Matteo Salvini risque six ans de prison pour avoir refusé le débarquement d’exilés à Lampedusa en 2019 

Matteo Salvini, leader de la Lega, parle du résultat des élections européennes au siège de la Lega à la via Bellerio, Milan, Italie, 10 juin 2024. [EPA-EFE/MATTEO CORNER]

Le vice-premier ministre italien et leader de la Lega, Matteo Salvini, risque six ans de prison. Il est accusé d’enlèvement et de négligence pour avoir empêché le navire de l’ONG Open Arms d’accoster à Lampedusa en 2019.

Le parquet de Palerme a requis cette peine à l’encontre de Matteo Salvini, également ministre des Transports du pays.

« Six ans de prison pour avoir empêché des débarquements et défendu l’Italie et les Italiens ? C’est de la folie. Défendre l’Italie n’est pas un crime et je ne céderai jamais », a déclaré l’accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, tandis qu’il présentera sa défense le 18 octobre.

Les accusations portées à l’encontre de Matteo Salvini concernent sa décision, en tant que ministre de l’Intérieur en août 2019, de refuser au navire de l’ONG espagnole Open Arms l’autorisation de débarquer 147 exilés secourus en mer dans le port de Lampedusa, laissant le navire bloqué en mer pendant 19 jours.

En tant que ministre de l’Intérieur, il a imposé une politique de « ports fermés », en vertu de laquelle l’Italie a refusé l’entrée aux navires de bénévoles qui secouraient les exilés en détresse en Méditerranée. Il a souvent accusé les organisations humanitaires de faciliter indirectement la traite des êtres humains.

L’accusation, qui a présenté son dossier en l’absence de l’accusé, a cité les conventions internationales et a fait valoir que la protection des frontières — principale défense de Matteo Salvini — ne pouvait pas faire fi des droits humains. Elle a également souligné que les personnes à bord n’étaient pas en danger et que le navire opérait dans le respect de la loi.

La Première ministre italienne, Giorgia Meloni, a exprimé son soutien sans faille à son allié gouvernemental en soulignant que « transformer en crime le devoir de protéger les frontières de l’Italie contre l’immigration illégale crée un dangereux précédent ». « J’offre mon entière solidarité au ministre Salvini », a-t-elle appuyé.

La figure de proue du Rassemblement national français, Marine Le Pen, s’est également rangée de son côté : « Pour avoir voulu mettre fin au trafic de migrants et protéger les frontières italiennes quand il était ministre de l’intérieur, @matteosalvinimi subit un véritable harcèlement judiciaire visant à le faire taire. Le procès et la peine de 6 ans requise à son encontre est d’une extrême gravité alors que la submersion migratoire s’accentue partout en Europe. Nous sommes solidaires et plus que jamais à tes côtés Matteo ».

Même le milliardaire et propriétaire de X, Elon Musk, s’est prononcé en faveur de Matteo Salvini, en tweetant : « C’est ce procureur fou qui devrait aller en prison pour six ans. C’est de la folie ».

Pendant ce temps, les partis d’opposition en Italie ont été très critiques, reprochant vivement à Giorgia Meloni son soutien à Matteo Salvini.

« J’ai trouvé l’intervention de la Première ministre Giorgia Meloni très inappropriée, car nous pensons que les pouvoirs exécutif et judiciaire doivent rester séparés et indépendants », a réagi Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate (PD, Alliance progressiste des socialistes et démocrates, S&D).

D’autres dirigeants de gauche, dont le secrétaire de l’Alleanza Verdi e Sinistra, Nicola Fratoianni, ont également condamné les commentaires de la Première ministre italienne.

Il ne s’agit « pas d’un procès politique, ni d’un procès contre l’Italie, mais simplement d’un procès contre quelqu’un qui a pris 147 personnes en otage. Si cela a été fait à des fins politiques, c’est d’autant plus grave », a-t-il commenté.

Inscrivez-vous à notre newsletter

S'inscrire