L’« Alliance européenne pour l’hydrogène propre » est prête à décoller

Un prototype de drone de transport qui fonctionnerait à l'hydrogène. [EPA-EFE/SANDOR UJVARI]

Mercredi 8 juillet, la Commission présentera sa nouvelle alliance des industries de l’hydrogène. Par cette stratégie, l’UE cherche à se poser en leader mondial dans le domaine.

Dans le cadre de sa nouvelle politique industrielle, la Commission a annoncé en mars qu’elle regrouperait les institutions européennes, les gouvernements et les représentants du secteur dans une même alliance, afin de créer une chaîne de valeur complète de l’hydrogène en Europe.

« L’Alliance européenne pour l’hydrogène mettra en commun les ressources pour donner une ampleur et un impact suffisants aux efforts d’industrialisation, [afin de créer] un écosystème de l’hydrogène industriel durable au sein de l’UE », indique une ébauche de document qu’Euractiv a pu consulter.

La Commission doit présenter l’alliance mercredi 8 juillet, en même temps que ses « stratégies » politiques connexes sur l’intégration des secteurs de l’hydrogène et de l’énergie.

Le groupe rassemblera tous les acteurs du milieu, dans le but de réduire les coûts et d’accroître la compétitivité, selon le document qui pourra encore faire l’objet de modifications d’ici à mercredi.

L’hydrogène pourrait représenter la solution miracle pour décarboniser les industries, notamment celles de l’acier et des produits chimiques, pour lesquelles il est difficile de trouver des alternatives parce qu’elles nécessitent de très hautes températures pour fonctionner et ne sont pas faciles à électrifier.

Le déploiement de l’hydrogène à l’échelle industrielle doit se faire de façon systématique tout au long de la chaîne de valeur, indique la Commission dans son ébauche de texte. Cela va de la production et du transport de ce gaz, à son utilisation comme matière première dans les industries à forte intensité énergétique, ou comme carburant dans les transports, explique-t-elle.

Projets d’investissement à grande échelle

En mars, dans le cadre de sa nouvelle stratégie industrielle pour l’Europe, la Commission a déclaré que l’alliance tenterait d’« identifier les besoins technologiques, les opportunités d’investissement et les [obstacles] réglementaires ».

Selon l’ébauche de document de l’exécutif, le groupe aura notamment pour objectif de créer « une réserve de projets d’investissement à grande échelle dans le domaine de l’hydrogène propre ». Ils bénéficieront par ailleurs du statut spécial de « projet important d’intérêt européen commun » (PIIEC).

Ces projets ne dépendront donc pas de la législation habituelle de l’UE. Cela signifie que les gouvernements pourront les subventionner sans devoir respecter les règles européennes strictes en matière d’aides d’État.

De manière plus générale, la Commission a affirmé qu’elle allait revoir ses règles en matière de concurrence et de subventions publiques, afin que les entreprises européennes puissent plus facilement prospérer et concurrencer les géants industriels chinois ou américains.

Toutefois, la gestion de l’alliance fait des étincelles parmi les groupes environnementaux, qui jugent que l’UE favorise l’industrie. Ils critiquent en particulier la composition du conseil d’administration.

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« C’est littéralement un bottin mondain de l’industrie du gaz », assure Tara Connolly, une activiste du domaine de l’énergie pour l’ONG Friends of the Earth Europe.

« C’est fou que la Commission remette les clés du secteur européen de l’hydrogène à l’industrie des combustibles fossiles », ajoute-t-elle. « Des entreprises comme Shell ou la Snam n’ont aucun intérêt à produire de l’hydrogène renouvelable et veulent juste un moyen d’entretenir la dépendance de l’Europe aux combustibles fossiles », soutient la militante.

L’hydrogène renouvelable au centre de l’échiquier

Dans son esquisse de projet, la Commission ne cache pas que l’industrie pilotera l’alliance.

Toutefois, l’exécutif ajoute que toutes les parties prenantes du secteur de l’hydrogène intégreront le groupe — y compris les États membres et les régions, les syndicats, les ONG, les organismes de recherche, les entreprises technologiques et la société civile.

Parmi les membres du conseil d’administration de l’alliance figurent en effet des représentants du secteur gazier issus de Shell, Gasunie et de la Snam. Mais Michelin et Daimler y sont également représentés pour le domaine des transports, ainsi que Vettenfall et EDF pour le secteur de l’électricité.

Trois autres membres représenteront aussi les organisations de la société civile. Il s’agit notamment de la Fondation européenne pour le climat, une association à but non lucratif, et IndustriAll, une organisation syndicale internationale.

« L’alliance sera construite sur les principes de coopération, d’inclusion et de transparence », a déclaré un porte-parole de la Commission à Euractiv à propos de l’administration du groupe.

Il a par ailleurs précisé que l’alliance se concentrerait « sur l’hydrogène renouvelable » et « l’hydrogène à faible teneur en carbone ». Cela permettra, selon lui, de réduire les émissions de CO2 de façon considérable par rapport à l’hydrogène d’origine fossile, de sorte que tous les projets du groupe seront tournés vers l’objectif de neutralité climatique de l’UE.

Cependant, les ONG craignent que les membres de l’industrie qui siègent au conseil d’administration ne soient confrontés à des conflits d’intérêts lorsqu’ils devront choisir les projets à financer.

Mais la Commission affirme que la structure ouverte de l’alliance et les objectifs climatiques qu’elle se fixera permettront d’éviter tout conflit potentiel. L’exécutif suivra aussi les progrès accomplis par le groupe, afin de garantir la conformité des initiatives de l’alliance aux objectifs de neutralité climatique, indique le porte-parole.

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