Charles Michel cherche à jouer le rôle de médiateur dans la crise politique géorgienne

La visite de Charles Michel en Géorgie intervient alors que les partis sont embourbés dans une crise politique de plus en plus profonde qui risque de détourner l’ancienne république soviétique de son chemin vers l’Europe. EPA-EFE/GEORGIAN PRESIDENT'S PRESS SERVICE/HANDOUT HANDOUT EDITORIAL USE ONLY/NO SALES HANDOUT EDITORIAL USE ONLY/NO SALES [EPA-EFE/GEORGIAN PRESIDENT'S PRESS SERVICE]

Dans un geste inhabituel, le président du Conseil européen Charles Michel a invité les partis au pouvoir et d’opposition de Géorgie à des discussions sous sa médiation au cours d’un dîner lors de sa visite à Tbilissi lundi (1er mars).

La visite de Charles Michel en Géorgie intervient alors que les partis sont embourbés dans une crise politique de plus en plus profonde qui risque de détourner l’ancienne république soviétique de son chemin vers l’Europe. Jusqu’à présent, l’UE a soutenu le parti au pouvoir – Rêve géorgien – et ignoré le Mouvement national uni (MNU), malgré ses positions pro-européennes et pro-OTAN.

« J’ai appelé toutes les parties à la désescalade et à se réunir pour relancer le dialogue politique et je les ai invitées à une réunion, ce soir », a déclaré M. Michel, qui semble tenir compte des appels au dialogue lancés par le Parlement européen.

« Le temps est venu de passer de la facilitation à la médiation », a-t-il indiqué lors de sa conférence de presse avec le Premier ministre géorgien Irakli Garibashvili.

La crise politique en Géorgie s’est aggravée le mois dernier après que la police a pris d’assaut les bureaux du parti du leader de l’opposition Nika Melia et l’a placé en détention le 23 février, approfondissant ainsi une crise politique qui a poussé l’ancien Premier ministre Giorgi Gakharia à démissionner.

M. Melia, le président du parti UNM, a été accusé d’avoir incité à la violence lors de manifestations en juin 2019, une accusation qu’il rejette comme étant politiquement motivée.

L’opposition réclame depuis lors des élections anticipées et la libération de ce qu’elle décrit comme des « prisonniers politiques ».

Charles Michel a maintenu que la volonté de parvenir à des compromis est la voie « d’une démocratie mature, c’est la voie vers la stabilité et la prospérité et c’est la voie vers une relation toujours plus étroite entre l’UE et la Géorgie. »

Et d’ajouter « les citoyens géorgiens doivent pouvoir faire confiance à leur système judiciaire, toute polarisation de la justice est inacceptable, et nous savons tous que certains cas concrets doivent être traités. »

Au cours de ce voyage, le président de Conseil européen a souligné l’importance de la stabilité politique de la Géorgie pour l’UE.

« Mon intention n’est pas et n’était pas simplement de passer une journée dans ce merveilleux pays, puis de revenir à Bruxelles et de faire comme si de rien n’était. »

Dans ce contexte, il espère que des progrès puissent se réaliser durant le dîner, au cours duquel il a l’intention de proposer « un cadre avec certains sujets possibles » et des éléments à aborder.

Le Premier ministre Garibashvili a salué la démarche, la qualifiant d’« excellente initiative ».

« Je tiens à confirmer par la présente que je suis prêt à assister à la réunion et à y participer », a-t-il appuyé.

Plus tôt dans la journée, le président du Conseil a déclaré que l’aggravation de la crise politique le préoccupait « énormément ».

L’instabilité du Caucase

« Les développements actuels dans votre région sont un nouveau rappel de la nécessité pour la Géorgie de se rassembler et d’être unie sur les questions essentielles », a argué M. Michel, faisant allusion à la situation instable en Arménie, encore sous le choc de sa récente guerre avec l’Azerbaïdjan, ainsi qu’à l’influence de la Russie dans le Caucase du Sud.

Après avoir rencontré la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili dans la matinée, M. Michel s’est rendu sur la ligne de démarcation avec la région d’Ossétie du Sud, contrôlée par la Russie.

La Russie et la Géorgie se sont livré une brève guerre en août 2008, qui a pris fin grâce à la médiation du président français de l’époque, Nicolas Sarkozy. En conséquence, la Géorgie a perdu le contrôle de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, soit environ 25 % de son territoire.

Le chef du Conseil européen a annoncé son intention de se rendre dans les pays de l’Est post-soviétiques associés à l’UE après le voyage à Moscou du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui semble avoir incité les responsables européens à se montrer plus proactifs sur un certain nombre de dossiers.

Dans deux semaines, les représentants se rendront à Bruxelles pour le conseil d’association UE-Géorgie, qui évaluera les progrès accomplis dans la mise en œuvre de l’accord d’association servant de base aux relations entre l’Union et le pays.

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