Le gouvernement du chancelier Olaf Scholz fait ce week-end face à un sérieux test, alors que le résultat des élections qui vont se dérouler en Saxe et en Thuringe, dans l’est de l’Allemagne, pourrait remettre en question sa coalition au niveau fédéral.
Ces deux Länder ne comptent respectivement que quatre et deux millions d’habitants, soit moins de 8 % de la population allemande, mais les élections qui arrivent pourraient avoir un impact majeur sur l’ensemble de l’Allemagne.
« Le changement ne viendra pas de Berlin, mais de l’Est », clame ainsi l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti classé à l’extrême droite en Thuringe, par l’agence de renseignement intérieur de l’État.
Ces élections régionales sont ainsi « l’occasion d’envoyer un signal historique au-delà de la Thuringe pour toute l’Allemagne », soulignent les dirigeants du parti dans la région, Björn Höcke et Stefan Möller, promettant « le début d’un avenir meilleur, dans la prospérité, la dignité et la liberté ».
L’AfD est en tête des sondages dans ces deux Länder de l’est du pays, alors que les partis du gouvernement d’Olaf Scholz peinent à dépasser les 5% nécessaires pour conserver des représentants au sein des parlements régionaux.
Et nul doute qu’une telle catastrophe électorale pourrait ébranler la coalition fédérale, en particulier les sociaux-démocrates d’Olaf Scholz (SPD/S&D), qui n’ont jamais fait moins de 5% lors d’élections au niveau des Länder. Le SPD est pour l’heure crédité de 6% des intentions de vote, tandis que ses partenaires de coalition, les libéraux-démocrates (FDP) et les Verts, sont encore plus en difficulté.
« Il est déjà arrivé qu’un chancelier SPD (Gerhard Schröder) fasse dissoudre le Bundestag de manière détournée après une élection régionale », a déclaré la politologue Ursula Münch au Tagesspiegel jeudi. En 2005, Gerhard Schröder avait appelé à des élections anticipées après les 37% recueillis par le SPD en Rhénanie-du-Nord–Westphalie.
« Toutefois, contrairement à mai 2005, ce n’est pas le Land le plus peuplé d’Allemagne qui votera en septembre, mais trois Länder qui, ensemble, représentent environ 11,5 % de l’électorat », souligne-t-elle.
Après les élections en Saxe et en Thuringe ce week-end, le Brandebourg se rendra également aux urnes le 22 septembre.
Une dernière semaine de campagne dominée par l’immigration
Suite à une agression au couteau dans la ville ouest-allemande de Solingen vendredi dernier, la semaine a été dominée par des débats sur la politique migratoire de Berlin. Le gouvernement et l’opposition conservatrice de l’Union chrétienne-démocrate d’Allemagne (CDU) se sont livrés à une surenchère pour durcir les mesures contre les exilés, afin de tenter de récupérer l’électorat de l’AfD.
Selon les sondages, l’immigration est la question qui inquiète le plus les électeurs en Saxe. Malheureusement pour Olaf Scholz, les électeurs font davantage confiance à la CDU et à l’AfD pour résoudre ce problème. En Thuringe, la question arrive en deuxième position, et les électeurs estiment que l’extrême droite est davantage prête à y répondre.
Bien que les Länder n’aient pas officiellement voix au chapitre en matière de politique étrangère, la campagne électorale a inclus des discussions sur les livraisons d’armes à l’Ukraine, auxquelles de nombreux habitants de l’est de l’Allemagne sont opposés.
La question est largement débattue en Allemagne de l’Est, où beaucoup préconisent l’arrêt du soutien militaire à Kiev et appellent à des négociations de paix.
Cette position est fortement soutenue par le nouveau parti de gauche de l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW). « Nous ne participerons qu’à un gouvernement régional qui soutient la diplomatie et s’oppose aux préparatifs de guerre », a déclaré Sahra Wagenknecht, le chef du parti, en juillet.
L’AfD est en tête des sondages en Thuringe et en Saxe, mais le « cordon sanitaire » a jusqu’à présent tenu en Allemagne, tous les grands partis s’étant engagés à ne pas travailler avec le mouvement d’extrême droite. Cette situation risque toutefois de placer la CDU dans la position difficile et la forcer à chercher une coalition avec le BSW.