Les négociations sont officiellement ouvertes : l’Ukraine et la Moldavie entament leur long chemin vers l’UE

Kiev et Chisinau ont lancé leur candidature à l’adhésion à l’UE immédiatement après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022. [EPA-EFE/SERGEY DOLZHENKO]

L’Union européenne (UE) a officiellement lancé les négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie mardi (25 juin), entamant un long processus qui pourrait redessiner la carte géopolitique du continent.

Kiev et Chisinau ont déposé leur candidature à l’UE immédiatement après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022.

L’ouverture officielle des négociations – deux ans après la demande d’adhésion – devait être marquée par deux « conférences intergouvernementales » (CIG) distinctes à Luxembourg, où les ministres de l’UE rencontrent des représentants des deux États, de la Commission européenne et de la présidence belge du Conseil de l’UE.

Bien que les négociations d’adhésion prennent généralement des années, les ministres de l’UE ont clairement indiqué qu’ils considéraient cet événement comme « historique ».

« Il s’agit d’une démonstration claire du soutien sans équivoque de l’UE à la perspective d’adhésion de l’Ukraine », a affirmé avant les pourparlers la ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, dont le pays a fait pression pour lancer les négociations.

« Aujourd’hui est un jour historique pour l’Ukraine et la Moldavie, mais aussi pour l’UE », a pour sa part déclaré à la presse la ministre allemande de l’Europe, Anna Lührmann.

« Les deux pays ont réalisé d’énormes progrès dans le respect de l’État de droit, la lutte contre la corruption et la liberté de la presse », a-t-elle ajouté. Ses propos ont été repris par de nombreux autres ministres.

Un long chemin de réformes à parcourir

L’ouverture officielle des négociations, mardi, ne marque que le début de réformes et ces dernières devraient prendre des années. Certains pays des Balkans occidentaux comme le Monténégro et la Serbie ont entamé leurs négociations d’adhésion il y a plus de dix ans, sans aucune perspective d’aboutissement pour le moment.

Les cadres de négociation, élaborés pour guider les pourparlers d’adhésion et approuvés par les États membres de l’UE la semaine dernière, seront présentés aux deux pays.

Parallèlement, ces derniers font l’objet d’un examen approfondi, afin de déterminer dans quelle mesure leur législation respective est déjà conforme aux normes de l’UE et dans quelle mesure des réformes seront encore nécessaires.

Accord de principe des Vingt-Sept sur les cadres pour les négociations d’adhésion de l’Ukraine et la Moldavie

Après des semaines de débats, les ambassadeurs de l’UE ont conclu, vendredi (14 juin) dans la soirée, un accord de principe sur les cadres de négociation pour les processus d’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie.

Une fois l’examen terminé – ce qui prend normalement un à deux ans mais, selon les diplomates de l’UE, pourrait dans ce cas être conclu beaucoup plus rapidement — l’Union devra commencer à définir les conditions des négociations sur les 35 chapitres qui couvrent l’ensemble de la législation européenne.

Toutefois, il semble peu probable que l’on passe à l’étape suivante au cours des six prochains mois, puisque la Hongrie va assurer la présidence tournante du Conseil de l’UE de juillet à décembre.

« Il est très difficile de dire où en est l’Ukraine », a indiqué Janos Boka, le ministre hongrois de l’Europe, à des journalistes à Luxembourg. « D’après ce que je vois en ce moment, elle est très loin de satisfaire aux critères d’adhésion. »

L’ouverture officielle des chapitres d’adhésion à l’UE requiert l’unanimité des vingt-sept États membres.

Mais certains diplomates européens estiment que l’Union pourrait abandonner le vote à l’unanimité lors des étapes intermédiaires de l’élargissement, telles que l’ouverture des chapitres, et passer au vote à la majorité qualifiée.

Dans le cadre juridique actuel de l’UE, cela pourrait être rendu possible par une clause dite «passerelle », qui permet aux États membres de modifier ad hoc les règles de prise de décision de l’Union et d’adopter le vote à la majorité qualifiée pour certaines questions de politique étrangère, ce qui inclut également l’élargissement.

Un coup de pouce en ces temps difficiles

« Nous ne dévierons jamais de notre chemin vers une Europe unie et vers la maison commune de toutes les nations européennes », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, saluant les progrès accomplis en cette « journée historique ».

La présidente de la Moldavie, Maia Sandu, a affirmé que l’avenir de son pays s’inscrivait « dans la famille européenne ». « Nous sommes plus forts ensemble », a-t-elle expliqué.

Le président du Conseil européen, Charles Michel, a qualifié cette étape de « moment de fierté pour les deux nations et d’étape stratégique pour l’UE ».

« Les efforts de l’Ukraine sont d’autant plus admirables que la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine a entraîné des difficultés et une hostilité sans précédent », a ajouté Charles Michel.

« Le peuple ukrainien a fait preuve d’un courage et d’une solidarité extraordinaires pour défendre sa souveraineté et son avenir européen », a-t-il commenté.

Charles Michel a déjà demandé à l’UE d’accélérer ses préparatifs en vue de l’élargissement, suggérant que l’Union pourrait être prête à accueillir de nouveaux membres d’ici 2030.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a qualifié l’ouverture des négociations de « très bonne nouvelle pour les Ukrainiens, les Moldaves et l’ensemble de l’Union européenne ».

« La voie à suivre sera pleine de difficultés, mais aussi d’opportunités », a-t-elle déclaré.

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