Après huit mois de négociations et un rapport déjà retardé une fois, la commission allemande sur la sortie du charbon a présenté son plan à l’horizon 2038. Euractiv Allemagne se penche sur le texte.
Puissance industrielle au long passé d’extraction du charbon, l’Allemagne a beaucoup de difficultés à se débarrasser de cette source d’énergie particulièrement polluante. En juin dernier, le gouvernement a donc créé la commission pour la croissance, le changement structurel et l’emploi, aussi appelée commission charbon, chargée de piloter une transition socialement juste.
Le rapport final des 28 membres du groupe vient de paraitre, avec un peu de retard sur le calendrier. Leur espoir est de mettre en place une « transition énergétique [qui puisse] servir d’exemple à d’autres pays », en assurant la protection à la fois de l’emploi et du climat. Voici les quatre aspects sur lesquels ils se sont penchés.
- Élimination au charbon d’ici 2038 (ou plus tôt)
La dernière centrale au charbon devrait être fermée en 2038 au plus tard. L’élimination du charbon avant 2035 serait possible si l’approvisionnement et la préparation de l’industrie le permettent. Des points sur l’état des progrès seront réalisés en 2023, 2026 et 2029.
Aujourd’hui la capacité totale des centrales au charbon actuelles s’élève à un petit peu plus de 45 gigawatts. Le rapport prévoit comme objectif intermédiaire la suppression d’ici 2022 de 12,5 gigawatts, soit l’équivalent de 24 grandes unités. En 2030, seuls neuf gigawatts issus du lignite pourront encore alimenter le marché.
Changement structurel
Des aides substantielles seront allouées aux États miniers de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Brandebourg, Saxe et Saxe-Anhalt, afin qu’ils puissent reconvertir leur économie. Sur 20 ans, 1,3 milliard d’euros seront réservés à cet usage. Une enveloppe supplémentaire de 700 millions d’euros par an doit être investie dans d’autres projets.
Les détails du financement de l’économie régionale restent à définir. Ils feront l’objet d’un plan d’action qui devrait être dévoilé fin avril et précisera les investissements à faire dans les infrastructures, la recherche et les autorités compétentes. En ce qui concerne le transport, un programme de financement spécial devrait mobiliser 1,5 milliard d’euros et a déjà été inscrit au budget fédéral jusqu’à 2021.
Le gouvernement fédéral devrait utiliser 2 milliards d’euros supplémentaires par an pour alléger le fardeau des prix croissants de l’électricité pour les particuliers et les entreprises à partir de 2023. La « compensation de prix » pour les industries particulièrement énergivores devrait se poursuivre jusqu’en 2030.
La commission charbon estime que 60 000 emplois dépendent directement ou indirectement de l’extraction du lignite. Tous les travailleurs de 58 ans et plus bénéficieront d’un fonds d’ajustement et d’une correction des retraites trop basses. Cela devrait coûter jusqu’à 5 milliards d’euros à l’État fédéral et aux entreprises. Les salariés plus jeunes profiteront de nouvelles formations.
Les propositions de la commission ne sont que des suggestions non contraignantes de mesures que l’État fédéral pourrait adopter. Cette année, Berlin compte faire passer une loi de protection du climat, qui déterminerait pour la première fois des objectifs de réduction d’émissions spécifiques à chaque secteur. Ce type de règles existe déjà dans plusieurs autres États européens.
L’Allemagne ne parviendra pas à atteindre l’objectif climatique qu’elle s’est fixé pour 2020 et doit réagir vite si elle veut respecter ses ambitions en termes de transition énergétique. Le pays est censé éliminer le nucléaire en 2022. D’ici 2050, les émissions de CO2 totales devraient être entre 80 et 95 % moins élevées qu’en 1990.