Dans un article publié le 18 août dans La Tribune du dimanche, les principaux dirigeants du parti de gauche la France insoumise (LFI) — dont Jean-Luc Mélenchon — menacent d’engager une procédure de destitution contre le président français. Ils dénoncent un « coup d’État institutionnel contre la démocratie » au sujet de la nomination du prochain Premier ministre.
Avec la fin de la « trêve olympique » en France, les discussions sur le prochain Premier ministre se sont intensifiées.
« Emmanuel Macron serait sur le point de nommer un chef de gouvernement sans tenir compte du résultat des dernières élections législatives », peut-on lire dans le texte paru dans l’édition du 18 août de La Tribune du dimanche, qui dénonce un « coup d’État institutionnel contre la démocratie ».
Face à cet « abus de pouvoir », les dirigeants du parti d’extrême gauche La France insoumise (LFI) invoquent le déclenchement de l’article 68 de la Constitution. Celui-ci prévoit la destitution du chef de l’État en cas de « manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat ».
Après de longues négociations, les représentants de la coalition de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP), arrivée en tête des élections législatives anticipées du 7 juillet avec 193 députés, mais loin de la majorité absolue de 289 députés, se sont mis d’accord sur un nom le 23 juillet. Ils ont proposé Lucie Castets au poste de Première ministre, une haute fonctionnaire de 37 ans inconnue du grand public.
Quelques heures avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, Emmanuel Macron a rejeté cette proposition.
« La question n’est pas celle d’un nom. La question est de savoir quelle majorité on peut trouver à l’Assemblée pour qu’un gouvernement français puisse faire passer des réformes, voter un budget et faire avancer le pays », avait-il déclaré sur France 2.
Reste que cette majorité est actuellement introuvable, et que les différents noms qui circulent pour occuper le poste sont loin de faire l’unanimité, comme le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, membre du parti Les Républicains (LR), ou le socialiste Bernard Cazeneuve, qui occupait déjà le poste de Premier ministre sous la présidence de François Hollande.
Consultations politiques
Pour tenter de rééquilibrer la situation, le président Emmanuel Macron doit rencontrer les chefs des partis et des groupes politiques représentés au Parlement ce vendredi 23 août.
« La nomination d’un Premier ministre découlera de ces consultations et de leurs conclusions », a annoncé l’Élysée dans un communiqué de presse le 16 août.
Pour réunir une majorité au gouvernement, le président français devrait à nouveau tenter de diviser la coalition du NFP et de débaucher les socialistes les plus frileux face aux sorties offensives de LFI. Mais les dirigeants de LFI, du Parti socialiste (PS), du Parti communiste (PC) et des Verts semblent pour l’instant réussir à maintenir leur unité, malgré des divergences stratégiques évidentes.
Le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a souligné que la tribune demandant la destitution d’Emmanuel Macron n’avait été signée que « par les dirigeants de LFI », qu’elle « n’engage que leur mouvement », et que la destitution serait de toute façon « impraticable », puisqu’elle nécessiterait une majorité des deux tiers au Parlement et au Sénat.
De son côté, la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, a déclaré à l’AFP qu’elle consacrait toute son énergie « à faire en sorte que Lucie Castets soit nommée le plus rapidement possible ».
Il y a une semaine, Lucie Castets a envoyé une lettre à tous les députés français, à l’exception de ceux du mouvement d’extrême droite Rassemblement national (RN) et de leurs alliés, pour leur rappeler qu’elle entendait rassembler au-delà des rangs du NFP.
Il lui reste une semaine pour les convaincre.