Avec plus de 1 000 salariés européens, l’Agence européenne des médicaments apportera des bénéfices économiques considérables à la ville qui l’accueillera. Athènes et Milan se sont lancés dans la bataille.
Une vingtaine d’États membres ont exprimé leur souhait d’accueillir l’Agence européenne des médicaments (AEM), qui quitte Londres dans le cadre du Brexit. La compétition s’annonce rude.
Signe de confiance
La Grèce assure offrir une candidature attirante et complète. Rena Dourou, gouverneure de la région de l’Attique, coordonne la candidature du pays en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères. Elle a indiqué à Euractiv que choisir la Grèce garantirait une transition sans interruption des travaux de l’agence.
« Notre offre peut assurer que les opérations de l’agence continuent de tourner, afin que le fonctionnement du marché des médicaments ne soit pas perturbé et qu’il n’y ait pas d’impact négatif sur la santé des citoyens », a-t-elle déclaré, ajoutant que « les besoins du personnel de l’agence et des familles seront couverts ».
Outre les critères « objectifs », Rena Dourou souligne que l’environnement d’Athènes représente une plus-value. « C’est un environnement parfaitement adapté à tous les niveaux : accès au marché du travail, établissements scolaires internationaux, climat doux, accessibilité confortable, sécurité », liste-t-elle.
Elle estime que le choix d’Athènes confirmerait le changement positif qui a lieu en Grèce. « Ce serait une très bonne nouvelle, non seulement pour le secteur pharmaceutique, qui une importance stratégique dans notre pays, mais pour l’économie nationale dans son ensemble », assure-t-elle, soulignant que ce serait également un nouveau signe de la croissance de l’économie, et donc « une bonne nouvelle pour l’Europe également ».
Selon Georgios Katrougalos, le ministre adjoint aux Affaires étrangères, le secteur pharmaceutique a survécu à la crise. « Notre gouvernement considère les médicaments comme un bien social et nous estimons que cette attitude générale est importante pour l’Europe », a-t-il déclaré à Euractiv.
Dépasser les égoïsmes nationaux
La question de l’équilibre géographique a cependant été soulevée par des États d’Europe centrale et de l’est ayant intégré l’UE plus récemment et qui n’accueillent encore aucune agence européenne. La Commission a indiqué que l’évaluation des candidatures sera fondée à la fois sur les critères dits « objectifs » et sur l’équilibre géographique.
Rena Dourou explique que le choix ne sera pas fondé sur la quantité des critères, mais sur leur qualité. « Cela dépasse les égoïsmes nationaux et concerne l’avenir de l’intégration européenne comme avenir de la cohésion des sociétés européennes », fait-elle remarquer.
Synergies italiennes
Paolo Gentiloni, le Premier ministre italien, estime que le déménagement de l’AEM à Milan serait une occasion en or pour tout le pays. Lors d’un événement de lancement de la candidature italienne, cette semaine, il a insisté sur son caractère « très concurrentiel ».
Le gouvernement italien soutient pleinement les ambitions de la capitale lombarde, qui a toutes les cartes en mains pour gagner la course à l’agence, selon Paolo Gentiloni. « Nous présenterons un dossier attractif à ‘Europe, en apportant des valeurs et solutions intelligentes pour le secteur », a-t-il insisté.
« Nous avons fait du très bon boulot. Aujourd’hui, nous avons une occasion en or pour le pays, pour la Lombardie et pour Milan. Nous savons que la concurrence tourne de plus en plus autour de l’excellence, et cela signifie la capacité à attirer des emplois et des entreprises », a-t-il continué lors de l’événement, qui se déroulait à Milan.
Le Premier ministre assure que si Milan est choisie, l’agence pourra déménager sans que cela ne perturbe ses travaux et assure qu’il existera des « synergies » avec l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA), qui siège à Parme.
Il appelle l’UE à se concentrer sur la qualité des candidatures, et non sur le « rééquilibre géographique », et souligne que « l’Italie veut vraiment accueillir l’agence ».
Concurrence féroce
Enzo Moavero Milanesi, responsable de la candidature italienne, indique que la décision sera révélée en novembre et que l’Italie lui offre les mêmes avantages fiscaux qu’à l’EFSA, à Parme, et qu’à la Fondation européenne pour la formation (ETF), à Turin.
Giuseppe Sala, le maire milanais, espère quant à lui que le gouvernement et le Premier ministre « se battront comme des lions » pour défendre sa candidature, estimant que « l’Italie est parfois trop timide, nous ne réalisons pas notre propre valeur ».
Le président de la région, Roberto Maroni, a pour sa part assuré que la Lombardie était prête à relever le défi de l’accueil de l’AEM et que la tour Pirelli, un des gratte-ciels de la ville, avait été mise à la disposition de l’agence.