De nombreux électeurs s’interrogent encore sur leur vote, notamment à gauche. Des hésitations qui témoignent de la faible capacité à convaincre des candidats.
Les sondeurs sont au comble du stress, les hauts fonctionnaires s’interrogent sur leur futur et les militants ne dorment plus à quatre jours de l’élection présidentielle dont les derniers sondages attestent d’un suspens historique avec quatre candidats relativement proches.
Emmanuel Macron, crédité de 23% des intentions de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle, devance Marine Le Pen, (22,5%), François Fillon (19,5%), et Jean-Luc Mélenchon, (19%), selon un sondage Ipsos Sopra-Steria pour le Cevipof et Le Monde publié mercredi 19 avril.
Mais les hésitations des électeurs sont trop souvent oubliées. Nombre d’entre eux font face à un vrai doute existentiel à quelques jours du vote.
C’est le cas de Serge, fonctionnaire au service de la justice, qui ne sait toujours pas pour qui voter. Malgré 25 ans d’expérience électorale, cet écolo historique se sent un peu perdu. « C’est la première fois que ça m’arrive. Vraiment je ne vois pas quoi faire, c’est l’angoisse », assure cet Européen convaincu déçu par Benoît Hamon, qui reproche à Emmanuel Macron de paraître « creux et opportuniste », et à Jean-Luc Mélenchon de ne pas adhérer au projet européen.
Malaise électoral
L’indécision de Serge est révélatrice d’un malaise nouveau chez les électeurs français, et très présent chez les électeurs habituels de la gauche. Selon un sondage Odoxa, 43 % des électeurs traditionnels du Parti socialiste sont encore indécis, contre seulement 29 % des centre-droit.
La campagne de Benoît Hamon n’a visiblement pas convaincu l’électorat traditionnel du Parti socialiste, et les défections en faveur du camp Macron se sont multipliées. Même le président François Hollande, qui a prévu de se manifester entre les deux tours en faveur d’un des candidats, penche visiblement pour son ex-conseiller plutôt que pour le candidat du parti dont il fut le secrétaire général.
En revanche, Jean-Luc Mélenchon, vieux routard du Parti socialiste où il est resté 32 ans avant de créer le Front de Gauche en 2008, a fait une excellente fin de campagne si l’on en croit les sondages : il est passé de 12 % à 19 % des intentions de vote en quelques mois seulement.
Après avoir marqué des points lors du débat télévisé du 22 mars, le candidat auquel s’est rallié le Parti communiste séduit des électeurs qui n’ont jamais voté aux extrêmes. Celui qui accusait encore mi-2016 les Polonais de venir « manger le pain des Français » dans le cadre du détachement des travailleurs, ou qui n’hésite pas à qualifier le Parlement européen, qui le fait vivre, de « simulacre de Parlement », a nettement mis de l’eau dans son vin durant la campagne. Au point de gagner du terrain au sein de la gauche traditionnelle.
Faible performance de candidats
Inhabituelle, l’indécision des électeurs signe surtout la faible performance des candidats pour convaincre, selon Madani Cheurfa, secrétaire général du Cevipof. Le chercheur explique dans une tribune au Monde que les électeurs les plus indécis sont sans doute, aussi, les plus consciencieux, et qu’une grande partie des électeurs s’était aussi décidée au dernier moment en 2012.