L'allemand Martin Schulz sera bien le chef de file des socialistes pour les élections européennes en mai 2014. Une annonce sans surprise qui conclut un processus de sélection où l'actuel président du Parlement européen n'avait aucun adversaire.
Martin Schulz sera la tête d'affiche de la campagne socialiste pour les élections européennes à venir. Une position qui le propulse également candidat à la présidence de la Commission européenne et potentiel successeur du portugais José Manuel Barroso.
Désigné par son propre parti, le SPD allemand, il a reçu le soutien de 19 des 28 partis membres européens, a annoncé le Parti socialiste européen (PSE) le 6 novembre.
« Le soutien [des partis membres] m'encourage énormément », a-t-il déclaré. Le ministre irlandais à l'Éducation et trésorier du PSE, Ruairi Quinn, a qualifié le soutien des partis d'« appui massif ».
Aucun autre candidat ne s’est présenté comme figure de proue de la campagne socialiste, laissant Martin Schulz sans concurrent. Bon nombre d'observateurs avaient misé sur l’homme politique allemand ces derniers mois.
Une période pendant laquelle le président du Parlement s'est montré enclin à participer à la course à la tête de la Commission européenne. Lors de l'annonce de sa candidature, il a souligné que l'euroscepticisme et le chômage des jeunes seraient ses principaux thèmes de campagne.
« Des partis s'opposent ouvertement à l’idée d'Europe. Je veux mener le débat sur le type d'Europe que nous voulons », a-t-il déclaré. L'UE doit « regagner la confiance de ses citoyens, qui perdent foi dans le fait que les institutions peuvent protéger les intérêts sociaux et individuels », a-t-il ajouté.
Évoquant la situation désastreuse de l'emploi en Europe, Martin Schulz a indiqué que « la plus haute priorité était de donner des opportunités aux jeunes. Pour un social-démocrate et d'autres personnes en Europe, cette situation est inacceptable. La région la plus riche du monde devrait le rendre à ses citoyens. »
Dans les mois à venir, Martin Schulz sollicitera les partis socialistes en Europe afin qu’ils le soutiennent officiellement lors du congrès électoral du parti à Rome, le 1er mars 2014. Le parti adoptera également son manifeste lors de ce congrès.
Les dangers de la campagne paneuropéenne
Les socialistes européens ont également discuté à huis clos de leur programme commun pour les élections européennes lors d'une réunion de la présidence le 6 novembre.
Ruari Quinn a expliqué à EURACTIV que le manifeste sera « concis » et que « la campagne variera en fonction des pays ». « Nous devons adapter la campagne à chaque État membre en respectant leur culture politique. »
« En Irlande, le portrait de Martin [Schulz] sera imprimé sur les tracts de campagne et nous le mettrons en avant comme notre candidat pour la présidence de la Commission », a-t-il ajouté.
Mais ce ne sera peut-être pas le cas dans tous les pays, car la nationalité allemande du président du Parlement pourrait influencer le comportement électoral, selon des analystes.
En juin, l'institut de sondage Gallup a publié le rapport EU Elections 2014 coutdown: One year to go. Il a demandé si la nationalité d'un candidat commun pouvait empêcher la population de voter pour un parti. En moyenne, 37 % des personnes interrogées dans six pays ont déclaré que cela pourrait influencer leur choix.
La réputation de l'Allemagne est très mauvaise dans les pays frappés par la crise, comme l'Espagne, la Grèce ou le Portugal. Des milliers de Grecs ont manifesté lors de la visite de la chancelière allemande, Angela Merkel, en octobre.
Le parti socialiste et toutefois convaincu que la nationalité de Martin Schulz n'aura aucune influence. « Cela ne risque pas de jouer en défaveur de notre candidat », explique Brian Synnott, le coordinateur de la presse et de la communication web du PSE.
« Le soutien que Martin [Schulz] a reçu du parti membre grec montre qu'il n'y a pas de risques. C'est l'affiliation politique qui importera dans les élections du Parlement européen, non la nationalité. »
Le programme de campagne, qui doit être finalisé dans quelques mois, déterminera si Martin Schulz fera campagne dans chaque État membre.
Les négociations de coalition en Allemagne
Même si le titre de candidat socialiste à la présidence de la Commission est dans sa poche, Martin Schulz devra surmonter beaucoup d'autres obstacles avant d'accéder à la tête de l'exécutif européen.
Après les élections du 22 au 25 mai, le Conseil européen désignera un candidat « en prenant compte » des résultats des élections (voir « Contexte). Le Parlement s'exprimera ensuite sur cette proposition.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a méprisé les tentatives des partis visant à mettre en avant leur propre candidat. Elle a indiqué qu'il n'y a aucun « lien automatique entre le nombre de votes et [les hautes fonctions] à pourvoir ».
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Outre la formation nécessaire d’une coalition au prochain Parlement européen en vue de soutenir sa candidature, Martin Schulz aura donc besoin de l'approbation du gouvernement allemand.
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À Berlin, nul ne connaît l'issue des discussions en cours sur la formation d'un gouvernement de coalition. Martin Schulz aide le SPD à négocier un accord, mais nie que sa candidature au poste de président de la Commission fait l'objet de discussions.
« Les médias semblent savoir ou penser que c'est le cas, mais je ne suis pas au courant que c’est sur la table », a-t-il indiqué. L'eurodéputé allemand Jo Leinen avait expliqué à EURACTIV que les socialistes allemands avaient fait pression pour que ce sujet fasse partie de l'accord de coalition.