Le PPE, les socialistes et les libéraux finalisent leurs plans d’action pour la prochaine législature de l’UE

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne qui devrait être reconduite pour cinq ans. [EPA-EFE/RONALD WITTEK]

Le Parti populaire européen (PPE), les Socialistes et Démocrates (S&D) et Renew, qui forment la majorité centriste au Parlement européen, divergent sur certains enjeux politiques clés pour la législature 2024-2029 de l’UE, si l’on en croit leurs projets de plans d’action, consultés par Euractiv. Ces plans serviront de base pour leurs discussions avec Ursula von der Leyen, qui cherche à obtenir un soutien suffisant de la part des eurodéputés pour obtenir un second mandat à la tête de la Commission européenne.

Le PPE de centre droit et les groupes S&D et Renew rédigent actuellement leurs listes de souhaits pour la prochaine législature européenne, dont les versions finales devraient être publiées ce jeudi (4 juillet).

Ces documents reflètent ce que chaque groupe politique attend de la prochaine Commission européenne et serviront de base aux trois groupes pour négocier avec Ursula von der Leyen, qui cherche à obtenir leur soutien à l’approche d’un vote de confirmation de sa reconduction à la présidence de la Commission qui aura lieu au Parlement européen le 18 juillet et pour lequel elle doit recueillir 361 votes. Les partis négocieront également entre eux à partir de la semaine prochaine.

Le prochain défi d’Ursula von der Leyen : récolter la majorité au Parlement

La candidature d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne ayant été approuvée par les dirigeants des États membres de l’UE, elle doit à présent convaincre les eurodéputés en amont d’un vote de confirmation qui aura lieu au Parlement européen le 11 juillet.

D’après les projets de textes, certaines priorités des groupes convergent concernant les droits des agriculteurs et le développement futur de l’industrie de la défense, mais divergent sur des questions clés comme le financement de l’UE ou l’avenir de l’interdiction des moteurs à combustion.

Pour s’assurer le soutien des trois groupes de la majorité centriste (400 eurodéputés), Ursula von de Leyen, affiliée au PPE, devra prendre en compte leurs demandes politiques et trouver un terrain d’entente.

S’appuyant sur les priorités de son propre parti, les demandes des socialistes et des libéraux, et d’autres partenaires potentiels, Ursula von der Leyen élaborera un programme politique, les « orientations politiques », avant son vote de confirmation au Parlement européen.

Elle cherche également le soutien d’autres groupes politiques, y compris les Verts, et continuera dans cette voie afin d’obtenir les 361 voix nécessaires au sein de l’hémicycle.

Selon certaines sources, elle rencontrera le groupe de La Gauche (GUE/NGL) les 15 et 16 juillet, mais sa co-présidente, Manon Aubry, a informé les journalistes mercredi (3 juillet) que les eurodéputés du groupe « voteraient contre » et se « battraient contre Ursula von der Leyen et sa coalition ».

Ursula von der Leyen courtise les Verts pour s’assurer leur soutien au Parlement européen

Ursula von der Leyen a entamé des discussions avec le groupe des Verts/ALE, après des négociations avec les socialistes et les libéraux, pour s’assurer le soutien de leurs eurodéputés lors du vote de confirmation de sa candidature pour la présidence de la Commission qui aura lieu mi-juillet.

Agriculture : tous contre les gros acheteurs

Malgré des intérêts divergents en matière de politique agricole, notamment sur la question des ambitions en matière de durabilité, les trois groupes plaident tous en faveur d’une rémunération équitable des agriculteurs et de la lutte contre les pratiques commerciales déloyales.

Le PPE, S&D et Renew demandent une révision de la directive européenne sur les pratiques commerciales déloyales, qui interdit certains comportements abusifs des grands acheteurs à l’égard des agriculteurs.

La Commission avait précédemment reconnu que les règles ne protégeaient pas les agriculteurs des quelques grandes entreprises qui dominent l’industrie alimentaire et le commerce de détail.

En matière de durabilité, les libéraux et les socialistes cherchent à relancer les propositions controversées visant à réduire l’utilisation des pesticides et à créer un cadre législatif pour des systèmes alimentaires durables, un objectif absent des priorités du PPE.

Le secteur agricole plongé dans l’incertitude après la dissolution

Pour les représentants du secteur, les enjeux agricoles doivent rester une priorité malgré les bouleversements institutionnels et la nouvelle campagne électorale à venir, alors que les promesses faites lors des manifestations des derniers mois n’ont pas toutes été tenues.

Énergie, environnement, transport

Les trois groupes souhaitent mettre davantage l’accent sur la sécurité de l’approvisionnement énergétique et réaffirment leur engagement envers les objectifs climatiques de l’UE pour 2030 et 2050. Cependant, le PPE et Renew mettent en avant les opportunités industrielles de la transition énergétique, tandis que S&D se concentre sur l’atténuation des coûts sociaux découlant de celle-ci.

