Une série d’eurodéputés socialistes cherchent des alternatives à la nomination de l’Allemand Udo Bullmann à la présidence du groupe, après la démission de Gianni Pittella.
Gianni Pittella, président du groupe des Socialistes et Démocrates (S&D) au Parlement européen, a démissionné le 7 mars, lors d’une réunion durant laquelle deux candidats ont exprimé leur souhait de le remplacer. L’Italien rentre dans son pays natal après avoir été élu au Sénat italien.
À ce jour, les deux candidats à la présidence du groupe sont la Belge Kathleen van Brempt et l’Allemand Udo Bullmann, actuel président par intérim. Les autres candidats potentiels ont jusqu’au 12 mars pour présenter leur candidature, selon les informations obtenues par Euractiv.
Si plusieurs sources insistent sur les qualités de meneur d’Udo Bullmann et sur la confiance dont il jouit, tout le monde n’en est pas convaincu. Il n’a d’ailleurs pas été suivi quand il a proposé que le groupe vote en faveur d’une proposition de la Commission de mettre la Tunisie sur la liste des pays nuisant aux intérêts financiers de l’UE, dans le cadre du financement du terrorisme.
« Udo Bullmann a aussi demandé un vote libre sur un amendement du GUE/GVN à la résolution sur les droits de l’Homme en Turquie […] il est surprenant qu’un président par intérim demande un vote exposant les divisions du groupe », estime une autre source.
Pas sûr cependant que le groupe vote contre lui si aucune autre candidature n’est soumise. Il semblerait que le profil de Kathleen van Brempt soit jugé « faible » au sein de la formation.
Les Italiens, Britanniques, Roumains, Portugais, Chypriotes, Bulgares, et sans doute la majorité des Espagnols et Grecs du groupe devraient pour leur part soutenir inéquivoquement l’eurodéputée Elena Valenciano du Partido Socialista Obrero Español (PSOE).
L’Espagnole ne jouit cependant pas des faveurs de son propre parti à Madrid, après s’être présentée contre son dirigeant actuel, Pedro Sánchez, lors des élections internes. « Je ne suis pas et ne serai pas candidate », a-t-elle donc déclaré.
Le PSOE estime d’ailleurs qu’il n’y a aucune nécessité de remplacer le président pour seulement une année, avant les prochaines élections européennes.
Vague allemande
Si Udo Bullmann devient le prochain président du S&D, les quatre principaux groupes politiques seront présidés par des Allemands : Manfred Weber du PPE, Gabriele Zimmer de la GUE/GVN et Ska Keller, coprésidente des Verts/ALE avec le Belge Philippe Lamberts.
Le secrétaire général du Parlement européen, Klaus Welle, est aussi allemand, tout comme Markus Winkler, directeur général de la présidence du Parlement européen.
Par ailleurs, la nomination de Martin Selmayr, également allemand et PPE, au secrétariat général de la Commission dans des conditions plus que douteuses est actuellement sous le feu des projecteurs.
Plusieurs membres du S&D tentent donc de trouver d’autres candidats, afin d’éviter cette uniformité au sein du Parlement.
« Une grande partie du soutien à mon éventuelle candidature était liée à la surreprésentation allemande », explique ainsi Elena Valenciano, qui souligne que certains craignent que « l’Allemagne répliquera sa grande coalition au Parlement européen ».
L’alliance entre le S&D et le PPE, les deux plus grands groupes du Parlement européen, a été abandonnée l’an dernier après une série de défaites électorales pour les socialistes dans toute l’Europe à cause de leurs liens avec les conservateurs. Autre facteur de la scission : la montée de l’euroscepticisme, embrassé par des électeurs qui estiment ne pas avoir de choix.
Udo Bullmann a assuré qu’il ne conclurait pas une grande coalition au Parlement, malgré la situation à Berlin. Cette déclaration n’a toutefois pas convaincu tout le monde.
Contactés par Euractiv, plusieurs membres de la délégation française au S&D n’ont pas souhaité commenter la situation. L’un d’eux a cependant indiqué que « nous sommes trop faibles pour défendre une alternative ».