La gauche et les petits partis boudés par les médias pour les européennes

Le parti d'Europe Citoyenne de Corinne Lepage s'interroge sur les temps de parole des candidats

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a lancé une « vive alerte » sur les temps de parole des candidats dans les médias audiovisuels. A 10 jours du scrutin, les petits partis, les Verts et l’extrême-gauche sont sous-représentés.

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a dénoncé mercredi 14 mai « l’existence de profonds déséquilibres dans la répartition des temps de parole » des candidats aux élections européennes. Le principe d’équité ne serait selon lui pas appliqué.

Les temps de parole constatés entre les différentes formations politiques sont effectivement répartis inégalement selon les candidats, que ce soit sur les chaînes de télé ou les radios généralistes, pour la période du 14 avril au 9 mai, soit trois semaines cruciales pour un suffrage se tenant le 25 mai.

Petits partis et partis de gauche aux abonnés absents

Le CSA a aussi observé que certaines formations politiques n’avaient pas encore bénéficié d’un accès aux antennes, et en conséquence a « alerté vivement les responsables des chaînes de télévision et de radio, notamment généralistes privées, sur la nécessité de veiller à respecter le principe d’équité avant la fin de la période d’application de la recommandation n° 2014-2 du 2 avril 2014, en exposant de manière adéquate les formations politiques présentant des listes aux élections européennes. Il leur reste dix jours pour ce faire »

Le CSA a aussi indiqué avoir adressé des observations détaillées aux chaînes et radio.

Les radios comme les télévisions ont tendance à surexposer les gros partis UMP et PS, mais aussi l’extrême droite. En revanche, les temps d’antenne de la gauche de la gauche sont nettement plus réduits, si l’on en croit les statistiques établies par le CSA pour la télé, la radio et les chaînes d’information, sur période du 14 avril au 9 mai. Le parti des Verts, qui avait 17 eurodéputés durant la précédente législature, est notamment particulièrement absent de la campagne des médias audiovisuels. « On ne nous invite pas, il n’y a parfois que les trois premiers partis que les chaînes vont convier, ce qui donne un prisme très droitier à la campagne». indique-t-on du côté des Verts.

Surreprésentation des partis de droite

Ainsi France Info a accordé 21 % de son temps de parole au Front national, contre seulement 17 % au Parti socialiste et 20 % à l’UMP. Si l’on ajoute à cela 6,2 % pour Debout la République, le parti de droite dure de Nicolas Dupont Aignan, la droite cumule 47 % du temps de parole sur la principale radio d’information, 70 % si l’on classe à droite les centristes de l’alliance MoDem/UDI. En revanche le Front de Gauche n’a eu aucun temps d’antenne entre le 14 et le 9 mai.

Pour les chaînes de télé, les déséquilibres vont dans le même sens, mais surtout aux dépens des Verts : EELV n’a eu droit du 14 avril au 9 mai qu’à un bref passage sur France 3, mais rien sur TF1 et France 2.

« Les débats opposent la droite et l’extreme droite sur des thématiques biaisées, comme l’immigration. Donc nous ne pouvons même pas exposer notre projet s’indigne Karima Delli», porte-parole d’EELV pour la campagne européenne. En un mois, la candidate tête de liste pour le Nord-Ouest a fait une seule émission de télé, sur France 3 le 14 mai. «Mais on était quatre et le débat a tourné autour de l’immigration !».

Elle constate aussi que les cumulards sont favorisés : les chefs de partis qui sont aussi candidats sont très souvent invités. Chez les Verts, le non-cumul est au contraire la règle.

« Il faut prendre au sérieux ce que dit le CSA, parce que cela révèle un vrai malaise de la démocratie » conclut l’eurodéputée.

 

Temps d’antennes réduit pour les élections européennes

La chaîne privée TF1 se distingue aussi par un temps d’antenne des politiques très réduit : 14,4 minutes réparties entre PS, UMP et Front national, et aucune présence des centristes ni des partis d’extrême gauche. Sans parler des petits partis, qui tirent la sonnette d’alarme.

Les candidats dénoncent aussi le temps de parole total accordé au sujet des élections européennes. « Le CSA aurait du probablement tirer une sonnette d’alarme sur la faiblesse du traitement de cette campagne à commencer par le service public qui sur 3 chaînes a réussi l’exploit de consacrer 2h20 d’émission sur le sujet. Légère contradiction avec la campagne de publicité payée dans la presse » assure le parti de Corinne Le Page, Europe Citoyenne.

 

Le parti Europe Citoyenne s'interroge sur l'efficacité du CSA au sujet des temps de parole.

Il y a une semaine après une saisie du Conseil d’État, le CSA estimait qu’une campagne se jugeait sur la longueur et qu’il n’y avait pas de problème de temps de parole. Aujourd’hui le CSA lance une vive alerte sur les temps de parole alors qu’il ne reste que 9 jours de campagne.

Au 9 mai, les listes Europe Citoyenne ont bénéficié d’un temps de parole de O min sur les antennes de France Info, France Culture, France musique, Radio classique, BFM Business, RMC, RTL, Europe 1, Sud radio, Canal +, M6, D8, RMC Découverte, les journaux de France 5 et on ne compte pas les temps inférieurs à 3 minutes.

 

La loi charge le CSA de faire respecter l'équité des temps de parole entre les candidats aux élections, et d'organiser la campagne audiovisuelle officielle qui précède le scrutin.

Dans une décision du 30 avril 2014, le Conseil a fixé les conditions de production, de programmation et de diffusion des émissions relatives à la campagne officielle.

Les temps de parole des représentants des partis politiques ou des candidats sont cumulés au cours d’une première période qui couvre six semaines entre le 14 avril au 23 mai 2014. Les chaînes communiquent au Conseil leurs relevés à cinq reprises. 

À l’occasion de chaque transmission, le Conseil intervient auprès des chaînes lorsqu’il constate des déséquilibres.

25 mai : élections européennes

Conseil supérieur de l'audiovisuel

Vive alerte du CSA à 10 jours du scrutin

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