Dans son programme complet dévoilé le 2 mars, le candidat Emmanuel Macron a insisté sur l’Europe. « La zone euro n’a pas avancé par honte d’elle-même. Il faut oser l’Europe à plusieurs vitesses » estime le candidat.
Le candidat d’En Marche, actuellement en bonne position dans les sondages pour l’élection présidentielle, a déroulé in extenso son projet présidentiel jeudi 2 mars. Très centriste, et donc sans surprise très européen, l’ex-conseiller de François Hollande s’est lancé dans une profession de foi européenne plutôt rare en France. Le projet qu’il propose est tout à fait en phase avec le Livre blanc de la Commission européenne, dont un des scénario colle quasiment au projet Macron. Le candidat travaille en étroite collaboration avec des membres de l’exécutif européen, où il bénéficie d’une popularité maximale.
Devant un parterre impressionant de 400 journalistes, dont la télé chinoise et la majorité des correspondants étrangers installés à Paris, a articulé son propos en démarrant par le besoin de restaurer la crédibilité de la France auprès de l’Allemagne, en rétablissant les comptes publics. Il espère pouvoir le faire en six mois, afin de mettre en place par la suite une véritable politique d’investissement, et plus de solidarité dans la zone euro.
« Le couple franco-allemand est le cœur du réacteur, aussi bien de la zone euro que de l’UE. Il n’est pas la condition suffisante, mais il est la condition nécessaire de toutes avancées », a-t-il déclaré. « Je propose de restaurer la crédibilité de la France vis-à-vis de l’Allemagne, pour les convaincre dans les six prochains mois d’un vrai changement vers une politique d’investissement active et vers plus de solidarité en zone euro et en Europe. Nous en avons besoin parce que c’est l’avenir de l’Europe qui se joue », a-t-il insisté.
« Depuis 2008 nous n’avons pas réussi à reconstruire l’Europe. Depuis 2008 nous avons une génération perdue, qui n’a connu que l’absence de projet. Notre devoir c’est de reconstruire le rêve européen » a-t-il affirmé, en mettant l’accent sur le besoin d’une Europe à plusieurs vitesses.
Des vitesses différentes qui existent déjà
Selon Macron, l’Europe à plusieurs vitesses existe d’ores et déjà : celle des coopérations renforcées, des politiques d’opt-in, la zone euro. « Si la zone euro n’a pas avancé ces dernières années, c’est par honte d’elle-même, et par volonté de ne pas contrarier celles et ceux qui avaient préféré rester au balcon ou dans l’antichambre. Assumons une Europe à plusieurs vitesses. L’Europe s’est toujours construite par l’envie d’Europe. Or cela fait 10 ans qu’il n’y a plus d’envie d’Europe, donc ceux qui aiment l’Europe n’osent plus proposer quoi que ce soit » a analysé le candidat, estimant que « la pire chose, c’est attendre, et de ne plus oser avancer en voulant être homogène ».
À propos de l’austérité, le candidat qui se dit « progressiste » a condamné les erreurs des politiques de rigueur menées dans les pays du sud de l’Europe. Il a jugé que leurs crises découlaient de la crise de 2008, mais avait été amplifiées par des politiques de réformes structurelles menées de front avec les politiques de rigueur. Un cocktail responsable, selon lui, du manque de demande intérieure constaté dans l’UE.
« Notre Europe a besoin d’une politique de solidarité et de relance. Je ne propose pas de lever toutes les règles, mais d’avoir un budget, avec une possibilité de lever des fonds. Il faudra changer le mécanisme européen de stabilité et ensuite, investir dans l’éducation, les transports, etc. »
Buy European Act
Sur le fond, le candidat a décliné ses priorités pour l’Europe : le marché unique numérique, et le marché de l’énergie. « On doit avoir un prix plancher du CO2, sinon il n’y aura pas de vrai marché européen du carbone, et il n’y aura même pas de vraies politiques nationales derrière »
En matière commerciale, le candidat a proposé de lancer un Buy European Act, qui serait réservé aux entreprises localisant la moitié de leur production effectivement en Europe.