Le principal syndicat européen, et de nombreux politiques, demandent à la Commission européenne de prendre une « décision appropriée ».
Le principal syndicat des fonctionnaires européens, U4U, a appelé le collège des commissaires à prendre « une déclaration forte et surtout une décision appropriée », après l’annonce du nouveau contrat liant l’ex-président de la Commission, José Manuel Barroso, et la banque d’affaires Goldman Sachs. Une lettre ouverte envoyée à tous les fonctionnaires européens précise les interrogations du syndicat.
« Cette nomination au service d’intérêts financiers particuliers d’un ancien chef de l’exécutif européen soulève des questions éthiques. En particulier quand on se rappelle que J.-M. Barroso a présidé la Commission durant la crise dite des subprimes, en réalité une crise bancaire, dans laquelle Goldman Sachs a joué un rôle important »
Le syndicat s’inquiète notamment de savoir si le commissaire a consulté le collège comme l’y invite le Code de bonne conduite, et si le comité d’éthique a rendu un avis.
Juridiquement, l’ex président n’est toutefois tenu de se prémunir de tout conflit d’intérêts durant une période de 18 mois suivant la fin de sa fonction. Depuis début mai, l’homme politique portugais n’est donc plus censé répondre au collège actuel.
En appelant à une « décision appropriée », le syndicat fait référence au traitement de l’ex-président. Les anciens présidents de la Commission européenne ont en effet droit à 60 % de leur salaires, soit 15.000 euros par mois, durant trois ans, comme le rappelle le site Bruxelles 2. Un salaire qui devrait théoriquement être associé à une contrainte relative aux conflits d’intérêts. Le nouveau poste de M. Barroso, annoncé exactement 20 mois après la fin de sa mission de président de la Commission européenne, pose clairement les limites de cette règlementation.
Appel à la suspension du traitement de l’ancien président
Très remontés sur le sujet, les eurodéputés français ont rappelé que tous les commissaires, et a fortiori le président de la Commission, s’engageaient, durant leur fonction, et après cessation de celles-ci,à respecter « les obligations découlant de leur charge, notamment les devoirs d’honnêteté et de délicatesse quant à l’acceptation, après cette cessation, de certaines fonctions ou de certains avantages ». En se référant au Traité de Lisbonne, les élus ont trouvé matière à attaquer l’ancien édile sur ses nouvelles fonctions.
Pervenche Berès, chef de la délégation socialiste, a aussi rappelé sa proposition en date de 2010 de boycotter Goldman Sachs. La délégation a ensuite demandé une révision du code de conduite pour porter à 5 ans (et non pas 18 mois) les règles anti-pantouflage.
Au centre, Jean Arthuis a opté pour l’humour
Barroso a de la suite dans les idées. Il veut comprendre comment Goldman Sachs l'a enfumé sur la sincérité des comptes publics de la Gréce!
— Jean Arthuis (@JeanArthuis) July 10, 2016
La bronca contre la nomination de Barroso s’est aussi répercutée dans les rangs du gouvernement français. Dès vendredi, le commissaire au commerce extérieur, Mathias Fekl, condamnait le comportement d’un « représentant d’une vieille Europe que notre génération va changer ».
Desservir les citoyens, se servir chez Goldman Sachs: #Barroso, représentant indécent d'une vieille Europe que notre génération va changer
— Matthias Fekl (@MatthiasFekl) July 8, 2016
À l’extrême droite, le Front national s’est emparé de critiquer également la nomination
#Barroso chez #Goldman Sachs : rien d'étonnant pour ceux qui savent que l'UE ne sert pas les peuples mais la grande finance. MLP
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) July 9, 2016