L'Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE) a trouvé un accord : Guy Verhofstadt sera le candidat à la présidence de la Commission européenne. Olli Rehn, son concurrent se contentera d'un autre « poste à responsabilité ».
Olli Rehn, ?le commissaire européen en charge des affaires économiques et monétaires et l'ancienministre belge Guy Verhofstadt mèneront la campagne électorale « sur un pied d'égalité », a annoncé Sir Graham Watson, le président l'ADLE
Selon l'accord trouvé au sein du parti, Guy Verhofstadt va se présenter au poste de président de la Commission européenne afin de remplacer José Manuel Barroso. De son côté, Olli Rehn briguera une haute fonction européenne dans les affaires économiques ou étrangères.
Cette décision a surpris certain experts européens. Selon eux, Olli Rehn s'est mis de côté pour laisser la place à Guy Verhofstadt, l'actuel chef du groupe ADLE au Parlement européen la voie libre pour briguer un haut poste dans la nouvelle Commission.
En décembre, Olli Rehn semblait pourtant être en pole position pour mener la campagne des libéraux européens en 2014. Il avait en effet obtenu le soutien de 14 partis libéraux nationaux.
Certains eurodéputés libéraux, comme le Britannique Andrew Duff, ont qualifié cet accord « de grande victoire pour Guy Verhofstadt et pour ses compétences de campagne […] il s'agit d'une victoire de ses idées et aussi du programme qu'il propose ».
« Il faut prendre une décision par rapport au fédéralisme en Europe. Les résultats de ce processus et le manifeste pour lequel nous, ADLE, avons donné notre accord, montrent clairement que la majorité de l'ADLE est disposée à rester fidèle à l'idée d'une Europe renforcée », indique Andrew Duff.
Guy Verhofstadt est l'un des plus fervents fédéralistes européens. En 2005, il a publié un livre intitulé « Les États-Unis d'Europe ». Il est également l'un des initiateurs du groupe d'eurodéputés fédéralistes, Spinelli, lancé en 2010.
En novembre, il a fait l’objet de critiques de la part de membres du parti libéral néerlandais, le VVD. L'ancien commissaire Frits Bolkestein a par exemple accusé le Belge d’être insensé. « Les europhiles sont plus dangereux que les eurosceptiques pour l'Europe », a-t-il ajouté.
Le VVD lui a néanmoins demandé de retirer ses propos. Ce parti a par ailleurs soutenu la candidature de Guy Verhofstadt.
Sir Graham Watson a proposé au bureau de parti ADLE une motion de résolution. Elle fera l'objet de discussions dans les prochains jours et les membres donneront leur accord sur le candidat belge lors d'un rassemblement électoral le 1er février à Bruxelles, selon un porte-parole.
Andrew Duff déclare que minimum 376 eurodéputés doivent donner leur accord au candidat à la présidence de la Commission. « Olli Rehn n'aurait jamais atteint [ce seuil], mais Guy Verhofstadt pourrait obtenir le soutien d'un large pan de la gauche au Parlement ainsi que des libéraux traditionnels », ajoute-t-il.
« À mon avis, il rendra la campagne plus énergique. La campagne sera également divisée en deux axes : les fédéralistes contre les nationalistes. Cela a un effet au sein des États membres : les démocrates libéraux britanniques sont invités à soutenir fortement l'Union européenne. »
Ensemble contre le populisme
Guy Verhofstadt est ravi qu'un compromis ait pu être trouvé grâce au travail de Mark Rutte et Christian Lindner. Ils ont permis aux libéraux de collaborer et de trouver une solution pour que les deux anciens concurrents puissent contribuer à la campagne et assurer une présente forte des libéraux dans le nouveau Parlement.
« Les pro-européens seront attaqués dans nombre d'États membres ce qui rendait d'autant plus important que ceux qui croient encore en l'Union européenne se serrent les coudes pour lutter contre les forces réactionnaires du nationalisme et du populisme et leur propagande destinée à effrayer les citoyens européens », indique Guy Verhofstadt dans un communiqué.
« Cependant le citoyen européen rejette l'Europe telle qu'elle est. C'est pourquoi nous devons élaborer une vision nouvelle et positive pour l'UE de demain, s'appuyant sur l'acquis de ces 60 dernières années, mais fonctionnant de manière plus efficace. Je serai honoré de jouer un rôle dans cette entreprise », conclut-il.