G20 : l’Union européenne finance la sortie du charbon en Indonésie

Le président indonésien Joko Widodo (D) salue la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à son arrivée pour un événement de plantation de mangrove au parc forestier de mangrove Tahura Ngurah Rai dans le cadre du sommet des dirigeants du G20 à Bali, en Indonésie, le 16 novembre 2022. [EPA-EFE/DITA ALANGKARA / POOL]

En marge du G20, l’Union européenne et plusieurs gouvernements ont signé mardi (15 novembre) une déclaration conjointe pour financer à hauteur de 20 milliards de dollars la fin du recours au charbon en Indonésie, première source énergétique du pays.

Tandis que la COP27 se poursuit jusqu’à vendredi (18 novembre) en Égypte, les représentants du groupe des Vingt (19 plus grandes économies et Union européenne — G20) se sont réunis à Bali en Indonésie. Au menu des discussions figurait la fin du recours au charbon dans le monde et en particulier dans le pays hôte.

« C’est la 1ère fois que le G20 a, de manière aussi claire, pris une position sur la sortie du charbon », a déclaré en ce sens mercredi (16 novembre) le président de la République française dans un discours donné devant les représentants du groupe.

Emmanuel Macron ajoute que l’Union européenne, les États-Unis, la France, l’Allemagne et le Royaume-uni maintenaient leur engagement d’ « aider les grands [pays] émergents à sortir du charbon », comme ce fut le cas pour l’Afrique du Sud lors de la COP26 en 2021.

En cette période d’instabilité énergétique et de ralentissement économique, le slogan de ce 27ème G20 fait donc sens : « se relever ensemble, se relever plus fort ». Cette année, c’est auprès de l’Indonésie que les Occidentaux s’engagent, et en nombre qui plus est.

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Soutien de l’Union européenne

Le charbon représentait, en 2020, 62% du bouquet électrique et 37% du bouquet énergétique de la 1ère économie de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) selon les chiffres de l’administration américaine (EIA).

Une dépendance colossale que va dorénavant s’efforcer de réduire le pays grâce au nouveau partenariat pour une transition juste (PTEJ) signé avec le groupe de partenaires internationaux (GPI), dont la France et l’Union européenne.

L’Indonésie s’engage ainsi à atteindre la neutralité carbone de son secteur électrique en 2050, soit dix ans avant la date antérieurement annoncée, ainsi qu’à atteindre le pic d’émission du secteur en 2030, soit environ sept ans avant la date ultérieurement indiquée.

Dans le même temps, le maximum d’émissions de son secteur électrique au moment de son pic est revu à la baisse (-19%), passant de 357 millions de tonnes de CO2 à 290 millions de tonnes émises sur l’année.

Pour atteindre ces objectifs, cela suppose que le gouvernement indonésien réduise au plus vite les subventions favorables à l’approvisionnement en charbon, voire qu’il les flèche vers le développement d’énergies bas-carbone.

Comme premier signe de bonne volonté, le président indonésien Joko Widodo devrait promulguer dans les prochains jours un décret pour encourager le développement des énergies renouvelées, indique la Commission européenne dans une déclaration conjointe — non-contraignante par ailleurs.

L’objectif est de doubler leur vitesse de déploiement pour qu’elles atteignent au moins 34% du mix électrique à horizon 2030, contre environ 10% actuellement selon l’EIA.

D’autant que le potentiel serait très important : les capacités géothermiques du pays seraient dix fois supérieures à celles exploitées actuellement avance l’agence américaine.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’attend ainsi à ce que l’Indonésie devienne « un centre névralgique des énergies renouvelables », rapporte l’Élysée.

En direct du G20, elle rappelle sur Twitter que dans le cadre du Global Gateway destiné à développer de nouvelles infrastructures dans les pays en développement, « l’UE investit actuellement 4 milliards d’euros dans les énergies renouvelables à travers le monde ».

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20 milliards

Atteindre de tels objectifs suppose de forts investissements. Avec le GPI, un certain nombre d’acteurs financiers — groupe de travail de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), dont Bank of America, Citi, Deutsche Bank, HSBC, Macquarie, MUFG et Standard Chartered, et les banques multilatérales de développement — mobiliseront 20 milliards de dollars sur les trois à cinq prochaines années.

Malgré le fait que l’Indonésie soit reconnue comme la 16ème économie mondiale, ces financements sont nécessaire, car l’exploitation charbonnière est une activité plus que stratégique pour le premier exportateur au monde de charbon thermique.

Ces financements favoriseront donc une transition qui accompagnera les plus vulnérables face « aux effets négatifs potentiels de la transition », peut-on lire dans la déclaration conjointe

Les autorités indonésiennes s’engagent à élaborer courant des six prochains mois le plan d’investissement et d’action du PTEJ, notamment pour le déploiement des énergies renouvelables et le déclassement des centrales à charbon. D’ici là, l’objectif principal est de « finaliser un dialogue politique inclusif sur la transition énergétique juste et accélérée ».

Le nickel Indonésien

Outre le danger du charbon qui, en soi, justifierait seul une action contre son exploitation, les Occidentaux pourraient également s’assurer, en soutenant la transition indonésienne, un approvisionnement en nickel, après des années d’embargo allégé puis durci.

L’Indonésie dispose en effet d’un quart des réserves mondiales de ce métal indispensable pour la fabrication de batteries lithium-ion, dont l’Europe souhaite devenir la deuxième industrie mondiale, derrière la Chine.

« Le nickel, c’est peut-être les épices de demain » raconte ainsi l’historien indonésien Asep Kambali, dans les pages du Monde (13-14 novembre 2022).

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