Nucléaire : l’Allemagne rejette l’accusation de la France d’un double discours

La France et l’Allemagne se sont opposées à plusieurs reprises sur le statut de l’énergie nucléaire dans l’écosystème énergétique de l’UE. [Shutterstock/Wolfilser]

Des responsables allemands ont défendu le bilan du pays en matière d’énergie renouvelable après que Paris a critiqué Berlin pour avoir importé de l’énergie nucléaire de France à la suite de prétendues pénuries, et ce malgré son rejet de la législation de l’UE sur l’énergie nucléaire.

La France et l’Allemagne se sont opposées à plusieurs reprises sur le statut de l’énergie nucléaire dans l’écosystème énergétique de l’UE. La France s’appuie fortement sur le nucléaire, qu’elle considère comme une source d’énergie durable, alors que l’Allemagne, qui s’est déconnectée de son réseau cette année, ne le fait pas.

Jeudi (6 juillet), la ministre française de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, a dénoncé la politique de deux poids, deux mesures de l’Allemagne, dans un entretien accordé à la presse allemande.

« Il est contradictoire d’importer massivement de l’énergie nucléaire française tout en rejetant tous les textes législatifs de l’UE qui reconnaissent la valeur du nucléaire en tant que source d’énergie à faible émission de carbone », a déclaré Mme Pannier-Runacher au Handelsblatt.

Les représentants de la coalition allemande se sont fortement opposés à son point de vue et ont tenté de retourner la situation.

« C’est une déformation des faits », a déclaré à EURACTIV Ingrid Nestle, porte-parole des Verts pour les affaires énergétiques. « L’Allemagne a assuré l’approvisionnement de la France au cours de l’hiver dernier lorsque de nombreuses centrales nucléaires françaises n’étaient pas disponibles en raison de problèmes de sécurité », a-t-elle ajouté.

Un porte-parole du ministère allemand des Affaires économiques et de l’Action pour le climat a rejeté l’idée que l’Allemagne devait importer de l’énergie en raison de pénuries.

« L’énergie est produite là où elle est la moins chère sur le marché européen de l’électricité. L’Allemagne n’a pas eu besoin d’importer de l’électricité. Au contraire, nous avons couvert une partie de notre consommation d’électricité avec des importations simplement parce que c’était moins cher », a indiqué la porte-parole à EURACTIV.

De même, le Parti social-démocrate (SPD) au pouvoir a également défendu l’opposition de l’Allemagne à l’énergie nucléaire.

« Les énergies renouvelables ont un net avantage sur l’énergie nucléaire en ce qui concerne la charge environnementale, les questions de sécurité et la dépendance à l’égard des ressources. Le cadre législatif [de l’UE] doit refléter cela », a affirmé Nina Scheer, la représentante du SPD pour les affaires énergétiques.

La querelle sur l’énergie nucléaire a été ravivée après que l’Allemagne s’est opposée à la pression de la France pour que l’hydrogène produit à partir de l’énergie nucléaire soit exempté des objectifs de l’UE en matière de carburants renouvelables – bien qu’un accord de compromis satisfaisant le côté français ait finalement été conclu le mois dernier.

Les représentants allemands ont également critiqué l’affirmation de Mme Pannier-Rumacher selon laquelle l’Allemagne avait un « problème de crédibilité dans la lutte contre le changement climatique » alors qu’elle envisageait la construction de nouvelles centrales électriques au gaz.

« L’Allemagne s’est engagée à atteindre la neutralité climatique d’ici 2045 », a déclaré le ministère des Affaires économiques à EURACTIV, dans une allusion au projet de la France d’atteindre l’objectif d’émissions nettes nulles seulement en 2050.

Les nouvelles centrales à gaz seraient alimentées par de l’hydrogène, a indiqué le ministère, tandis que les Verts ont souligné que le gaz en tant que source d’appoint était bénéfique pour atteindre la neutralité climatique.

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