Le récent succès électoral du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans les Länder de Thuringe et de Saxe a suscité une vague de réactions de la part des responsables politiques de l’Union européenne (UE).
Le Premier ministre tchèque Petr Fiala (ODS, CRE) a déclaré que « le renforcement des mouvements politiques radicaux et extrêmes en Allemagne n’est pas bon pour l’Allemagne, mais n’est pas bon pour la République tchèque non plus ».
Il a également lié le succès de l’AfD à la question de l’immigration clandestine incontrôlée, qu’il a qualifiée de préoccupation croissante dans toute l’Europe.
« Le problème doit être abordé au niveau européen. Des procédures d’asile plus rapides en dehors de l’UE, une politique de retour plus efficace, des contrôles plus stricts et une action plus vigoureuse contre les passeurs — il n’y a pas d’autre moyen de sortir de cette situation », a-t-il affirmé lundi 2 septembre.
Dans le petit Land de Thuringe, l’AfD (Europe des nations souveraines) est arrivée en tête des sondages avec 30,5 % des voix dimanche 1er septembre, tandis que la CDU (PPE) de centre droit a obtenu 24,5 %, devant le nouveau parti populiste de gauche BSW, qui a recueilli 16 % des suffrages.
En Saxe, la CDU l’a emporté de justesse avec 31,5 % des voix, devant l’AfD, qui a obtenu 30 %.
Au moment de la publication de l’article, Petr Fiala est le seul chef de gouvernement de l’UE à avoir directement commenté la situation.
Les échecs de la gauche
L’eurodéputée française Manon Aubry de La France insoumise (La Gauche) a indiqué que le succès de l’AfD, ainsi que la forte progression du parti d’extrême gauche BSW dirigé par Sahra Wagenknecht, reflétaient un paysage politique polarisé en Allemagne, ainsi qu’en Europe.
« La leçon de l’Europe, c’est vrai en Allemagne, mais aussi dans d’autres pays, c’est qu’à chaque fois que la gauche trahit ses valeurs, ses ambitions, elle installe l’extrême droite [au pouvoir] », a-t-elle commenté à Euractiv.
Elle a souligné la nécessité pour la gauche de rester fidèle à ses principes pour contrer efficacement l’extrême droite.
« Je ne pense pas que renoncer à nos valeurs sur l’immigration soit le moyen de faire face à l’extrême droite » a ajouté Manon Aubry, faisant allusion à la position ferme de Sarah Wagerknecht sur l’immigration.
Elle déplore également la division au sein même de la gauche, symptomatique de la montée en puissance du parti BSW. Cette division pourrait, selon elle, compliquer la tâche des partis traditionnels de gouverner efficacement et de contrer la montée de forces politiques plus extrêmes.
« Cela montre la crise de la gauche en Allemagne, mais aussi en général », a-t-elle insisté.
Montée du nationalisme et déclin de la gauche
Plusieurs hommes politiques italiens ont salué les résultats de l’AfD comme un signe du déclin des politiques de gauche en Europe.
« Nous sommes confrontés au déclin définitif de la gauche dans toute l’Europe : les citoyens européens veulent défendre leurs racines, protéger leurs frontières, préserver leur identité », a réagi Roberto Vannacci, eurodéputé de la Lega (Patriotes pour l’Europe).
Ce sentiment a été partagé par d’autres dirigeants italiens, tels que le sénateur de la Lega Alessandro Morelli, qui a analysé sur X que ces résultats ne devraient pas être sous-estimés compte tenu de leurs répercussions européennes potentielles.
Marco Rizzo, coordinateur national du parti italien d’extrême gauche Democrazia Sovrana e Popolare, a également célébré le résultat, suggérant que la montée de l’AfD et de mouvements similaires en Europe reflète un désir de récupérer la souveraineté nationale et de s’éloigner des politiques centrées sur l’UE.
« L’AfD gagne, avec plus de 33 % des voix. C’est un parti défini comme pro-russe et pro-Poutine. Le parti de Sahra Wagenknecht dépasse lui aussi largement les 12/15 %. Son parti, BSW, est pro-russe et milite pour des frontières fermées et une renationalisation des politiques détenues aujourd’hui par l’UE », a-t-il détaillé dans une note.
L’impact sur la politique européenne
Les réactions des figures politiques de l’UE ont mis en lumière une inquiétude plus générale quant à la stabilité et à l’orientation de la politique européenne.
L’eurodéputé tchèque Ondřej Krutílek (ODS, CRE) a constaté que les élections ont révélé le mécontentement à l’égard de l’actuel gouvernement allemand et laissaient présager des négociations longues et difficiles.
Son collègue, l’eurodéputé Ondřej Dostál, a prévenu que ces résultats pourraient préfigurer un changement similaire dans l’ensemble de l’UE.
« La débâcle des partis de la coalition d’Olaf Scholz et le rejet de la politique de son gouvernement. Le succès de l’AfD et du BSW de Sahra Wagenknecht. Tout ceci est une douche froide pour les progressistes. C’est un signe avant-coureur des choses à venir, non seulement en Allemagne, mais aussi dans l’UE et ici. Il était temps », a-t-il écrit sur X lundi.
Pendant ce temps, en Roumanie, l’eurodéputé Siegfried Mureșan (PPE) a exprimé le besoin d’un gouvernement de centre droit plus fort en Allemagne, soulignant que le seul parti traditionnel à avoir obtenu de bons résultats était la CDU.
« Il est crucial pour la stabilité de l’Allemagne, et pour l’ensemble de l’Union européenne, que les élections fédérales de l’année prochaine soient remportées par la CDU, et que l’Allemagne soit dirigée par un gouvernement de centre droit responsable. C’est la clé de la lutte contre l’extrémisme en Allemagne », a-t-il publié sur X.
Alors que l’Allemagne se prépare pour les prochaines élections fédérales qui auront lieu dans un peu plus d’un an, l’Europe aura les yeux rivés sur la manière dont les dynamiques s’exprimeront sur la scène européenne au sens large.
Thomas Moller-Nielsen a contribué à la rédaction de cet article.