Européennes : Pascal Canfin, l’atout « climat » de la majorité face à Raphaël Glucksmann

Conférence de presse sur les auditions du commissaire désigné Hoekstra et du vice-président exécutif de la Commission Šefcovic, le 3 novembre 2023, Strasbourg, France. [Union européenne 2023]

À quelques jours des élections des 6 et 9 juin, l’électorat de centre-gauche n’a pas encore fait son choix, veut croire l’eurodéputé Renaissance Pascal Canfin. Passé par les Verts, ce dernier est-il la « caution écolo » du président Macron ? L’intéressé défend surtout son bilan. Entretien.  

« J’ai changé ». Interrogé mercredi 29 mai sur le plateau de CNews, Pascal Canfin expliquait que, sur les questions énergétiques, « le nucléaire [faisait] partie de la solution ». Ancien eurodéputé écologiste (2009-2014) et ancien président du WWF, Pascal Canfin a rallié Emmanuel Macron en 2019, alors que le président souhaitait profiter de la « vague verte » qui s’abattait sur l’Europe. 

Avant de défendre le nucléaire, celui qui fut président de la commission de l’environnement au Parlement durant le mandat qui s’achève, a longtemps louvoyé sur la question et notamment sur l’intégration du nucléaire dans la taxonomie verte de l’Union européenne (UE), qui vise à faciliter les investissements dans les domaines relatifs au développement durable. 

À quelques jours des élections, alors que la liste Besoin d’Europe soutenue par Emmanuel Macron est talonnée dans les sondages par celle des socialistes de Raphaël Glucksmann, Pascal Canfin appelle donc à « porter fièrement » le bilan et le programme du président, entre relance du nucléaire, réduction massive des émissions des gaz à effet de serre et mise en place d’une « pause règlementaire » sur le Green deal, dont l’eurodéputé est en France l’un des visages. 

La pause réglementaire

Sur ce dernier point, « Le job a été fait », déclare l’élu, manifestement mal à l’aise avec l’expression « pause réglementaire », même si plusieurs textes du Green deal n’ont pas encore été adoptés. Quoiqu’il en soit, « avec les règles du jeu fixées lors de cette mandature, nous sommes en capacité d’atteindre les objectifs fixés pour 2030 [réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre de l’UE par rapport à 1990], tant en matière climatique qu’industrielle », relance-t-il.  

« Le cœur du sujet est maintenant le déploiement industriel de technologies propres, grâce à des investissements privés soutenus par la puissance publique, dans les secteurs de la décarbonation, de l’intelligence artificielle, des supercalculateurs », continue-t-il, reprenant peu ou prou ce que défendait Emmanuel Macron avec son expression de « pause réglementaire ». 

Le retour du nucléaire  

Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, le nucléaire est plébiscité par l’opinion publique et notamment par l’électorat socialiste. Pour Raphaël Glucksmann, cette énergie n’est pourtant qu’une « transition » vers le 100 % renouvelable, peut-on lire dans son programme. Emmanuel Macron en fait au contraire l’un des piliers de sa politique énergétique.  

« Nous ne pourrons pas avancer sans le nucléaire », souligne de son côté Pascal Canfin, qui ne s’y trompe pas.  

Paradoxalement, l’eurodéputé expliquait dans Politico que la ministre espagnole de l’Écologie, Teresa Ribera, membre du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), ferait une « très bonne » commissaire européenne aux sujets climatiques. Celle-ci n’est pourtant pas une grande admiratrice de la politique énergétique française et du nucléaire en général. En témoignent ses récentes critiques.  

« La politique énergétique ne tient pas sur un seul homme ou sur une seule femme », balaye Pascal Canfin. « Il y aura une ligne politique à développer au sein de la Commission européenne, au sein de laquelle il faudra discuter la place du nucléaire », explique-t-il, insistant sur le fait qu’il sera nécessaire de discuter avec les Verts allemands lors de la prochaine mandature, eux qui seront, selon les derniers sondages, la première délégation du groupe écologiste européen (Les Verts/ALE).  

« Puisque vous êtes réalistes et pragmatiques sur beaucoup de sujets en Allemagne, soyez-le aussi sur le nucléaire et arrêtez de vous accrocher à des combats du passé », lance-t-il en direction des « Grünen ».  

La baisse des émissions 

À mettre également au crédit d’Emmanuel Macron selon Pascal Canfin, la baisse des émissions de gaz à effet de serre de 5,8 % en France entre 2022 et 2023, compatible avec le Green deal et l’accord de Paris sur le climat. Reste que selon les associations environnementales, comme le Réseau action climat, cette diminution des émissions est en partie liée à une baisse de l’activité économique.  

« Même sans les effets conjoncturels, nous sommes sur la bonne trajectoire », défend encore l’eurodéputé, ce que confirme par ailleurs la CITEPA, l’association qui produit des données de référence en matière climatique.  

Quant aux accusations qui lui sont portées d’être la « caution verte » d’Emmanuel Macron, « quand on voit les résultats de notre action, le débat est vite tranché », répond Pascal Canfin, qui affirme plutôt « ne pas comprendre le choix des électeurs qui rejoignent [Raphaël] Glucksman », ce dernier incarnant « l’impuissance européenne », puisqu’il « n’a voté ni la loi climat [réduction des émissions de gaz à effet de serre de de l’UE de –55 % entre 1990 et 2030] ni le plan de relance, ni le pacte asile et migration ». 

S’il n’est pas la « caution verte » du président, est-il alors son « atout climat » ? « Mon identité politique est claire et mon action en matière climatique, je pense, est reconnue par les analystes ».  

Inscrivez-vous à notre newsletter

S'inscrire