Le ministre des Finances, Michel Sapin a appelé à rééquilibrer l’utilisation des monnaies dans les échanges internationaux. Un sujet qu’il compte défendre auprès de ses homologues à Bruxelles
Michel Sapin, le ministre français des Finances, a appelé à un «rééquilibrage» des devises utilisées dans les paiements internationaux, dominés par la devise américaine.
À l’occasion d’un entretien accordé au Financial Times en marge des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, le ministre a affirmé que le cas de BNP Paribas devrait « faire comprendre la nécessité d’utiliser une variété de monnaies ».
BNP Paribas, soumise à une amende de 6,6 milliards d’euros pour avoir enfreint des embargos américains en réalisant des opérations en dollars avec des pays comme l’Iran, Cuba ou surtout le Soudan, devrait « nous faire réaliser la nécessité d’utiliser plusieurs devises », a-t-il indiqué au FT.
« Nous [les Européens] nous vendons en dollars, par exemple quand nous vendons des avions. Est-ce nécessaire ? Je ne pense pas. Je pense qu’un rééquilibrage est possible et nécessaire, non seulement en ce qui concerne l’euro, mais aussi pour les grandes monnaies des pays émergents, qui pèsent de plus en plus dans commerce mondial » a-t-il détaillé.
Au menu de l’Eurogroupe
Les déclarations du ministre des Finances ont trouvé un écho auprès d’un des grands patrons d’entreprise française, venu assister au grand rendez-vous économique d’Aix-En-Provence.
« Actuellement le prix du baril de pétrole est coté en dollars », a expliqué Christophe de Margerie, PDG de Total. Selon le patron de l’entreprise pétrolière, rien n’empêche une raffinerie de convertir ce prix sur la base du taux de change euro/dollar et d’effectuer le paiement en euro.
Michel Sapin a également annoncé son intention de porter le sujet auprès des autres ministres des Finances de la zone euro, à l’occasion d’une réunion de l’Eurogroupe le lundi 7 juillet.
Plaidoyer pour la bonne finance
Le ministre français a également profité du rendez-vous pour lancer un appel en faveur de la « bonne finance ».
Faisant référence au discours de François Hollande lors de la campagne pour les élections présidentielles, au cours duquel il avait dénoncé les effets de la « mauvaise finance », Michel Sapin a rappelé l’existence d’une bonne finance, « dont l’État a besoin, y compris pour se financer lui-même (…) dans de bonnes conditions »
« Surtout, dans la période actuelle, nous avons besoin d’une finance qui vienne aider les entreprises françaises à se financer » ou qui permette aux particuliers d’acheter leur logement, a-t-il précisé.