d’Emmanuel Macron et serait inclus dans le budget européen.
La bataille du CFP
Ce projet d’instrument financier fera partie d’une série de propositions pour le prochain cadre financier pluriannuel (CFP), soit le budget à long terme de l’UE, qui commencera en 2020. Cette question sera l’une des batailles politiques les plus rudes de ce mandat, qui prendra fin avec les élections européennes du printemps 2019.
Avant cela, la Commission devra décider si la France et l’Espagne, les deux derniers États membres à enfreindre les règles européennes sur le déficit budgétaire, pourront sortir des procédures en cours. En avril, Eurostat confirmera les chiffres du déficit des deux pays pour l’année 2017.
Des représentants européens ont indiqué que les deux pays pourraient sortir « du rouge » à ce moment-là.
Réformes structurelles
La très bonne évolution de l’économie a permis aux États membres d’équilibrer leurs finances publiques, et l’attention de l’exécutif européen sera donc tournée vers les réformes structurelles. Il s’agira avant tout de déterminer comment préparer les travailleurs et systèmes sociaux aux changements entrainés par la révolution numérique en cours.
Jean-Claude Juncker, le président de la Commission, a également fait de l’élargissement de la zone euro une priorité dans son discours sur l’état de l’Union, à l’automne dernier. Certains, comme le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, et l’eurodéputée Pervenche Berès, estiment toutefois que cet élargissement ne devrait pas se faire au détriment de l’approfondissement de l’espace monétaire.
Alors que l’économie européenne continue d’étonner par sa vitalité, le bloc renforce actuellement son système financier avec l’application de la nouvelle Directive sur les marchés d’instruments financiers (MiFID).
Malgré certaines inquiétudes liées à l’entrée en vigueur de cette directive monstre – elle ne fait pas moins de 7 000 pages – législateurs et régulateurs ont été soulagés d’une adoption sans accroc. Plusieurs éléments de la directive ont cependant été retardés à cause d’un manque de préparation ou d’information des acteurs des marchés et doivent encore être concrétisés.