La Commission européenne compte s’attaquer au détournement de données personnelles tirées des réseaux sociaux à l’approche des européennes de 2019.
Après le scandale de Cambridge Analytica, qui avait acheté des données à Facebook, la Commission européenne compte interdire aux partis européens de récolter des données en ligne pour percer lors des européennes, indique le Financial Times. Toute modification des textes devra cependant être approuvée par les gouvernements et le Parlement européen. Contactée par Euractiv, la Commission n’a pas souhaité donner plus de détails.
En cas d’infraction de ces nouvelles règles, des amendes allant jusqu’à 5 % du budget du parti en question pourraient être imposées. La proposition doit encore être finalisée, mais toutes les parties prenantes veulent conclure le processus le plus rapidement possible, étant donné que les élections auront lieu en mai 2019.
La proposition pourrait également inclure des mesures contre le « micro-ciblage », qui permet de contacter des utilisateurs des réseaux sociaux sans leur accord préalable. Il y a quelques mois, l’institut britannique des professionnels de la publicité (IPA) a appelé à un moratoire sur l’utilisation du micro-ciblage.
« La politique dépend de la place publique, d’un débat ouvert et collectif », souligne la présidente de l’IPA, Sarah Golding. « Nous estimons que les publicités politiques micro-ciblées contournent la place publique. De très petits groupes d’électeurs peuvent être visés par des messages spécifiques qui n’existent sur le Net que très brièvement. »
« En l’absence de réglementation, nous estimons que cette forme presque cachée de communication politique peut facilement mener à des abus », conclut-elle.
Un rapport publié en juillet par le bureau du commissaire à l’information britannique, l’autorité de protection des données du gouvernement britannique, liste une série de recommandations sur l’utilisation des données personnelles à des fins politiques.
Ces appels pour une réglementation de l’utilisation des données lors des campagnes électorales suivent la publication d’un rapport de l’autorité estonienne des systèmes d’information, qui prévient que les élections européennes de l’année prochaine entraineront sans doute des cyberattaques importantes.
L’étude estonienne mentionne notamment les « systèmes auxiliaires », définis comme les « partis politiques ou agences gouvernementales qui tentent d’influencer les habitudes électorales par des moyens détournés ».
Julian King, le commissaire européen à la sécurité, a également souligné les menaces qui pèsent sur l’intégrité des élections au vu des avancées technologiques. « La protection des processus démocratiques, qui forment l’essence même de notre société ne peut être remise à demain. C’est un chantier de la plus grande importance dès aujourd’hui, qui nécessite une action immédiate », a-t-il indiqué.