La Grèce menace de bloquer le TTIP sur les indications géographiques

Manifestation anti-TTIP. [flickr.com/photos/wdm/1465822067…]

Le gouvernement grec veut mettre son veto au TTIP si l’accord n’offre pas de protection pour les indications d’origine de certains produits agricoles.

Selon un document du ministère grec de l’Économie obtenu par EURACTIV, Athènes n’est pas très optimiste quant à la viabilité du partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement (TTIP), en cours de négociation entre Bruxelles et Washington, même si le pays tente toujours de trouver une solution acceptable pour tous.

« Il n’y a aucune preuve qu’il sera possible de conclure l’accord, étant donné que les États-Unis ne sont pas disposés à faire des concessions nécessaires à la finalisation du traité dans des domaines comme les marchés publics et les services d’expédition », lit-on dans le document.

La Grèce est particulièrement inquiète de l’impact possible du TTIP sur l’agriculture, et surtout sur les indications géographiques.

Point d’achoppement

Lors d’une interview récente avec EURACTIV, Tom Vilsack, ministre américain à l’Agriculture, a admis que les indications géographiques n’étaient « pas une question facile » dans le cadre du TTIP.

>> Lire : La protection des indications géographiques dans le TTIP «n’est pas facile»

« Ce n’est pas facile, c’est un sujet qui demande beaucoup de travail et une réflexion créative afin de trouver une solution qui protège les uns sans exclure les autres », a-t-il indiqué.

Selon le document du ministère de l’Économie, la Grèce ne validera pas un accord qui n’offre pas une protection renforcée aux indications géographiques.

« Nous avons demandé à la Commission européenne de ne pas laisser cette question importante pour la Grèce aux étapes finales des négociations, quand il n’y aura plus de marge de manœuvre », précise-t-il, ajoutant que le pays n’accepterait pas que le TTIP entraine la classification des principaux produits agricoles comme « génériques », ce qui ne les protègerait pas assez.

Le ministère grec de l’Économie rappelle qu’une production agricole de qualité donne de la valeur aux communautés locales, soutient le développement rural et la promotion de nouvelles possibilités d’emploi dans la production, le traitement et d’autres services.

« La libéralisation du marché ne peut se faire au détriment de la production agricole ou de la protection de l’environnement et des consommateurs, et ne peut faire passer les intérêts des entreprises avant ceux des citoyens », défend le ministère.

Protéger la feta

Selon les informations obtenues par EURACTIV, Athènes s’inquiète surtout pour son fromage le plus connu, la feta, essentiel pour le secteur agricole, et particulièrement l’élevage, du pays et qui bénéficie d’une appellation d’origine protégée.

Un représentant grec a expliqué que le bétail était un élément crucial de la planification du développement du secteur agricole pour l’emploi, la croissance et les PME.

« La feta devrait vraiment être protégée d’une concurrence déloyale », assure-t-il, ajoutant que le nom du fromage avait déjà été utilisé de manière abusive par des entreprises dans des pays tiers.

Le représentant estime que la demande de feta dans le monde était énorme, ce qui lui donne un grand potentiel de développement dans le pays.

Augmentation des exportations agricoles

Selon une étude commandée par la chambre américaine de commerce à l’UE et réalisée par l’institut du commerce mondial, le TTIP devrait entrainer une augmentation permanente du PIB grec de 0,4 % et une hausse de 13 % des exportations vers les États-Unis.

Les secteurs de l’agriculture, de la foresterie et de la pêche devraient augmenter leurs exportations de 81 millions d’euros et celui des aliments transformés de 99 millions d’euros. L’emploi dans le secteur agricole devrait également connaitre une hausse de 0,4 %.

Transparence

Le ministère de l’Économie a par ailleurs répété sa position en ce qui concerne la transparence des négociations. « Le processus de négociation ne donne pas aux États membres la possibilité de formuler leurs positions. Ils sont informés de l’avancée des négociations par la Commission et n’ont pas un accès direct aux textes consolidés hors des salles de lecture spéciales, dont l’accès est particulièrement strict », poursuivent en effet les auteurs du document, qui soulignent qu’Athènes s’oppose à un accord accéléré.

>> Lire : Athènes veut que les parlements nationaux ratifient le TTIP

« L’accord du TTIP ne sera pas validé s’il ne permet pas la défense et la promotion des principes fondamentaux de l’union et n’est pas réciproque », précise le document.

Contacté par EURACTIV, Makarios Lazaridis, le responsable du service de presse du principal parti d’opposition, Nouvelle Démocratie, a insisté sur le fait que le TTIP pourrait contribuer à la croissance économique et à la compétitivité, mais a également souligné le problème de la transparence.

« Les négociations devraient se dérouler dans la plus grande transparence et grâce à une consultation adéquate, afin d’éviter les malentendus et de pouvoir gérer promptement toute difficulté ou tout point problématique de l’accord », a-t-il déclaré.

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