Paris et Berlin estiment que les sanctions occidentales imposées à la Russie ont fait leur temps, et qu’il faudrait à présent penser à les supprimer. Dans quelques jours, un sommet réunira l’Ukraine, la Russie, l’Allemagne et la France à Astana, la capitale du Kazakhstan.
Le président ukrainien, Petro Porochenko, a déclaré le 22 décembre qu’il avait invité les dirigeants français, allemands et russes à se rencontrer afin de discuter des moyens de réinstaurer la paix dans les territoires de l’Ouest ukrainien.
Le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert, a toutefois déclaré qu’il ne « pouvait pas encore dire si et quand une telle rencontre aurait lieu. L’organisation de telles négociations n’a de sens que si elles peuvent amener un réel progrès. »
« Nous avons une idée très précise de ce qui constitue un réel progrès, ajoute le porte-parole. Il faudrait avant tout que l’accord de paix signé à Minsk soit entièrement mis en pratique et qu’un cessez-le-feu soit respecté de manière prolongée. Il faudrait également établir une ligne de contact entre les territoires contrôlés par l’Ukraine et les zones qui sont aux mains des rebelles, et l’artillerie lourde doit être retirée du champ des opérations. Ce genre de choses doit être préparé », conclut-il.
Le président français, François Hollande, s’est montré plus optimiste sur France Inter : « Je vais à Astana le 15 janvier à une condition, c’est qu’il puisse y avoir de nouveaux progrès. Si c’est pour se réunir, se parler, sans qu’il y ait d’avancées, ce n’est pas la peine, mais je pense qu’il y en aura. »
Un réchauffement des relations ?
François Hollande a également affirmé que l’Occident devrait cesser de menacer la Russie avec de nouvelles sanctions et plutôt offrir à Vladimir Poutine d’alléger les restrictions existantes en échange d’avancées dans le processus de paix en Ukraine.
« Je ne suis pas pour la politique du pire, je pense que les sanctions doivent s’arrêter », a ajouté le président français.
La position de la Russie est mal comprise, semblait-il dire. « M. Poutine ne veut pas annexer l’est de l’Ukraine, j’en suis certain. Il me l’a dit. […] Ce qu’il veut, c’est rester influent. Ce que veut M. Poutine, c’est que l’Ukraine ne bascule pas dans le camp de l’OTAN. L’idée étant pour M. Poutine de ne pas avoir de présence militaire à ses frontières. »
Le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, est également d’avis qu’il ne faut pas déstabiliser la Russie avec des sanctions trop sévères suite à la crise ukrainienne. Il estime qu’une Russie instable constituerait un danger pour l’ensemble de l’Europe.
Sigmar Gabriel a ainsi expliqué lors d’un entretien avec le Bild am Sonntag qu’il ne serait pas dans l’intérêt de l’Allemagne ni de l’Europe de faire s’effondrer l’État russe.
« Le but n’a jamais été de pousser la Russie dans un chaos politique et économique, a-t-il expliqué.
Cela provoquerait une situation bien plus dangereuse que la situation actuelle pour nous tous, Européens. » Selon lui, le but des sanctions était de ramener la Russie à la table des négociations.
« Nous voulons contribuer à la résolution du conflit ukrainien, pas mettre la Russie à genoux », assure-t-il.
Des diplomates ukrainiens, russes, allemands et français se sont rencontrés à Berlin le 5 janvier. Leurs ministres des affaires étrangères respectifs s’étaient déjà parlé au téléphone le vendredi précédent.
Angela Merkel devrait rencontrer le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk à Berlin le 8 février, jour où se rencontreront également les ministres des finances allemand et ukrainien.
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