Jeudi dernier (20 octobre), le maire de Dijon inaugurait les premiers travaux du programme européen RESPONSE qui vise à faire émerger des quartiers à « énergie positive » partout en Europe. EURACTIV France s’est rendue en Bourgogne Franche-Comté pour l’occasion.
À Fontaine d’Ouche, 10 000 habitants et 42 nationalités, entre nuage et pluie fine, les nouveaux panneaux solaires bi-faciaux installés sur le toit du centre scolaire Buffon dévoilent faiblement leur potentiel.
À l’intérieur du bâtiment, l’indéboulonnable maire de la ville aux cent clochers, François Rebsamen, s’enorgueillit ainsi d’un projet « unique en Europe », qui permet la production et la consommation localement de 300 MWh/an d’électricité.
Aux côtés de la ville finlandaise de Turku, Dijon a en effet été sélectionnée dans le cadre du programme européen RESPONSE — ramification du programme européen de plus grande ampleur « H2020, Villes et communautés intelligentes » doté de 80 milliards d’euros — avant qu’il ne soit répliqué dans six autres villes européennes.
Financé à hauteur de 23 millions d’euros — dont 7,4 millions rien qu’à Dijon — par l’Union européenne, le programme RESPONSE associe 53 partenaires (publics et privés) issus de 13 pays européens. Objectif : développer des îlots à énergie positive qui, en plus de répondre à leurs propres besoins énergétiques, exportent leurs productions.
En ce sens, les panneaux de l’école devraient produire environ 30 % des besoins électriques des 14 bâtiments publics du quartier populaire.
Avec la deuxième partie du projet, qui consiste à réduire la consommation énergétique de 487 logements du quartier surnommé le « Dallas français » par l’ancien maire de Dijon, Félix Kir, le projet vise à produire 20 % d’énergie en plus que ce qu’ils consomment.
Et ce tout en réduisant leurs émissions de carbone de 75%.
« L’écologie pour tous »
Pour se démarquer des 100 villes candidates, l’ancienne place forte du duché de Bourgogne n’a pas fait dans la demi-mesure en proposant de développer le programme dans un quartier existant.
Ce projet est donc « la plus grande opération d’autoconsommation en France dans l’existant », précise Yves Chevillon, directeur Action régionale EDF Bourgogne–Franche-Comté, présent lors de l’évènement.
Ce choix résulte de deux facteurs majeurs. D’abord, d’une volonté politique : celle de pratiquer « l’écologie pour tous », notamment pour « les plus fragiles », assume la responsable Écologie urbaine de la métropole de Dijon, Oanez Codet-Hache. Ensuite, d’une opportunité, puisque le quartier profitait déjà d’un programme de rénovation thermique en cours et avait été labellisé éco-quartier par l’État en 2017.
Encore fallait-il que les habitants de ce quartier des Trente glorieuses « s’approprient le projet » assume Sarah Bello, la responsable Rénovation urbaine de la métropole de Dijon, en sachant qu’ils n’avaient « rien demandé » ajoute Mme Codet-Hache. Mais à son grand étonnement, « ils étaient plutôt très content ».
Une seule règle cependant : « aujourd’hui, je ne touche à rien pour ma consommation énergétique, demain, je ne veux rien toucher non plus », résume simplement Grégoire Ensel, le responsable RESPONSE du bailleur social Grand Dijon Habitat, gestionnaire des logements qui font l’objet des grandes transformations.
Dijon, terre d’innovation
Car s’il fallait gérer les 80 innovations high tech et low tech intégrées au projet dévoilées dans l’appartement témoin visité, les habitants risqueraient de perdre patience. Or, c’est de deux bonnes années dont ont besoin les autorités et les partenaires du projet pour analyser la première phase de déploiement sur 102 logements.
Ces années d’expérimentations devraient ainsi permettre de s’assurer des gains promis, soit de l’ordre d’une baisse de 25 à 30 % de la charge énergétique sur le budget d’un appartement.
Pour cela, les 1 700 euros d’équipements de l’entreprise lyonnaise OGGA sont capables d’adapter la consommation aux besoins et habitudes des habitants, comme éteindre le radiateur lorsque la fenêtre est ouverte, ou éteindre le chauffage lorsque le locataire éteint la lumière.
Pour mener à bien ce projet, la métropole de Dijon va pouvoir profiter de son expérience. En trois ans, la métropole et la ville ont lancé un projet (On Dijon) visant à réduire la consommation énergétique de la ville de 65 % d’ici à 2030, mis en service une centrale solaire capable d’alimenter plus de 8 000 habitants, démarré la production de biogaz à hauteur de 10 GWh/an, ouvert un financement de 100 millions d’euros pour produire de l’hydrogène vert, et aujourd’hui lancé le programme RESPONSE.
« C’est tout naturel » vous dira le maire de Dijon, pour un territoire qui innove « depuis plus de 20 ans ».