Pour Juncker, la normalisation des relations avec le Kosovo est la clé de voûte de l’adhésion de la Serbie à l’UE. Mais Belgrade rappelle l’absence de position commune des pays européens sur la question.
La Serbie a déjà rempli une partie impressionnante des demandes de l’UE en vue de son adhésion. Ces « progrès impressionnants » dans le processus d’adhésion ont été salués par le président de la Commission européenne, actuellement en tournée dans les Balkans occidentaux.
Après que la Commission a dévoilé début février une nouvelle stratégie d’élargissement pour les Balkans occidentaux, une région dans laquelle quatre pays sont candidats et deux pays candidats potentiels, Jean-Claude Juncker a déclaré qu’il n’y aurait pas d’élargissement « big bang » semblable à la vague d’élargissement qui a fait passer le nombre d’États membres de 15 à 25 en 2004. Au lieu de cela, l’adhésion des pays des Balkans occidentaux sera fondée sur le mérite.
Adhésion au mérite
Deux jours plus tôt, en Albanie, le président de la Commission a déclaré que les six pays des Balkans occidentaux pourraient rejoindre le club européen en 2025, bien que leurs situations sur la route de l’adhésion soient disparates. En effet, le Kosovo et la Bosnie n’ont toujours pas obtenu le statut officiel de pays candidat.
Cette date n’est cependant donnée qu’à titre indicatif pour les deux favoris, le Monténégro et la Serbie, a prévenu Juncker.
Sur la question du Kosovo, ancienne province serbe qui a proclamé son indépendance en 2008, Jean-Claude Juncker a déclaré que Belgrade et Priština devraient définir eux-mêmes la nature de l’accord juridiquement contraignant régissant la normalisation complète de leurs relations.
La Serbie a cependant promis de ne jamais reconnaître formellement le Kosovo et Ivica Dačić, le ministre des Affaires étrangères serbe, avait auparavant accusé Bruxelles d’hypocrisie en demandant que « Belgrade accomplisse un harakiri historique, alors que l’UE n’a même pas adopté de position commune vis-à-vis du Kosovo ». En effet, certains États membres (Espagne, Slovaquie, Chypre, Roumanie et Grèce) n’ont pas reconnu le Kosovo.
Commentant les relations entre Belgrade et Priština, le président serbe, Aleksandar Vučić, a reconnu que la conclusion d’un accord avec le Kosovo était en effet le plus grand obstacle du pays sur la route de l’UE.
Lors d’une conférence de presse conjointe avec le président de la Commission, Aleksandar Vučić a déclaré qu’il était important de parvenir à un compromis dans lequel Belgrade et Priština perdraient chacun quelque chose, plutôt que de permettre à un gagnant de rafler toute la mise. « Si ce n’est pas possible, nous continuerons à vivre dans le passé », a-t-il déclaré.
Jean-Claude Juncker a déclaré aux responsables de Belgrade que la date de l’adhésion de la Serbie à l’UE ne dépendait pas de l’Union, mais principalement de la Serbie, répétant « nous sommes prêts, quand vous êtes prêts ».
Stabilité des Balkans
« Nous ne pouvons pas accueillir des pays qui n’ont pas résolu leurs problèmes dans l’UE, nous ne pouvons pas importer des différends bilatéraux. Il est important que ces différends soient résolus avant l’adhésion », a-t-il déclaré, ajoutant que l’UE souhaite « assurer la stabilité dans les Balkans plutôt qu’importer de l’instabilité dans l’UE ».
La tournée de Jean-Claude Juncker a débuté en Macédoine et en Albanie. Après Belgrade, Jean-Claude Juncker visitera le Monténégro, chef de file de l’intégration européenne qui a entamé les négociations d’adhésion en 2012. Il se rendra ensuite à Sarajevo, en compagnie de Johannes Hahn et de Federica Mogherini, la haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères, puis à Priština, où ils rencontreront des responsables du Kosovo.
Les trois représentants de l’Union boucleront leur tournée des Balkans le 1ermars à Sofia, où ils rencontreront à nouveau les six chefs d’État des pays des Balkans occidentaux, ainsi que le Premier ministre bulgare Boyko Borissov, dont le pays assure la présidence tournante de l’UE.