Jean-Claude Juncker a demandé aux gouvernements nationaux de proposer plus de femmes dans le prochain collège de commissaires. Il a promis de les récompenser par un portefeuille important ou une vice-présidence.
L’ancien premier ministre luxembourgeois a été désigné par les chefs d’État le 27 juin. Et ce, malgré la vive opposition de la Grande-Bretagne.
Il entamera les négociations avec les gouvernements sur la distribution des portefeuilles après que le Parlement confirme la désignation de Jean-Claude Juncker lors d’un vote en session plénière le 15 juillet.
« Il craint vraiment que, parmi les noms qui circulent, presque tous soient des hommes », a indiqué une source proche de Jean-Claude à EURACTIV. « Il a systématiquement exprimé cette inquiétude lors de toutes les négociations avec les chefs d’État et de gouvernement ces dernières semaines. »
Jusqu’à présent, seuls quelques gouvernements ont annoncé leur candidat et tous sont des hommes : Jyrki Katainen (Finlande), Maroš Šefcovic (Slovaquie), Günther Oettinger (Allemagne), Radoslaw Sikorski (Pologne) et Johannes Hahn (Autriche). En France, Pierre Moscovici est en pole position, qui s’est vu confier une mission d’attente sur l’Europe par le premier ministre ; les candidates concurrentes que sont Elisabeth Guigou et Pervenche Beres pourraient voir leur candidature réexaminée aux yeux de ce critère.
Les autres noms de la gente féminine qui circulent ne sont pas confirmés. La ministre italienne des Affaires étrangères, Federica Mogherini, pourrait se rendre à Bruxelles et la commissaire bulgare sortante, Kristalina Georgieva, devrait rempiler pour un mandat. La Belgique pourrait aussi proposer l’eurodéputé de centre-droit Marianne Thyssen
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Mis à part la Commission, la première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt, pourrait remplacer Herman Van Rompuy au poste de président du Conseil européen.
À moins que bon nombre de gouvernements ne proposent des femmes, le prochain collège des commissaires sera probablement surtout masculin, comme l’était le précédent, avec seulement 9 femmes.
« Jean-Claude Juncker estime qu’une Commission avec seulement deux ou trois femmes ne serait ni crédible, ni légitime », a ajouté la source.
L’ancien président de l’Eurogroupe tente dorénavant de convaincre les gouvernements nationaux de choisir des femmes. « Les gouvernements qui souhaitent présenter des femmes commissaires qualifiées peuvent s’attendre à une récompense, comme un portefeuille important et/ou une vice-présidence », selon cette même source.
La parité homme/femme, thème important pour le Parlement
Officiellement, ce sont les chefs d’État européens qui adopteront la liste complète des commissaires, en consultation avec le nouveau président de l’exécutif européen. Le 16 juillet, ils se réuniront pour la première fois lors d’un sommet européen afin de discuter des désignations des commissaires. Jean-Claude Juncker leur a demandé de faire des propositions, par exemple des noms et des portefeuilles, pour résoudre le puzzle.
Les commissaires participeront ensuite à des auditions individuelles dans les commissions du Parlement européen en septembre. L’ensemble de l’hémicycle votera sur l’ensemble du nouveau collège.
Ces deux derniers jours, Jean-Claude Juncker a rencontré tous les groupes parlementaires pour discuter de son programme et former une majorité.
À l’occasion d’un discours devant le groupe socialiste du Parlement européen le 8 juillet, il a répété son appel en faveur de la parité hommes/femmes. Il a notamment déclaré qu’« il se battra pour une forte représentation des femmes dans la Commission ».
« Il est difficile d’imaginer que le Parlement accepterait une Commission constituée de moins de femmes que l’actuel exécutif », a expliqué le porte-parole du Luxembourgeois le 9 juillet.
Au Parlement, les eurodéputés demandent aussi aux gouvernements nationaux de garantir la parité hommes/femmes au sein de la nouvelle Commission, même si le projet a peu de chance d’aboutir.
« Le président soutient Jean-Claude Juncker dans ses efforts visant à augmenter le nombre de [femmes commissaires].Ce n’est certainement pas suffisant. L’UE discute de quotas de femmes dans les conseils d’administration, elle devrait également garantir la parité en son sein aussi », a indiqué le porte-parole de Martin Schulz, le président du Parlement européen.
L’assemblée européenne est elle-même constituée de 37 % de femmes et 63 % d’hommes. Soit une très légère augmentation par rapport au précédent Parlement européen (35 % de femmes contre 65 % d’hommes).
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