Débuts tendus pour la délégation FN d’eurodéputés

Nicolas Bay ( FN) entouré de Robert Rochefort (UDI-Modem) et Constance Le Grip (UMP), le 26 mai © EURACTIV

La délégation du Front national au Parlement européen sera la première délégation française avec 24 eurodéputés. Son intégration aux institutions européennes s’annonce délicate.

À la veille de l’élection, en Ile de France, l’équipe du FN se posait déjà des problèmes logistiques, tant elle ne s’attendait pas à avoir trois élus sur cette zone.

« Les députés européens de l’Ile-de-France ont-ils des bureaux à Paris ? Et où ? » s’interrogeait un proche.

Le bureau du Parlement européen en France, tout proche de l’Assemblée nationale à Paris, propose des bureaux partagés aux élus. Où certains eurodéputés d’Ile-de-France ont leurs habitudes, à l’instar de ceux du PS ou des centristes. Les représentants du FN ne semblent pas goûter tellement l’ambiance du lieu.

Invités lundi 26 mai au matin, les eurodéputés FN ont commencé la législature en snobant le point presse, et en y envoyant un seul élu sur 24, quand les Verts en comptaient 2 sur 6, et les centristes 4 sur 8.

Et Nicolas Bay, 36 ans, a immédiatement été mis en cause par ses nouveaux collègues après s’être interrogé sur l’honnêteté des élus.

« On vous aura à l’œil sur l’honnêteté » a immédiatement rétorqué le centriste Jean-Marie Cavada, évoquant le cumul des mandats de nombreux candidats FN et la rémunération de Louis Aliot, le compagnon de Marine Le Pen, en tant qu’assistant parlementaire durant la précédente législature.

Deux femmes à la trappe

Au lendemain des élections, deux femmes numéro deux sur des listes ont été remerciées, pour être remplacées par leur suivant, donc un homme, au Parlement européen. C’est notamment le cas de Jeanne Pothain, numéro deux sur la liste du Massif Central, qui démissionnerait pour raisons de santé.

C’est aussi le cas de Joëlle Bergeron, numéro deux sur la liste FN dans la région Ouest. L’eurodéputée s’était prononcée pour le droit de vote des étrangers aux élections .

« Je ne sais pas quelle est la position du Front national, et pour le coup, je m’en fiche. En tant qu’individu, je suis favorable à ce qu’un étranger qui travaille, et paye des impôts en France, vote. » avait-elle déclaré durant la campagne.

Des élus parachutés en Ile-de-France

Quant aux trois élus du FN en Ile-de-France, ils ont non seulement besoin de bureaux, mais de pieds à terre, puisqu’aucun d’entre eux n’habite la région.

Le numéro un, le géopolitologue Aymeric Chauprade, habitait jusqu’alors à Vienne.  en Autriche, tandis que le numéro trois, Jean-Luc Schauffhauser, est strasbourgeois. Il avait été candidat aux municipales à Strasbourg. Il a été évincé de la liste de Florian Philippot dans la région Grand Est, pour divergences de vues.

La numéro deux, Marie-Christine Boutonnet, est également provinciale et tout autant rescapée des municipales : elle était candidate à Gaillac, dans le Tarn, et militante dans le Sud de longue date.

En plus de ces problèmes logistiques, la tête de liste en Ile-de-France Aymeric Chauprade est en charge des « relations internationales » du Front national, et donc particulièrement sollicité ces jours-ci, alors que le parti tente de rallier des élus de 7 pays différents pour former un groupe au Parlement européen.

Le parti a prévu une conférence de presse à Bruxelles sur le sujet avec ses alliés classiques néerlandais, belge et autrichiens mercredi 28 mai après midi.

Les élections européennes qui se sont déroulées le 25 mai en France ont été marquées par l'arrivée de 24 eurodéputés Front national, alors que le parti d'extrême-droite en avait 3 lors de la précédente législature. Avec 20 % des voix l'UMP aura 20 sièges, contre 13 pour le parti socialiste dont la délégation ne change pas de format. Les Verts passent de 16 à 6 élus, et les centristes à 7. Du côté de la gauche radicale, seulement 4 eurodéputés siégeront au Parlement de Strasbourg.

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