Attentat terroriste au Kosovo : le Parlement européen adopte une résolution sur la Serbie

La proposition de résolution a été soumise conjointement par cinq groupes : Parti populaire européen, Socialistes et Démocrates, Renew Europe, les Verts et les Conservateurs et Réformistes européens. [Shutterstock/Novikov Aleksey]

Le Parlement européen a appelé les États membres à adopter des mesures restrictives ciblées à l’encontre de la Serbie, pays candidat à l’adhésion à l’UE, si l’enquête révèle qu’elle est à l’origine de l’attentat terroriste perpétré par un groupe paramilitaire dans le nord du Kosovo le 24 septembre.

Le 24 septembre, un commando de Serbes du Kosovo a tendu une embuscade à la police kosovare à Banjska, dans le nord du pays, où de nombreux Serbes de souche résident. Au terme des échanges de tirs, un policier kosovar albanais et trois Serbes du Kosovo ont été tués.

Le gouvernement kosovar et les Albanais du Kosovo rejettent la responsabilité des violences sur Belgrade, tandis que cette dernière dément les accusations.

La Commission européenne a élaboré une liste de mesures qui pourraient être prises à l’encontre de la Serbie, mais ces dernières n’ont pas encore été mises en œuvre. Bruxelles a exhorté la Serbie à collaborer pleinement à l’enquête en cours concernant l’attaque.

L’UE élabore des mesures à l’encontre de la Serbie et se penche sur son implication dans un attentat terroriste au Kosovo

L’UE a élaboré des mesures qui pourraient être prises contre la Serbie, alors que de nouvelles preuves semblent indiquer l’implication d’un proche collaborateur du fils du président dans une attaque terroriste au Kosovo.

La proposition de résolution du Parlement a été soumise conjointement par cinq groupes : le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et Démocrates (S&D), Renew Europe, les Verts et les Conservateurs et Réformistes européens (CRE).

Le groupe des Verts/ALE a réussi à intégrer la mention d’un plan visant à contenir la situation dans le Nord, qui devrait être mené par la force de maintien de la paix au Kosovo (KFOR) de l’OTAN. Les eurodéputés appellent au renforcement et au déploiement de celle-ci afin de dissuader toute nouvelle violence à la frontière.

L’eurodéputée écologiste Viola von Cramon, vice-présidente de la délégation du Parlement européen pour le Kosovo et membre du groupe des Verts/ALE, a déclaré à Euractiv : « Nous ne pouvons pas laisser l’attaque terroriste de septembre passer à la trappe. Chaque acte de violence nuit au Kosovo, à la Serbie et à l’Europe ».

Elle a ajouté qu’il était nécessaire que les autorités kosovares mènent une enquête indépendante et soutenue par l’UE sur l’attaque de Banjska.

« La Serbie doit coopérer sans condition à l’enquête. Se tenir fermement aux côtés du Kosovo est essentiel pour l’avenir du dialogue pacifique dans la région. »

Tonino Picula, porte-parole du groupe S&D pour les affaires étrangères et négociateur de la résolution, a qualifié l’attentat de « lâche », ajoutant que son parti le condamnait « avec la plus grande fermeté ». Selon lui, cet événement « marque un tournant sans précédent » depuis la fin de la guerre et nécessite une réponse politique « sérieuse », comme des sanctions « ciblées » contre les « acteurs déstabilisateurs dans le nord du Kosovo ».

Il a également demandé à la Commission à geler les fonds de préadhésion de la Serbie si les enquêtes révèlent que l’État serbe est directement impliqué dans l’attaque de septembre, dans les attaques précédentes contre les forces de la KFOR en mai, ou s’il refuse de coopérer dans le cadre de l’enquête.

En outre, M. Picula a déclaré que le renforcement des troupes serbes à la frontière du Kosovo était très inquiétant et a appelé l’OTAN à élaborer un plan visant à contenir la situation dans le nord du pays et les États membres de l’UE à déployer des troupes supplémentaires sans délai.

« Les relations étroites que la Serbie continue d’entretenir avec la Russie et la Chine soulèvent de sérieuses questions quant à l’orientation stratégique du pays. Nous restons très préoccupés par l’influence déstabilisatrice des autorités serbes, dirigées par le président Aleksandar Vučić, sur l’ensemble de la région », a-t-il poursuivi.

L’eurodéputé socialiste souhaite également la levée des mesures prises contre le Kosovo dès que possible, mais a demandé à ce que Pristina établisse l’Association des municipalités à majorité serbe conformément aux accords de dialogue soutenus par l’UE.

« La seule solution est la normalisation des relations par le biais d’un compromis, pour lequel nous avons besoin d’une enquête et de poursuites appropriées ; sans escalade supplémentaire et avec le retour des deux parties à un dialogue facilité par l’UE », a-t-il déclaré. Il a aussi appelé l’UE à proposer une approche nouvelle, innovante et équilibrée pour sortir de l’impasse.

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Les efforts visant à pousser la Serbie vers l’Occident plutôt que vers la Chine et la Russie ont échoué, et il est temps d’adopter une nouvelle approche, a déclaré l’ancien ambassadeur des États-Unis au Kosovo, Philip Kosnett, lors d’un entretien avec Euractiv.

La résolution exhorte également le Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité Josep Borrell et le représentant spécial de l’UE pour le dialogue Belgrade-Pristina Miroslav Lajčák à faciliter le dialogue de manière proactive et à rendre compte au Parlement, au plus tard à la fin de 2023, de leurs conclusions concernant l’engagement des Serbes et des Kosovars à l’égard du dialogue, les mesures prises et la réalisation des objectifs.

M. Borrell et M. Lajčák ont fait l’objet de critiques de la part du Kosovo, de l’Albanie et de divers députés européens, qui les accusent de partialité et déplorent leur incapacité à produire des résultats concrets dans le cadre du processus de dialogue en cours, qui reste au point mort.

En outre, les appels à réévaluer le dialogue dans le contexte de l’attaque du 24 septembre et à envisager une nouvelle approche s’intensifient à de multiples égards.

Pour rappel, le mandat de M. Borrell s’achève au printemps 2024, celui de M. Lajcak devrait se poursuivre jusqu’en 2025. Il reste donc peu de temps aux deux hommes pour apaiser les tensions avant que de nouveaux diplomates ne prennent le relais.

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[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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