Le ministre néerlandais des Finances, Jeroen Dijsselbloem, s’apprête à avoir une discussion avec ses collègues de la zone euro à propos de son mandat de président de l’Eurogroupe, au lendemain de la défaite électorale de son parti aux Pays-Bas.
Malgré la défaite de son parti aux dernières élections des Pays-Bas, Jeroen Dijsselbloem ne semble pas vouloir quitter son poste, affirmant qu’il a la « responsabilité » de conclure son mandat.
Son Parti travailliste a perdu 29 sièges et sauvé seulement neuf députés à l’issue des élections du 15 mars. Après une telle défaite, il n’a que de « très faibles chances » de rester ministre des Finances, a-t-il admis après la réunion de l’Eurogroupe en début de semaine.
Fin de mandat
Il pourrait être forcé à quitter son poste avant la fin de son mandat de deux ans et demi, en janvier 2018. En effet, le règlement intérieur de l’Eurogroupe stipule que les « candidats au poste de président doivent être ministre des Finances au niveau national ».
Questionné par les journalistes, le ministre a répondu qu’il s’entretiendrait avec ses collègues « un à un » pour savoir « comment ils envisagent cette situation et l’avenir de la présidence de l’Eurogroupe ».
Jeroen Dijsselbloem a cependant indiqué qu’il avait l’intention de rester à son poste aussi longtemps qu’il le pourrait, précisant que la formation d’un nouveau gouvernement de coalition à La Haye « pourrait prendre quelques mois ».
C’est pourquoi « il est trop tôt pour dire » s’il y aura un intervalle entre le moment où un nouveau gouvernement néerlandais sera mis en place et la fin de son mandat en tant que chef de l’Eurogroupe. Si cela venait à se produire, il serait du ressort des ministres de décider quelles solutions ils veulent poursuivre, a-t-il déclaré.
Candidats potentiels
Ses collègues de l’Eurogroupe, comprenant de potentiels candidats pour le poste, ont préféré, du moins pour l’instant, repousser la discussion. « Jeroen Dijsselbloem est le président de l’Eurogroupe. Il sera président cette fois. Et il le sera certainement encore la prochaine fois », a précisé le ministre français des finances, Michel Sapin.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a souligné que Jeroen Dijsselbloem était un « bon » président, indiquant que son mandat valait jusqu’en 2018. Le ministre autrichien des Finances, Jörg Schelling, a également exprimé son soutien.
Certains de ses collègues ont salué la capacité du ministre néerlandais à gérer des dossiers difficiles, tels que celui du programme de sauvetage financier grec.
Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques, l’a aussi décrit comme un « très bon président ». Il est « extrêmement compétent et extrêmement apprécié par ses collègues ». Sa contribution est « importante et précieuse », notamment dans le cas de la Grèce, a ajouté le commissaire français.
Luis de Guindos, favori?
Le ministre espagnol de l’Économie, Luis de Guindos, qui est l’un des favoris pour lui succéder, s’est pour l’instant exprimé de manière prudente. « En principe, je ne suis candidat à rien », a-t-il déclaré aux journalistes concernant sa place dans l’Eurogroupe. Luis de Guindos avait perdu contre le ministre néerlandais en juin 2015.
D’après des sources européennes, l’exigence d’être ministre au niveau national pour présider l’Eurogroupe ne s’appliquerait qu’aux candidats et non aux présidents dont le mandat est déjà entamé. Ces mêmes sources ont fait remarquer que les règles du fonctionnement de l’Eurogroupe pouvaient être modifiées par les ministres.
Légitimité électorale
Même si l’argument juridique pourrait jouer en la faveur de Jeroen Dijsselbloem, Luis de Guindos souligne qu’il y a un problème de « légitimité » après la défaite électorale. « C’est une question de légitimité et de bon sens, et je suis persuadé que Jeroen Dijsselbloem et tous les autres feront preuve de bon sens », a-t-il affirmé.
L’équilibre politique à la tête de l’UE pourrait bloquer l’avancée de Luis de Guindos vers la présidence et favoriser un autre candidat. Les dirigeants européens ont en effet déjà exprimé leur « mécontentement » concernant la concentration de postes de dirigeants européens dans les mains du Parti populaire européen (PPE).
À ce jour, les membres du PPE sont à la tête de la Commission européenne, du Parlement européen et du Conseil européen. Les socialistes ne contrôlent quant à eux que l’Eurogroupe et le bureau du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères, présidé par Federica Mogherini.
Dans ce contexte, Jeroen Dijsselbloem pourrait trouver de nouveaux arguments pour convaincre les ministres de ne pas le destituer de son poste. Sa présence est d’autant plus nécessaire au vu des difficultés liées au programme de sauvetage financier de la Grèce et, de manière plus générale, aux turbulences attendues pendant les négociations du Brexit.
Parmi les socialistes, un des noms cités pour remplacer le Néerlandais est celui du ministre slovaque des Finances, Peter Kažimír.