L’AfD, parti allemand d’extrême droite, a obtenu des résultats historiques lors des élections en Saxe et au Brandebourg, mais la CDU et le SPD restent en tête.
Les chrétiens-démocrates d’Angela Merkel (CDU) gardent le pouvoir en Saxe avec 32 % des votes (contre 39,4 % lors des élections de 2014). De leurs côtés, l’AfD et les Verts (Alliance 90/Les Verts) affichent des résultats historiques, respectivement 27,3 % et 8,8 % (contre 9,7 % et 5,7 % lors des élections de 2014). Le SPD, lui, atteint son niveau le plus bas jamais enregistré avec 7,9 % (contre 12,4 % lors des élections de 2014).
Néanmoins, dans le Brandebourg, le SPD reste en première place avec 27,2 % (contre 31,9 % lors des élections de 2014). L’AfD a décroché 22,7 % des scrutins (contre 12,2 % lors des élections de 2014) et les Verts ont atteint 10,2 % (contre 6,2 % lors des élections de 2014).
Pour le parti de gauche, Die Linke, c’est la douche froide. Auparavant, le parti enregistrait pourtant de bons scores dans l’est de l’Allemagne. Mais l’électorat qui choisissait ce parti pour marquer son opposition s’est clairement tourné vers l’AfD.
30 ans jour pour jour après la chute du mur de Berlin, ces résultats traduisent une fragmentation accrue du paysage politique traditionnel allemand. Il s’agit par ailleurs d’une tendance observable à l’échelle européenne, comme le prouvent les résultats des élections européennes de mai 2019 : les conservateurs et les sociaux-démocrates perdent du terrain au profit des partis d’extrême droite et des Verts qui deviennent clairement des solutions alternatives et qui représentent donc de véritables opposants politiques.
Consolidation écolo
« Les Verts grappillent du terrain et confirment ainsi leurs bonnes performances lors des européennes. Dans le Brandebourg, ils affichent d’ailleurs des résultats record. Ils font cependant grise mine, car leur progression est moins importante que prévue. Si les prévisions confirment, les Verts auront plus de pouvoir », avait déclaré dimanche soir Arne Jungjohann, un scientifique et membre de la Green Academy, un groupe de réflexion lié à l’Alliance 90/Les Verts.
« Les élections de ce 1er septembre 2019 ont des effets sur le pouvoir législatif fédéral en Allemagne », a-t-il expliqué. Le Brandebourg et la Saxe détiennent tous deux quatre votes au Bundesrat, la chambre haute du parlement allemand.
Il a souligné que les Verts allemands siègent dans neuf coalitions du spectre politique et ils se sont établis comme un parti charnière dans le paysage politique allemand.
« Dans les deux länder, il est fort probable que les Verts rejoignent un gouvernement de coalition. Même si le score de l’AfD est remarquable, nous verrons donc sans doute émerger des coalitions plus progressistes », a-t-il indiqué.
Dans les prochaines semaines, la Saxe pourrait par exemple créer une coalition tripartite, avec la CDU, l’Alliance 90/Les Verts et le SPD. Il s’agirait « d’une coalition Kenya », car les partis partagent les couleurs du drapeau kenyan — une coalition avec l’AfD ayant été exclue.
« Si les Verts rejoignent l’une des coalitions ou même les deux, ils augmenteront leur influence au sein du législatif fédéral et façonneront ainsi des politiques dans des Länder qui, par exemple, sont d’une importance capitale pour la sortie du charbon prévue par l’Allemagne », a affirmé Arne Jungjohann.
La Saxe, à elle seule, produit 20 % de lignite brut de l’Allemagne, ce qui correspond à 3,5 % du lignite brut extrait dans le monde entier. Pour le Brandebourg, le charbon représente 4 500 emplois. Ces travailleurs craignent de ne pas trouver de travail, une fois que l’Allemagne aura mis un terme à l’industrie du charbon.
Le cabinet fédéral tente de dissiper les inquiétudes grâce à son nouveau projet de loi sur le renforcement structurel, qui a été présenté ce 27 août 2019.
Le Bundestag a ainsi promis 40 milliards d’euros pour la Rhénanie-du-Nord–Westphalie, le Brandebourg, la Saxe et la Saxe-Anhalt, afin de les aider à sortie du charbon.