L’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) allemande et le SMER — social-démocratie du Premier ministre slovaque Robert Fico ont déclaré que la formation d’un nouveau groupe de « gauche-conservative » était encore lointaine.
La BSW, formée après le départ de ses membres du principal parti de gauche en Allemagne, Die Linke, est rapidement devenu une force majeure dans la politique allemande. Au niveau européen, l’Alliance souhaitait former un nouveau groupe au Parlement européen. Cependant, elle n’y est toujours pas parvenue.
Un eurodéputé de l’alliance de gauche tchèque Stačilo ! (Assez !), qui dispose de deux sièges au sein de l’hémicycle européen, a suggéré cette semaine que la BSW allemande pourrait former un nouveau groupe avec Stačilo ! et le SMER d’ici un an.
Une première réunion de coordination entre les trois groupes était prévue pour ce mercredi 11 septembre.
Le chef de file de la BSW au Parlement européen, Fabio de Masi, a laissé entendre jeudi que son parti était ouvert à un rapprochement.
« Nous échangeons actuellement des points de vue sur la coopération technique avec les forces politiques qui sont en faveur d’initiatives diplomatiques, d’investissements publics et de la justice sociale et qui n’appartiennent pas à un groupe politique », a confié l’eurodéputé à Euractiv.
Un porte-parole du SMER slovaque a également annoncé à Euractiv Slovaquie que ses eurodéputés « sont intéressés par une coopération étroite avec les partis de gauche-conservateurs, y compris la BSW et Stačilo ! », mais « qu’il n’y a pas lieu de commenter davantage la situation ».
Il est toutefois à noter que le SMER avait précédemment exprimé son désir de redevenir membre du groupe des Socialistes et Démocrates européens (S&D), comme l’avait déclaré Katarína Roth Neveďalová, députée du parti, avant les Européennes de juin. Les eurodéputés SMER avaient été suspendus du groupe S&D en octobre 2023.
Parallèlement à cela, le parti italien Mouvement 5 étoiles (M5S), qui a négocié avec la BSW avant de rejoindre le groupe de La Gauche (GUE/NGL) au Parlement européen, a indiqué à Euractiv qu’il ne chercherait pas à renforcer sa coopération avec les partis conservateurs de gauche.
De son côté, Fabio de Masi a précisé que le lancement imminent d’un groupe formel au Parlement européen n’était pas à l’ordre du jour.
« Les conditions pour la formation d’un groupe parlementaire ne sont pas réunies à l’heure actuelle et ce débat arrive donc trop tôt », a-t-il expliqué.
En effet, selon les règles de l’Union européenne (UE), tout groupe politique doit comprendre au moins 25 eurodéputés issus de sept États membres pour former un groupe parlementaire. Les trois partis mentionnés pour rejoindre un éventuel groupe de gauche conservatrice ne disposent ensemble que de 13 députés issus de trois pays.
Positions communes
Les partis qui pourraient se réunir au sein de ce groupe semblent partager des positions communes sur plusieurs dossiers. Par exemple, ils se considèrent tous comme des partis de gauche sur le plan économique et conservateurs sur le plan social.
Sur la question de l’immigration, ils préconisent tous une augmentation des contrôles, comme la BSW qui explique que l’État allemand est débordé par l’afflux d’exilés.
Les mouvements de cette nouvelle alliance préconisent également une solution diplomatique à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, et s’opposent à la poursuite des livraisons d’armes à Kiev et aux sanctions contre la Russie.
Ils se méfient également du Pacte vert pour l’Europe (Green Deal), qu’ils considèrent comme une menace pour les emplois et les industries dépendant des énergies fossiles.
« Il est encourageant de voir qu’il y a des partenaires au Parlement européen avec lesquels nous pouvons lutter pour la paix et la normalisation des relations avec la Russie », a déclaré le porte-parole du SMER à Euractiv Slovaquie.
Plus important encore, les partis sont non inscrits au Parlement européen et restent donc désavantagés dans les discussions parlementaires, notamment au niveau de l’attribution de postes clés et de financements. Cette situation pourrait les encourager à former un groupe.
Si aucun groupe ne devait être formé, Fabio de Masi a déclaré que la BSW cherche à « accroître nos droits et notre efficacité en tant que députés non-inscrits ».
[Édité par Anne-Sophie Gayet]