Des points de friction subsistent toutefois : le PPE souhaite revenir sur l’interdiction de facto en 2035 des nouvelles voitures à moteur à combustion, tandis que les socialistes affirment que les normes CO2 des voitures devraient rester en vigueur.

De même, le PPE souhaite que le règlement sur la déforestation soit reporté, tandis que les socialistes décrivent la loi comme un acquis « qui doit être maintenu ».

Énergie et environnement : les projets du PPE pour les cinq années à venir

Le Parti populaire européen (PPE) veut un engagement continu mais moindre en matière d’action climatique et de protection de la nature, si l’on en croit une version préliminaire de ses priorités pour la prochaine Commission européenne consultée par Euractiv.

Économie

Le plan d’action du groupe S&D diffère largement de celui du PPE en matière d’économie, puisque les socialistes intensifient les appels à garantir un rôle central pour les investissements publics au niveau de l’UE et un impôt sur les grandes fortunes. Ils plaide notamment en faveur d’une « clause sociale » pour toutes les dépenses de l’UE, ce qui contraste fortement avec l’allocation de 70 % du budget de l’UE à la compétitivité préconisée par le centre droit.

Comme le PPE, les libéraux de Renew placent la compétitivité au cœur de leur plan d’action, en mettant l’accent sur la réduction de la bureaucratie et l’harmonisation des règles au sein de l’UE. Cependant, à l’instar des socialistes, Renew demande à l’UE d’introduire de nouvelles « ressources » pour financer les dépenses au niveau européen.

Le PPE veut allouer 70 % du budget de l’UE à la compétitivité

Le plus grand groupe du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE), souhaite que la prochaine Commission européenne consacre plus de deux tiers du budget de l’UE à la relance de la compétitivité économique de l’Union, selon un plan de travail provisoire qui devrait être adopté cette semaine.

Politique étrangère et défense

Si les trois groupes soulignent tous clairement l’importance de la sécurité et de la défense pour la prochaine législature, ils divergent sur la manière de financer ces efforts et sur le rôle de l’UE dans les achats conjoints, les libéraux prônant une approche « Buy European First ».

Tous trois estiment que le soutien à l’Ukraine est un élément clé de leur programme de politique étrangère et qu’il faut davantage de multilatéralisme sur la scène internationale.

Concernant la structure institutionnelle de l’UE, Renew formule les attentes les plus claires en demandant que « toutes les compétences de l’UE dans le domaine des affaires étrangères soient pleinement alignées pour soutenir nos priorités mondiales » et que le Haut représentant de l’UE (poste qui sera occupé par l’Estonienne Kaja Kallas) soit en mesure de « coordonner le travail des […] commissaires concernés ».

Les socialistes, quant à eux, soulignent que « les régions frontalières de l’Est ont besoin d’être soutenues », en référence aux récentes propositions visant à renforcer la sécurité à l’Est de l’Europe.

La Pologne et les États baltes réclament une « ligne de défense » à la frontière orientale de l’UE

La Pologne, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont demandé à l’UE d’établir une ligne de défense terrestre le long de la frontière orientale du bloc avec la Russie et la Biélorussie, dont les infrastructures seraient financées conjointement.

La question des technologies quasi absente

La question des technologies n’occupe pas une place prépondérante dans les documents élaborés par les partis. Après une vague d’adoption de textes législatifs en la matière lors de la législature précédente, l’accent devrait maintenant être mis sur la mise en œuvre.

Le PPE et Renew sont en faveur d’une meilleure application et d’une simplification de la règlementation.

Gestion de la migration

Renew et S&D soulignent l’importance d’une approche humaine de la politique migratoire de l’UE, avec de nouvelles voies légales, notamment pour s’assurer que la main-d’œuvre qualifiée atteigne le continent. Ils rejettent toute externalisation des procédures d’asile, comme cela a été envisagé par certains ces derniers mois.

À l’inverse, le PPE cherche à conclure de nouveaux accords migratoires avec le Mali, le Niger, le Tchad, le Nigeria et l’Éthiopie. Il souhaite également qu’une nouvelle législation pour accélérer les retours soit proposée.

Renew et le PPE appellent tous deux au renforcement de l’agence européenne des gardes-côtes et des gares-frontières (Frontex).

L’UE signe un partenariat d'un milliard d'euros avec l’Égypte pour endiguer les flux migratoires

La Commission européenne a signé, samedi (29 juin), un accord d’assistance macro-financière d’un milliard d’euros avec l’Égypte, dans le cadre d’un programme de financement convenu précédemment pour aider le Caire à poursuivre des réformes économiques substantielles.

[Édité par Anne-Sophie Gayet]

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