La mort tragique de neuf exilés dans les eaux au large des îles Canaries vendredi 27 septembre a conduit le parti d’extrême gauche Podemos à accuser le gouvernement du Premier ministre Pedro Sánchez et son partenaire minoritaire, Sumar, et a appelé l’UE à ne pas construire de « murs » contre l’immigration.
Neuf personnes sont mortes et 54 sont portées disparues après le naufrage d’un bateau de réfugiés au large de l’île d’El Hierro vendredi 27 septembre.
C’était « évitable », a réagi lundi 30 septembre la porte-parole adjointe de Podemos, María Teresa Pérez.
« C’est le vrai visage des politiques migratoires promues par le Parti socialiste (PSOE/S&D), le Parti populaire (PPE), le parti d’extrême droite Vox (PfE), et le groupe de forces qui considèrent la migration comme une question d’ordre public au lieu d’une question humanitaire et de droits humains », a-t-elle ajouté.
De son côté, le porte-parole adjoint de Podemos a soutenu que le gouvernement de coalition de Pedro Sánchez était « complice de politiques criminelles qui tuent des milliers de personnes en mer chaque année ».
Podemos, ancien allié de de la formation de gauche Sumar dont il s’est séparé en décembre 2023 en raison de graves différends entre ses deux dirigeants, compte actuellement quatre députés sur les 350 que compte le parlement espagnol.
Lors des élections européennes du 9 juin, Podemos a obtenu deux sièges d’eurodéputés, dont celui de l’ancienne ministre controversée de l’Égalité, Irene Montero, récemment élue vice-présidente du groupe de la Gauche (GUE/NGL) au Parlement européen.
María Teresa Pérez a également affirmé que le chavirement du bateau ne se serait pas produit s’il existait « des moyens légaux et sûrs d’émigrer » ou « davantage d’investissements dans le sauvetage (bateaux et équipements) ».
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au cours des deux dernières années, 8 500 personnes sont mortes à la frontière méridionale de l’UE en tentant d’entrer dans l’Union, des chiffres que la porte-parole adjointe de Podemos a qualifiés d’« absolument insupportables ».
Pour sa part, Tesh Sidi, députée et porte-parole adjointe de Sumar, a critiqué lundi 30 septembre dans un discours au parlement, le fait que la politique étrangère de l’UE soit basée sur « l’établissement de frontières » et leur protection par des troupes militaires, comme c’est le cas entre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla et au Maroc.
Mais la droite et l’extrême droite ont également durement attaqué le gouvernement pour sa politique migratoire, que Pedro Sánchez tente de renforcer et d’adopter, comme le montre son récent voyage officiel dans plusieurs pays d’Afrique.
Le Partido Popular parle de « paralysie », Vox évoque l’« effet d’attraction »
Lundi 30 septembre, le porte-parole du Partido Popular (PP), Borja Sémper, a accusé le gouvernement de « paralysie » et d’« inaction » dans la prise de décisions, ce qui, selon lui, montre que l’exécutif de Pedro Sánchez « n’a aucune sensibilité pour les immigrés ou les Espagnols ». « Ces drames ne peuvent pas se répéter », a-t-il réagi.
Parallèlement, Nicasio Galván, porte-parole de Vox au parlement des îles Canaries, a rejeté la responsabilité de la tragédie du week-end dernier sur les mafias de trafic d’êtres humains et a sévèrement critiqué le PP, le PSOE et Coalición Canaria (au sein du gouvernement régional) pour la « souplesse » de leurs politiques migratoires, qui créent, selon lui, un « effet d’attraction ».
Les corps de neuf exilés ont été retrouvés par les services d’urgence espagnols à El Hierro, dans les îles Canaries, samedi 28 septembre.
Le bateau transportant les migrants a chaviré au large des côtes espagnoles dans la nuit de vendredi à samedi, ont indiqué à EFE des responsables des services d’urgence d’El Hierro, ajoutant que 27 personnes avaient été secourues.
Le bateau a apparemment dérivé pendant l’opération de sauvetage, selon les services d’urgence de l’île, dans des conditions météorologiques défavorables et des rafales de vent d’environ 37 kilomètres par heure.
L’embarcation avait quitté la Mauritanie à destination des îles Canaries, a indiqué un parent d’un des passagers à l’ONG Caminando Fronteras.
La route de l’Atlantique entre la côte ouest de l’Afrique et les îles Canaries est considérée par les Nations unies comme la plus dangereuse au monde — 702 personnes ont trouvé la mort en tentant la traversée au cours des sept premiers mois de l’année.