L’émiettement de la gauche française pour les européennes aiguise les appétits

La gauche risque de faire la course aux élections européennes "avec des mini-chevaux" selon un élu

De Ségolène Royal à Benoît Hamon en passant par les plates-formes citoyennes, les ambitions de la gauche se démultiplient à l’approche des  élections européennes de mai 2019. Au risque de  se neutraliser entre elles.

C’est peu dire que la gauche part en ordre dispersé aux élections européennes. « Nous sommes tous des nains, nous allons faire une course avec nos mini-chevaux, et en plus les gens sont contents », se lamente le ténor d’un des partis en lice.

Le Parti socialiste (PS), qui avait réuni 14 % des voix aux élections européennes de 2014, pourrait ne pas franchir la barre des 5 % des voix qui permet d’avoir des élus au Parlement européen. Ou comment passer d’une délégation de 13 élus à 0.

Le parti a éclaté autour de la campagne présidentielle de 2017, le candidat Benoît Hamon ne parvenant pas à convaincre la famille socialiste dans son ensemble. Après la déroute des présidentielles, le candidat malheureux a rapidement fait sécession, avec un mouvement, Générations, qui se situe plutôt sur l’aile gauche du parti.

D’autres, sur l’aile droite, ont rejoint La République En Marche. Au centre, le nouveau secrétaire du parti, Olivier Faure, est décrié. Faute d’argent, le parti  a du se séparer de son bastion historique, un bâtiment majestueux tout proche du musée d’Orsay : « Solfé », rue de Solférino, qu’il occupait depuis 40 ans.

« Personne ne veut aller aux européennes, parce que personne n’a envie de conduire un parti moribond », persifle une élue.

Chez Générations, les députés européens Edouard Martin, Isabelle Thomas et Guillaume Balas ont crée une « sous-délégation » au sein de la délégation du Parti socialiste, histoire de récupérer des fonds et de faire campagne sous une étiquette distincte. Leur mouvement n’est crédité que de 3 % d’intentions de vote pour l’instant.

La guerre est déclarée entre pro-européens et anti-migrants

En élargissant le centre de l’échiquier politique, Macron a provoqué une radicalisation de la rhétorique des partis traditionnels en France. En Europe, le clivage entre pro et anti-européens se creuse autour du thème des migrations.

 

Des plate-formes de réflexion citoyennes faute de parti rassembleur

C’est la France insoumise qui part a priori favorite dans cette course de mini-chevaux : les sondages promettent actuellement un score de 14 % au mouvement de Jean-Luc Mélenchon. Mais c’est sans compter les dissensions internes. L’ancien eurodéputé socialiste Liem Hoang Ngoc, qui avait rejoint La France insoumise à la fin de son mandat en 2014, s’est récemment désolidarisé de Mélenchon, après ses coups d’éclat contre la justice et les médias. Il se propose de créer une plate-forme de réflexion de gauche pour les européennes.

Une idée qui a aussi bon train au sein de la gauche moins radicale, puisque le philosophe Raphaël Glucksmann, l’économiste Thomas Porcher et la responsable d’ONG Claire Nouvian viennent de leur côté de lancer Place publique, un mouvement citoyen qui n’ambitionne pas, ou pas encore, de représenter une liste électorale.

Chez les Verts, la liste des candidats est déjà arrêtée, avec Yannick Jadot en tête. Mais elle fait encore débat. « D’une part parce que le débat ne s’arrête jamais chez nous, et d’autre part parce que certains contestent que Karima Delli ne soit qu’en 6ème place », assure une source chez les Verts. Le débat se crispe d’autant plus que les dernières réussites écolos aux élections en Belgique ou en Allemagne, les manifestations pour le climat ces dernières semaines en France ou les derniers eurobaromètres montrant une inquiétude croissante des citoyens pour l’environnement, tendent à faire des écologistes des éléments centraux des prochaines élections européennes.

L’hypothèse Royal

Devant cet émiettement, l’ancienne candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007 Ségolène Royal a fait part de son intérêt pour mener une liste, ce qui n’a pas eu l’air d’intéresser le PS outre-mesure. Actuellement ambassadrice des pôles arctique et antarctique, très mobilisée sur la question du climat, elle envisagerait désormais une liste d’union de la gauche selon Le Monde, autour de grands thèmes dont l’écologie. Certains membres du PS y seraient favorables, d’autres moins. Le jeu reste en tout cas ouvert en l’absence de candidatures évidentes.

La gauche européenne rêve d’alliance malgré ses divisions

Dans un projet de manifeste, le Parti de la gauche européenne se présente comme la « seule alternative » face aux conservateurs et à l’extrême droite, en dépit des divisions qui la fragilisent.

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