La guerre d’Israël contre le Hamas palestinien se poursuivra encore « de nombreux mois », a déclaré mardi (26 décembre) le chef d’état-major de l’armée israélienne, Herzi Halevi, lors d’une conférence de presse, tandis qu’une série d’incidents en dehors de la bande de Gaza a mis en évidence le risque de voir le conflit se propager.
« Les objectifs de cette guerre ne sont pas faciles à atteindre. La guerre durera encore de nombreux mois », a-t-il expliqué.
« Il n’y a pas de solution miracle, il n’y a pas de raccourci pour démanteler une organisation terroriste, il n’y a que des combats déterminés et persistants. Nous atteindrons les chefs du Hamas, que cela prenne une semaine ou des mois », a-t-il affirmé.
Depuis que le Hamas a tué 1 200 personnes et capturé 240 otages le 7 octobre, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, déterminé à détruire le groupe terroriste, a lancé une offensive de grande envergure. Malgré les appels internationaux un cessez-le-feu dans cette guerre qui dure depuis 11 semaines, une grande partie de la bande de Gaza, gouvernée par le Hamas, a été réduite à néant.
Les opérations israéliennes se sont intensifiées aux alentours de Noël, en particulier dans une zone située juste au sud de la voie d’eau saisonnière qui divise la bande en deux. L’armée israélienne a demandé aux civils de quitter la zone, mais beaucoup ont déclaré qu’il n’y avait plus d’endroit sûr où aller.
« Nous sommes extrêmement préoccupés par le bombardement continu du centre de Gaza par les forces israéliennes, qui a coûté la vie à plus de 100 Palestiniens depuis la veille de Noël », a déclaré mardi Seif Magango, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme.
« Les forces israéliennes doivent prendre toutes les mesures possibles pour protéger les civils. Les avertissements et les ordres d’évacuation ne les dispensent pas de l’ensemble de leurs obligations en matière de droit international humanitaire », a-t-il poursuivi.
Les autorités palestiniennes estiment que près de 21 000 personnes ont été tuées par les frappes israéliennes et que des milliers d’autres sont encore ensevelies sous les décombres et soutiennent que la quasi-totalité des 2,3 millions d’habitants de l’enclave a été déplacée.
Israël affirme faire ce qu’il peut pour protéger les civils et accuse le Hamas de les mettre en danger en opérant en leur sein, ce que le groupe nie. Mais même les États-Unis, le plus proche allié d’Israël, ont déclaré que Tel-Aviv devrait faire davantage pour réduire le nombre de civils tués dans le cadre de ce que le président Joe Biden qualifie de « bombardements aveugles ».
Une propagation du conflit ?
De plus en plus de signes indiquent que le conflit est en train de s’étendre à d’autres zones de la région.
Au Yémen, les Houtis, soutenus par l’Iran, ont revendiqué un tir de missiles mardi contre un navire commercial en mer Rouge, ainsi qu’une tentative d’attaque contre Israël au moyen de drones.
Depuis octobre, les Houtis multiplient les attaques contre les navires commerciaux ayant des liens avec Israël ou se rendant dans des ports israéliens à l’entrée de la mer Rouge, l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde. Ces attaques sont une réponse à l’assaut d’Israël sur Gaza, selon la milice.
Lundi (25 décembre), en Syrie, une frappe aérienne israélienne a tué un haut responsable du corps iranien des gardiens de la révolution islamique.
Mardi, dans le nord d’Israël, à la frontière avec le Liban, les autorités ont déclaré que le Hezbollah libanais avait tiré des missiles antichars sur une église, blessant neuf soldats israéliens et un civil, après quoi des roquettes ont été tirées à proximité d’une mosquée, entraînant des frappes aériennes en représailles.
En Inde, une explosion s’est produite près de l’ambassade d’Israël à New Delhi. Les autorités ont déclaré qu’aucun membre du personnel n’avait été blessé.
« Nous sommes dans une guerre sur plusieurs fronts et nous sommes attaqués sur sept terrains : Gaza, le Liban, la Syrie, la Judée et la Samarie [la Cisjordanie], l’Irak, le Yémen et l’Iran », a déclaré mardi le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, aux législateurs, en mentionnant six endroits où des militants soutenus par l’Iran sont actifs, en plus du territoire iranien.
« Nous avons déjà réagi et pris des mesures dans six de ces endroits », a-t-il précisé.
Mardi, le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, a rencontré le secrétaire d’État américain Antony Blinken et le conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan à Washington pour des entretiens sur la guerre et la libération des otages, a indiqué la Maison-Blanche.
Ces dernières semaines, les États-Unis ont ouvertement fait pression sur Israël pour qu’il réduise ses opérations à des attaques plus ciblées contre les dirigeants du Hamas. Malgré cela, Washington est toujours considéré dans la région comme un partisan d’Israël et les forces américaines ont été attaquées par des militants soutenus par l’Iran au Moyen-Orient.
L’armée américaine a notamment mené des frappes aériennes de représailles contre des militants du Kataeb Hezbollah en Irak lundi, après qu’une attaque de drone contre une base américaine à Erbil a laissé un membre des services américains dans un état critique et en a blessé deux autres.
[Édité par Anne-Sophie Gayet]