En annonçant qu’il ne participerait pas à un débat sur la Grèce à Strasbourg, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a provoqué l’ire des élus, déjà échaudés par ses propos sur les pays du Sud.
Jeroen Dijsselbloem était déjà sous le feu des critiques pour avoir laissé entendre fin mars que les pays du Sud de l’Europe dilapidaient leur argent en « schnaps » et en « femmes ».
Il a maintenant suscité l’ire du président du Parlement européen Antonio Tajani et des eurodéputés en indiquant qu’il ne participerait pas à un débat prévu mardi à Strasbourg sur le programme d’ajustement économique de la Grèce.
« Question de courtoisie »
« Même si légalement [M. Dijsselbloem] n’est pas tenu d’assister à nos travaux, nous attendons d’une personne qui demande aux citoyens européens de faire d’énormes sacrifices de se sentir obligée de répondre à leurs représentants », a déclaré M. Tajani lors de l’ouverture de la session plénière du Parlement européen, estimant qu’il s’agissait d’une « simple question de courtoisie ».
Tajani a indiqué qu’il enverrait « une lettre officielle pour protester auprès du président de l’Eurogroupe, lui disant que le Parlement européen, à l’unanimité, n’accepte pas son attitude, venant d’une personne investie d’un rôle aussi important ».
Le président du groupe PPE (droite), Manfred Weber, a demandé la démission de M. Dijsselbloem, de même que la présidente du groupe de la GUE (extrême gauche), tandis que le président du groupe socialiste Gianni Pittella soulignait que le ministre des Finances néerlandais n’avait « pas la carrure et l’attitude nécessaires pour être président de l’Eurogroupe » et réclamait sa démission.
Pour Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts, cette attitude « fait partie des comportements qui sont à la source de l’insurrection d’un nombre de plus en plus grand de citoyens contre les institutions démocratiques ».
« Persona non grata »
L’eurodéputé français Alain Lamassoure a pour sa part carrément proposé de déclarer M. Dijsselbloem « persona non grata » au Parlement européen.
À la suite de la polémique suscitée par ses déclarations sur les pays d’Europe du Sud, Jeroen Dijsselbloem avait indiqué regretter ses propos, mais il avait exclu de démissionner.