De difficiles négociations s’annoncent en Thuringe et en Saxe pour faire barrage à l’extrême droite

Mario Voigt (CDU), président de la CDU en Thuringe et tête de liste, quitte un débat des têtes de liste dans un studio de télévision aux côtés de Björn Höcke (AfD), chef du parti et du groupe parlementaire de l'AfD en Thuringe et tête de liste, et de Katja Wolf, tête de liste de l'alliance Sahra Wagenknecht (BSW) en Thuringe. [Photo: Michael Kappeler/dpa (Photo by Michael Kappeler/picture alliance via Getty Images)]

Les négociations s’annoncent complexes dans l’est de l’Allemagne. Afin de maintenir un « cordon sanitaire » contre l’extrême droite, les conservateurs de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) vont devoir travailler avec le nouveau mouvement de gauche de l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) en Saxe et en Thuringe.

Le mouvement d’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD, Europe des nations souveraines), est arrivé en tête des élections régionales en Thuringe dimanche 1er septembre avec 32,8 % des voix, marquant ainsi sa toute première victoire à des élections régionales en Allemagne.

« L’AfD a reçu un mandat sans équivoque pour gouverner en Thuringe », a déclaré Alice Weidel, codirigeante du parti, à la chaîne de télévision ZDF dimanche soir. « Le vote des électeurs est clair : ils veulent une coalition entre l’AfD et la CDU ».

Tous les partis, y compris le parti de droite conservatrice de l’Union chrétienne-démocrate (CDU, Parti populaire européen/PPE) — qui a obtenu 23,6 % des voix — ont cependant exclu de gouverner avec l’AfD, pour maintenir un cordon sanitaire contre l’extrême droite, que l’on appelle « Brandmauer » ou « pare feu » en Allemagne.

La CDU va donc être contrainte de former un gouvernement sans l’AfD, ce qui ne sera possible que si elle parvient à former une coalition avec le nouveau parti de gauche de l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW, Non-Inscrits).

Reconnaissant que le résultat du scrutin était délicat, le chef régional de la CDU, Mario Voigt, a annoncé qu’il voyait les négociations à venir comme « une opportunité de former un gouvernement stable ».

Au cours des cinq dernières années, la Thuringe a été gouvernée par une coalition minoritaire dirigée par le Premier ministre Bodo Ramelow, dont le parti de gauche Die Linke (GUE/NGL) a perdu plus de la moitié de ses voix, n’obtenant finalement que 13,1 % des suffrages.

Parallèlement, la BSW, un parti dissident de Die Linke et créé au mois de janvier dernier, est arrivé en troisième position de l’élection avec 15,8 % des suffrages.

La BSW a fait campagne avec le slogan « redonner un foyer à la paix », et a indiqué que le parti rejoindrait une coalition seulement si celle-si s’opposait aux livraisons d’armes à l’Ukraine et au positionnement de missiles de croisière américains en Allemagne.

Mario Voigt a néanmoins affirmé qu’il tendrait la main à la BSW et au Parti social-démocrate (SPD, Socialistes & Démocrates européens) de centre gauche dans le cadre de pourparlers de coalition, ajoutant « nous verrons ce que cela donnera en Thuringe ».

Toutefois, selon les résultats provisoires, même une telle coalition tripartite ne disposerait pas d’une majorité au Parlement régional.

Mario Voigt aura besoin du soutien supplémentaire de Die Linkedirigé par Bodo Ramelow en Thuringe, avec lequel la CDU ne gouverne habituellement pas puisqu’il s’agit du successeur du SED (Parti socialiste unifié d’Allemagne), le parti de l’Allemagne de l’Est.

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La patience est de mise

La situation est similaire en Saxe, où la CDU a remporté une courte victoire avec 31,9 % des voix, contre 30,6 % pour l’AfD. Alors que la coalition actuelle entre la CDU, le SPD et les Verts a perdu sa majorité, Michael Kretschmer, Premier ministre conservateur de la Saxe, ne pourra continuer à gouverner que s’il travaille avec la BSW ou Die Linke, aux côtés d’autres partenaires.

« La pire des options serait de ne pas avoir de gouvernement du tout », a-t-il annoncé à la chaîne de télévision ARD. « C’est pourquoi je dis qu’il faut beaucoup de dialogue. Il faut aussi de la patience. Et surtout, il faut affirmer clairement qu’il est d’abord question du pays, et non des programmes des partis ».

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Sahra Wagenknecht double ses exigences en matière de politique étrangère

De son côté, Sahra Wagenknecht, présidente de la BSW, a réaffirmé ses exigences en matière de politique étrangère.

« En particulier ici en Thuringe, où les gens ont connu cinq années de gouvernement minoritaire, ils veulent un gouvernement stable. Mais surtout, ils veulent un gouvernement qui représente leurs intérêts  », a-t-elle commenté à l’ARD dimanche soir.

Outre la gestion des questions régionales, cela signifierait « un gouvernement qui fait entendre sa voix au niveau fédéral et, surtout, qui prend position en faveur de la paix, de la diplomatie et contre les missiles américains », a martelé Sahra Wagenknecht.

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[Édité par Anna Martino]

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