L’objectif de scolarité primaire pour tous ne sera pas atteint en 2015, mais est en bonne voie. Mais malgré des taux de scolarisation en progression, la qualité de l’éducation s’affirme comme le grand sujet pour l'après 2015.
« Il ne suffit pas d’envoyer des enfants à l’école pour qu’ils apprennent » constate un représentant de la direction de la mondialisation au ministère des Affaires étrangères.
A l’occasion d’une table ronde organisée par l’Agence Française de Développement sur « les enjeux de la qualité de l’éducation », les difficultés mais aussi les lacunes de l’objectif d’accès à l’éducation primaire pour tous d’ici à 2015 ont été pointées. En ligne de mire des experts, le manque de prise en compte de la qualité de l'éducation.
« Les avancées en terme de scolarisation ont été inégales selon les pays » avance Valérie Tehio, responsable-adjointe de la division Education et Formation professionnelle de l’AFD. Selon le dernier rapport de l’ONU l’objectif du millénaire de l’éducation primaire, en 2011, 57 millions d’enfants en âge d’être scolarisés à l’école primaire ne l’étaient pas. Une belle amélioration par rapport au 102 millions d’enfant hors du système scolaire en 2000.
En Afrique subsaharienne, le taux de scolarisation en école primaire s’élève à 77% en 2011, contre 60% en 2000. Cela reste encore loin de l'objectif d'accès universel prévu d’ici à 2015, dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement (OMD).
Un agenda réducteur
«Cependant, l’agenda des OMD sur l’éducation primaire a été réducteur car il est trop orienté vers un critère unique : celui de la scolarisation » regrette Valérie Tehio. « Il faut maintenant allez vers des critères prenant en compte la qualité de l’éducation » soutient-elle.
L’absence d’objectif en matière de qualité de l’enseignement à certains effets pervers. « Aujourd’hui, 250 millions d’enfants, qu’ils soient scolarisés ou non, ne savent ni lire, ni écrire, ni compter » explique Valérie Tehio.
La lutte pour la scolarisation se heurte à d’autres problèmes. Le sentiment d’exclusion et de rejet des populations en situation d’extrême pauvreté entraîne souvent des abandons et la déscolarisation précoce, l’absentéisme, etc.
« Les élèves en situation d’extrême pauvreté se sentent discriminés par leurs camarades de classes, les parents d’élèves et parfois même les enseignants » souligne Roland Biache, délégué général de l’ONG Solidarité laïque.
En résulte un taux élevé d’abandon de scolarité dans les régions les plus pauvres. En Afrique subsaharienne, un peu plus de deux élèves sur cinq qui ont commencé l’école primaire en 2010 ne poursuivront pas jusqu’à la dernière année, relève l’ONU dans son rapport 2013.
Des indicateurs à réinventer pour l’après 2015
Pour améliorer l’éducation dans les pays en voie de développement, l’institut des statistiques de l’UNESCO et la Brookings Education ont lancé une consultation de 18 mois afin d’élaborer un nouvel objectif dans le secteur de l’éducation pour l’agenda du développement post-2015.
La principale difficulté rencontrée lors de la consultation est de dégager un consensus global sur les indicateurs pour évaluer une éducation de qualité. « Quels apprentissages sont importants ? Les fondamentaux à acquérir dans l’enseignement primaire ne font pas l’objet d’un consensus entre les pays du nord et du sud. Pour le Nord, il s’agit des compétences tandis que le Sud met davantage l’accent sur les valeurs » souligne Valérie Tehio.
Au-delà de la difficulté de définition, ce sont aussi les capacités des pays ou des régions en développement à suivre des indicateurs de qualité des apprentissages et à mesurer la performance qui semblent difficile à mettre en oeuvre.