Haut-Karabakh : Catherine Colonna dénonce « la complicité de la Russie » et appelle à une action diplomatique internationale

« L’abandon de l’Arménie par la Russie et la complicité de la Russie avec les opérations militaires engagées par l’Azerbaïdjan rendent encore plus nécessaire une action diplomatique internationale », a estimé la ministre. [Shutterstock/lev radin]

La France a « besoin » de davantage de soutien international et européen pour la préservation de l’intégrité territoriale de l’Arménie et la protection des populations déplacées du Haut-Karabakh, a indiqué mardi (26 septembre) la ministre française des Affaires étrangères.

« La France prendra, dans les jours qui viennent, des initiatives […] que ce soit à titre national, à titre bilatéral avec l’Arménie, aux Nations unies en qualité de membre permanent du Conseil de sécurité ou au sein de l’Union européenne », a annoncé mardi (26 septembre) la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna.

Elle était interrogée par des députés à l’Assemblée nationale, lors de la séance de questions au gouvernement, sur le sort des Arméniens fuyant le Haut-Karabakh après le déclenchement d’une opération militaire par l’Azerbaïdjan.

L’opération militaire azérie a provoqué un départ massif de personnes, près de 19 000, vers l’Arménie. « L’abandon de l’Arménie par la Russie et la complicité de la Russie avec les opérations militaires engagées par l’Azerbaïdjan rendent encore plus nécessaire une action diplomatique internationale », a estimé la ministre.

En 2020, la Russie avait soutenu un accord de cessez-le-feu qui avait permis un retour du calme. Depuis, elle déploie des « soldats de la paix », qui visiblement laissé faire l’Azerbaïdjan dans son offensive contre les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh.

De nombreux élus, notamment français, avaient déjà dénoncé, en fin de semaine dernière, la faiblesse de la réponse de Josep Borrel au nom de l’Union européenne, en s’émouvant de l’isolement de la France sur ce dossier. Une soixantaine d’eurodéputés de plusieurs pays et de plusieurs groupes ont d’ailleurs demandé au chef de la diplomatie européenne de prendre des sanctions contre le régime azéri.

Plus tôt dans la journée, interrogée sur la position européenne, la porte-parole du Quai d’Orsay l’avait jugée « claire », en indiquant que « les consultations se poursuivent avec nos partenaires européens ».

Sans pouvoir l’affirmer aussi explicitement, la ministre française a toutefois rappelé qu’ « aucun pays n’aide davantage l’Arménie que [la France] ».

Elle a aussi laissé entendre que la France attendait un plus grand engagement de l’Union européenne et de la communauté internationale sur ce conflit : « Aux côtés de la France, je souhaite que nous ayons l’Europe : plus encore elle doit prendre acte de cette réalité, agir avec nous pour l’intégrité territoriale de l’Arménie » et « préserver le droit des Arméniens du Haut-Karabakh à vivre en paix », a-t-elle déclaré.

En s’adressant aux députés, la ministre les a remerciés « d’encourager la diplomatie française à [soutenir l’Arménie] plus encore, pas seule, mais avec d’autres ».

La cheffe de la diplomatie française a aussi annoncé que la France renforcerait sa coopération de défense avec l’Arménie, que l’aide humanitaire française au pays passerait de 5 à 12 millions d’euros et qu’une antenne consulaire serait ouverte dans la région frontalière du Syunik entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

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