Le 19 octobre, la première éolienne du projet WindFloat Atlantic a été tractée depuis Feroll, en Espagne, jusqu’à la côte de Viana do Castelo, au Portugal, afin de créer le deuxième parc éolien flottant au monde.
« Deux autres installations flottantes se joindront à la première dans les prochains mois et devraient ensemble produire 25MW (mégawatts) d’électricité d’ici à la fin de l’année, couvrant ainsi les besoins énergétiques de 60 000 foyers », se félicitent les promoteurs du projet WindFloat Atlantic.
Il s’agit du deuxième parc éolien flottant en Europe et dans le monde après le projet Hywind, inauguré en 2017 au large de l’Écosse.
La technologie WindFloat permet à ces nouvelles plateformes d’être installées au grand large, où il est possible de capter énormément de vent.
Le consortium Windplus – composé du groupe portugais EDP (54,4%), du groupe français Engie (25%), de l’espagnol Repsol (19,4%) et de l’entreprise américaine Principle Power Inc. (1,2%) – est à la tête de ce projet. En outre, le gouvernement portugais, la Commission européenne et la Banque européenne d’investissement (BEI) ont tous fournis un soutien financier, avec le BEI comme banque cheffe de file.
« Il s’agit du premier champ éolien flottant financé par la Banque », a déclaré João Metelo, PDG de Principle Power, ajoutant que Windplus était le premier consortium à avoir été mis sur pied à des fins commerciales. « Voilà qui prouve que l’on peut financer les éoliennes flottantes, ce qui n’était pas le cas jusqu’à présent. »
« C’est une très bonne chose de voir un deuxième projet émerger », a indiqué Giles Dickson, PDG de l’association commerciale WindEurope. « Les éoliennes flottantes sont sur le point d’être commercialisées à grande échelle. Avec les mesures adéquates, le secteur pourrait connaitre une véritable boom dans les cinq à dix prochaines années », soutient-il.
Les champs flottants devraient ainsi jouer un rôle crucial pour atteindre les objectifs de l’UE en matière de climat et d’énergie renouvelable. Selon certaines sources, les parcs éoliens offshores permettront une réelle globalisation du secteur, car de telles infrastructures peuvent être installées plus au large, à des endroits auparavant inaccessibles.
«En général, les champs d’éoliennes traditionnels en Europe, sont fixées sur un socle rattaché au fond de la mer par des câbles à des profondeurs pouvant atteindre les 50 à 55 mètres », explique Andrew Canning, de WindEurope. « La flottaison des éoliennes est donc une option intéressante, car il n’y a pas les mêmes contraintes relatives à la profondeur des fonds marins », souligne-t-il.
Cette technologie possède est grand potentiel. WindEurope s’attend à ce que les éoliennes offshores produisent environ 350 MW d’ici à 2021 et 4-5 GW supplémentaires d’ici à 2030. Techniquement le potentiel européen atteint donc environ 4 000 GW, souligne M. Canning.
D’un point de vue technologique, le projet Windplus est le premier à reposer sur une plateforme semi submergée. Aux yeux de João Metelo, cette technologie permet le développement des éoliennes offshores à travers le monde, car elle est moins chère et plus flexible que celle utilisée jusqu’à présent. Ces dispositifs peuvent être construits sur terre et ensuite tractés en mer sans navires polyvalents gros porteurs, autrement dit les coûts sont moindres, explique-t-il.
Alors que cette technologie se développe à grande vitesse, les coûts devraient baisser rapidement. Aujourd’hui, les coûts d’une éolienne flottante avoisinent 180-200€ par MWh. Mais, avec une commercialisation à grande échelle, ils pourraient diminuer bien plus rapidement que les installations traditionnelles fixées au fond marin pour atteindre 40-60€ par MWh d’ici à 2030, annonce M. Dickson.
« Afin que cela se produise, il faut que les pays se renseignent sur Hywind et WindFloat et qu’ils incluent les éoliennes flottantes à leurs plans nationaux en matière d’énergie et de climat pour 2030. Et ils devraient organiser des ventes aux enchères », ajoute-t-il.
Trois champs d’éoliennes supplémentaires sont en construction chez WindFloat, soutient João Metelo : un projet de 25MW devrait être complété d’ici à la fin 2019 au Portugal également, un autre de 50 MW en Écosse en 2020 et un dernier dans le Golfe du Lion en 2021.