La France critique l’état d’esprit des Etats-Unis, mais aussi le paradoxe entre COP21 et TTIP.
Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a assuré mardi sur Europe 1 que l’arrêt des négociations sur le traité de libre-échange transatlantique (Tafta ou TTIP) est aujourd’hui « option la plus probable », en raison de « l’état d’esprit des Etats-Unis ».
Cette prise de position intervient au lendemain de la publication par Greenpeace de 248 pages de documents prouvant, aux yeux de l’ONG, l’étendue des conséquences néfastes sur la santé et l’environnement.
« C’est un accord, qui, tel qu’il est aujourd’hui est un mauvais accord. En l’Etat la France ne peut le signer » a déclaré Matthias Fekl.
L’Elysée soutient pourtant depuis le départ ces négociations, jugées cruciales pour l’économie européenne. Mais dans un revirement stratégique, depuis début 2016, les critiques se sont nettement plus acerbes, et les coups de griffe du président se multiplient à l’encontre de l’accord commercial.
Le Premier mai, François Hollande a ainsi indiqué qu’il ne laisserait pas l’agriculture française être mise en difficulté.
« Nous sommes dans des négociations commerciales avec les Etats-Unis, c’est l’Europe qui les conduit (…), des négociations aussi avec le Mercosur, et nous devons défendre un certain nombre de principes, nous la France, et notamment les identifications de produits: faire en sorte que nous soyons extrêmement vigilants parce que c’est l’avenir de l’agriculture qui peut être en cause », avait-il ajouté.
COP 21 contre TTIP
« Sur le fond, nous souhaitons défendre nos PME, l’agriculture, l’environnement. Ça n’aurait aucun sens d’avoir fait la COP21 en décembre à Paris et quelques mois après, signer un accord qui viendrait la détricoter » a ajouté le secrétaire d’Etat au commerce extérieur mardi 3 mai au matin.
Les deux objectifs sont en effet contradictoires : accélérer les échanges sur grande distance tend à émettre beaucoup de Co2, tant le transport des marchandises est coûteux en énergie. Or les consommateurs ne veulent plus de ce modèle-là, notamment pour des raisons environnementales. La forte opposition au TTIP en Autriche et en Allemagne s’appuie notamment sur ce type d’arguments.
Matthias Fekl dénonce également l’absence de réciprocité des Etats-Unis dans ces négociations : « l’Europe donne beaucoup, propose beaucoup, elle reçoit très peu en échange et ce n’est pas acceptable. »
Les arrières- pensées électorales franco-françaises semblent assez présentes dans ce débat, principalement évoqué par des soutiens de François Hollande. Alors que les chances du TTIP d’aboutir sont désormais quasi-nulles, adopter la position de celui qui aura eu raison d’un traité inique pourrait permettre au candidat socialiste, au plus-bas dans les sondages, de regagner quelques crédibilité auprès de sa famille socialiste.