Bien que l’Allemagne ne soit pas favorable à une adhésion accélérée de l’Ukraine à l’Union européenne, la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a déclaré mardi (10 mai) qu’elle soutenait l’idée d’une réforme de l’UE pour permettre à l’Ukraine et à d’autres pays de s’intégrer plus étroitement au bloc.
Mme Baerbock faisait visiblement référence à la proposition du président français Emmanuel Macron, qui a exposé sa vision d’une « communauté politique européenne » devant le Parlement européen lundi.
La proposition de M. Macron prévoit la création d’une communauté politique dans le voisinage de l’UE qui ne constituerait pas une adhésion à part entière à l’Union, mais qui entraînerait un rapprochement politique et une intégration partielle dans le bloc.
« Ce qui ne peut pas se reproduire, ce sont les fausses promesses », a déclaré Mme Baerbock lors d’une conférence de presse en compagnie de son homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, à Kiev.
Tout en soulignant qu’il ne peut y avoir de « raccourcis sur la voie de la pleine adhésion à l’UE », elle a déclaré qu’il pourrait y avoir d’autres moyens d’intégrer l’Ukraine à l’Union.
Toutefois, « pour y parvenir, nous avons avant tout besoin d’une réforme de l’Union européenne. […] C’est aussi la leçon à tirer de cette brutale guerre d’agression », a déclaré Mme Baerbock.
La balle se trouve à présent dans le camp de la Commission européenne, qui doit veiller « à ce qu’il ne s’agisse pas de promesses non tenues, à ce que nous puissions ouvrir la voie à un élargissement interne de l’Union européenne et, par conséquent, à ce que le message soit clair : l’Ukraine a sa place dans l’Union européenne », a souligné Mme Baerbock.
La Communauté politique européenne
La veille, M. Macron a exposé une vision similaire, lors de sa conférence de presse avec le chancelier allemand Olaf Scholz et de son discours au Parlement européen.
Le président français a souligné que « nous devons être honnêtes » et que la perspective d’une adhésion de l’Ukraine au bloc dans les prochaines années « n’est pas possible ».
Au lieu de cela, il a plaidé en faveur d’un modèle alternatif, qui permettrait à l’Ukraine de s’intégrer partiellement à l’UE et au bloc communautaire d’établir des liens plus étroits avec le pays déchiré par la guerre, sans pour autant octroyer à Kiev une adhésion complète : la Communauté politique européenne.
Selon M. Macron, l’objectif de cette Communauté serait de « bâtir la paix, la stabilité et la coopération sur les questions plus géopolitiques de notre Europe » avec des pays qui « partagent nos valeurs ».
Les candidats possibles pour cette Communauté incluent non seulement l’Ukraine mais également la Bosnie-Herzégovine, la Moldavie, la Géorgie, ainsi que le Royaume-Uni.
En réponse aux commentaires du président français, le chancelier allemand a déclaré que cette proposition serait une « approche intéressante pour faire face aux grands défis qui nous attendent ».
Une consultation politique sera lancée dans les prochaines semaines et le sujet sera abordé par le président français et le chancelier allemand aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a fait savoir Emmanuel Macron lundi.
Davide Basso a contribué à la rédaction de cet article.