L’entrée en fonction de la Commission Juncker, prévue le 1er novembre prochain, va provoquer une législative partielle pour remplacer Pierre Moscovici à l’Assemblée nationale. Une situation qui menace la majorité socialiste.
La prise de fonction de la Commission Juncker pourrait bien sonner le glas de la majorité absolue des socialistes français à l’Assemblée nationale.
Le commissaire français entrant, Pierre Moscovici, député de la quatrième circonscription du Doubs, doit laisser son siège le jour même de l’entrée en fonction de la nouvelle Commission européenne, le 1er novembre, les commissaires européens ayant interdiction d’exercer un autre mandat.
Son départ provoquera de fait l’organisation d’un législative partielle dans sa circonscription, alors que la majorité absolue des socialistes à l’Assemblée nationale ne tient plus qu’à un fil
Entrée en fonction le 1er novembre
En effet, le poste de commissaire européen ne fait pas partie des fonctions pour lesquelles un député peut laisser son siège à son suppléant. Selon le code électoral, seules les fonctions de membre du Conseil constitutionnel, de Défenseur des droits ou de membre du gouvernement prévoient qu’un député puisse faire appel à son suppléant.
L’exécutif européen doit officiellement entrer en fonction le 1er novembre, une date adoptée par les 28 chefs d’États et de gouvernement le 22 octobre lors du sommet européen.
Pas de dérogation
« Le Conseil européen a décidé par voie légale que le mandat de la Commission Juncker commencerait le 1er novembre. Cela signifie que M. Moscovici ne peut pas occuper deux mandats le jour de l’entrée en fonctions de la nouvelle Commission européenne » a insisté un porte-parole du président Jean-Claude Juncker interrogé par EURACTIV.fr
Du côté des socialistes, la question d’une éventuelle prise de fonction décalée de quelques jours pour le commissaire français ne semble pas être une option.
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Tentative ratée
Face à un calendrier verrouillé du côté de Bruxelles, le gouvernement français avait pourtant pensé trouver la parade.
En mai dernier, alors que la candidature de Pierre Moscovici pour le poste de commissaire européen semblait déjà bien engagée, le gouvernement a chargé l’ancien ministre d’une mission parlementaire de six mois sur la contribution des politiques européennes à la croissance et à l’emploi.
Cette mission, dont le décret date du 5 mai, devait permettre à Pierre Moscovici de faire campagne auprès de ses pairs européens, mais aussi de conserver son mandat de député jusqu’au 6 novembre.
En effet, dans le cas de la « prolongation au-delà du délai de six mois d’une mission temporaire confiée par le Gouvernement », un député peut également se faire remplacer par son suppléant, et échapper à une nouvelle élection. .
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Mais le calendrier de prise de fonction de la Commission européenne a fait échouer, à quelques jours près, le passage de témoin entre Pierre Moscovici et son suppléant Frédéric Barbier.
Il aurait pourtant suffi d’annoncer la mission de Pierre Moscovici quelques jours plus tôt, pour que celle-ci prenne fin avant le 1er novembre, ou compter sur un retard dans la prise de fonction de la Commission, jugé possible après le rejet par les parlementaires européens de la candidature de la commissaire slovène, Alenka Bratušek et la prise le retard qui s’en est suivi.
Situation explosive
Inévitable, la législative partielle met sa famille politique dans une situation délicate.
Après les élections législatives de 2012, les socialistes avaient remporté 295 des 477 sièges au palais Bourbon.
Mais ils ont depuis perdu plusieurs sièges au gré des législatives partielles, et la perte éventuelle de celui de Pierre Moscovici les ferait passer sous la barre de la majorité absolue (289 sièges), nécessaire par exemple pour l’adoption des lois organiques.
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En 2012, Pierre Moscovici avait été élu dans une triangulaire face aux candidats du Front national et de l’UMP. Mais la partie pourrait être beaucoup plus serrée aujourd’hui, alors que le gouvernement de François Hollande est au plus bas dans les sondages et suite aux résultats catastrophiques du parti socialiste lors des dernières élections, en mars (municipales) et en mai 2014 (européennes).