Le parti allemand CDU fait pression sur Bruxelles pour financer les clôtures aux frontières grecques et polonaises

Des agents de la police des frontières grecque patrouillent le long de la clôture en acier près de la rivière Evros entre la Grèce et la Turquie afin d'empêcher l'entrée illégale de migrants sans autorisation. [(Nicolas Economou/NurPhoto via Getty Images)]

Le parti allemand de centre droit CDU (parti populaire européen) a exhorté la Commission européenne présidée par Ursula von der Leyen — elle-même membre de la CDU — à financer des clôtures aux frontières de la Grèce et de la Pologne, alors que les nouveaux contrôles aux frontières allemandes augmentent la pression sur les pays de première entrée.

L’Allemagne a réintroduit des mesures visant à expulser davantage de demandeurs d’asile vers les États membres de l’Union européenne (UE) où ils ont été enregistrés pour la première fois, qui se situent généralement dans des pays limitrophes de pays tiers comme la Grèce.

La Grèce a notamment demandé, entre autres efforts, un financement de l’UE pour construire une clôture à sa frontière extérieure avec la Turquie. 

Alors que la Commission a indiqué à Euractiv que les États membres de l’UE étaient responsables de leurs fortifications frontalières, la CDU, principal parti d’opposition allemand, s’est depuis prononcée contre cette décision et a appelé la Commission d’Ursula von der Leyen à davantage de soutien communautaire. 

« J’attends du gouvernement fédéral et de la Commission européenne qu’ils s’assurent que nous n’abandonnons pas les États situés aux frontières extérieures, comme la Pologne et la Grèce », a confié à Euractiv Alexander Throm, député responsable des affaires intérieures au sein de la CDU.  

« C’est une tâche qui nous concerne tous. Et quiconque veut des frontières sûres doit également s’engager à fortifier les frontières », a-t-il ajouté. 

Cela inclurait le soutien à la « protection structurelle et technique des frontières là où c’est nécessaire »

La Commission a toutefois suggéré qu’une approche commune de l’UE devrait se concentrer sur des « solutions intelligentes », telles que les systèmes de surveillance, plutôt que sur des clôtures. 

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Malgré une répression unilatérale à ses frontières, l’Allemagne reste critique à l’égard de nouvelles mesures européennes visant à contrôler l’immigration irrégulière, mais pourrait être ouverte à un’externalisation des procédures d’asile.

L’Allemagne reste sceptique quant au financement commun 

Les fortifications frontalières financées conjointement restent une question sensible, car le gouvernement allemand de centre gauche, relativement frugal, a déjà rejeté l’idée d’un financement communautaire pour la protection des frontières. 

La Pologne étant cependant confrontée à une recrudescence de l’immigration clandestine à sa frontière avec la Biélorussie, le pays — et les États baltes — ont également plaidé en faveur d’un renforcement militaire des frontières financé par l’UE lors du dernier sommet des dirigeants de l’UE en juin. 

Or, pour le chancelier allemand Olaf Scholz (SPD/S&D), une protection des frontières financée par l’UE reviendrait à « refinancer les efforts de défense nationale par le biais de voies de financement européennes ». 

Ce dernier a également indiqué que l’agence européenne de protection des frontières Frontex était une source existante de protection non défensive. 

Mais le soutien de la CDU à un financement commun étant de plus en plus important, la pression sur la Commission s’accroît. Le parti est actuellement en tête des sondages et son leader, Friedrich Merz, est en pole position pour remporter la chancellerie lors des élections nationales l’année prochaine.

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Le débat sur l’immigration s’est rouvert en Europe, puisque l’Allemagne se prépare à augmenter le nombre de demandeurs d’asile qu’elle renvoie dans leur pays d’arrivée et la Grèce prévoit de soulever la question lors d’un sommet le mois prochain.

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